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« Quand beaucoup de petites personnes, dans beaucoup de petites localités, font beaucoup de petites choses, elles peuvent changer la face du monde. » C’est exactement l’idée que l’équipe masculine de handball du FC St. Pauli a suivi en tentant à la fois de planifier une finale de saison tout en faisant quelque chose de bien. C’est ainsi que les Hambourgeois ont entamé leur voyage au Rwanda. Qu’y ont-ils vécu et réalisé ? Pourquoi le Rwanda et qu’est-ce que le Rwanda a vraiment à voir avec le français ? Et quel lien avec les gorilles ? Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans cet article.

Le Rwanda est un pays d’Afrique orientale enclavé et densément peuplé. En raison de son paysage vallonné, le Rwanda est aussi appelé „le pays aux mille collines“. Sur le territoire national, le principal bassin hydrographique africain s’étend entre les bassins du Nil et du Congo. De 1884 à 1916, le Rwanda a été une colonie allemande faisant partie de l’Afrique orientale allemande. Après la Première Guerre mondiale, il passa sous mandat belge de la Société des nations en 1919 et, après 1945, devint un territoire sous tutelle de l’ONU. En 1962, le pays est devenu indépendant.

En raison notamment d’une forte densité de population et de conflits entre les groupes ethniques des Hutus et des Tutsi – qui ont conduit au génocide des Tutsi en 1994 – le pays était l’un des plus pauvres d’Afrique.

Au Rwanda vit pourtant un peuple avec une langue et une culture communes. La langue maternelle de presque tous les Rwandais est la langue bantoue Kinyarwanda : 88% des habitants ne parlent que cette langue. Les autres langues officielles sont le français (depuis le mandat belge) et, depuis 1994, l’anglais, introduit principalement par le retour de réfugiés de longue date de Tanzanie et d’Ouganda. Dans les grands centres commerciaux, on parle également le swahili, qui est également une langue bantoue et n’est apprise qu’en tant que langue étrangère au Rwanda. En octobre 2008, le gouvernement a déclaré que dans les années à venir, l’éducation rwandaise devait se concentrer sur le français et l’anglais, et cela a été mis en œuvre dès 2009. Par exemple, les examens et les cours ont lieu en anglais. L’objectif est de lier politiquement et économiquement le pays à l’Afrique de l’Est.

Les puissances coloniales, d’abord les Allemands, puis les Belges, ont décidé de gouverner de manière indirecte et n’ont pas voulu créer leur propre appareil administratif. Au départ, ils ont soutenu les élites dirigeantes des Tutsis et ont essayé de les utiliser à leurs propres fins. Les puissances coloniales ont défini les catégories sociales „Hutu“, „Tutsi“ et „Twa“ comme des „tribus“, différenciées selon des critères économiques et des critères raciaux en termes d’apparence et de caractère présumés. Les Tutsi ennoblis étaient privilégiés dans le système de gouvernement colonial : ils ont facilement adopté une théorie qui prouvait leur supériorité supposée par le passé.

En 1934/1935, un recensement a été effectué par le pouvoir colonial belge. L’appartenance aux Tutsi ou aux Hutu a été définie par le nombre de têtes de bétail que la personne possédait. Toutes les familles comptant plus de dix têtes de bétail étaient Tutsi, toutes les familles avec moins de bétail étaient Hutu. Quiconque n’avait pas de bétail était classé comme Twa. Les puissances coloniales ont d’abord préféré négocier avec les Tutsi plus riches, qui comprenaient la famille royale et les élites traditionnelles. En 1939, les colonialistes belges ont fait inscrire cette identité ethnique sur la carte d’identité des habitants. La politique coloniale obligeait la population à payer et imposait le travail forcé ; les Tutsi étaient chargés de collecter. Tout cela a conduit à de l’insatisfaction et les problèmes devinrent de plus en plus nombreux, car les Tutsi exprimaient leurs propres idées et ne souhaitaient pas appliquer toutes les spécifications du pouvoir colonial belge. Lorsque les Hutu ont pris le pouvoir en 1959, ils ont instrumentalisé la ségrégation ethnique pour créer une sorte d’apartheid noir. Ils ont adopté l’idéologie raciste des Européens et ont commencé à traiter les Tutsi comme des étrangers qui auraient immigré au Rwanda.

Avant les premiers massacres, les expulsions et la première vague d’exode tutsi en 1994, leur part était estimée à 12-13%. Le génocide a tué au moins trois quarts, peut-être plus de 90% des Tutsis basés au Rwanda. En raison du retour d’un grand nombre de Tutsis en exil peu de temps après, les Tutsi représentent encore aujourd’hui beaucoup plus que les 1 à 3% prévus de la population. Les chiffres récents sur l’origine ethnique sont difficilement accessibles.

Depuis la fin de la guerre civile, un processus de reprise économique a été engagé, favorisé en partie par l’exploitation de matières premières dans les provinces de l’est du Congo. Depuis 2000, Paul Kagame est président et dirige le pays de manière autoritaire dans une sorte de dictature de l’éducation et du développement. Le système gouvernemental est critiqué à l’échelle internationale pour son manque de liberté de la presse, la suppression de l’opposition, la manipulation des élections et la déstabilisation de l’est du Congo.

C’est cette région-là qui est devenue la destination des joueurs de handball du FC St. Pauli. L’idée est née en 2016 lors de la planification de la finale de la saison, qui devait être quelque chose de très spécial. Une fois que la recherche a été terminée, le plan était de soutenir et de planifier un voyage de sept jours au Rwanda et une visite au Handball Club « Gorilles », basé à Kigali, afin de voir comment ce club fonctionne. En 2017, l’aventure a commencé pour les 15 joueurs du club de handball du FC St. Pauli qui se sont envolés pour Kigali. Lors de cette semaine, les joueurs ont été marqués par de nouvelles impressions et expériences : les matches de handball contre des adversaires motivés et bien entraînés, un terrain vierge avec un sol en béton, une altitude de plus de 1600 mètres et des conditions de vie qui ont beaucoup impressionné les joueurs de Hambourg. De retour en Allemagne, l’équipe a voulu continuer à soutenir le club de handball par des visites mutuelles, la fourniture de matériel de formation, par des échanges de contenus de formation via des vidéos, ainsi que par la distribution d’eau.

« Le Rwanda est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique de l’Est, l’accès libre à l’eau potable n’est pas facile et représente dans la plupart des cas beaucoup de temps. Nous avons le privilège de simplement ouvrir le robinet et d’avoir de l’eau. L’erreur de verser de l’eau d’une bouteille sur sa tête pour se rafraîchir devant les nombreux enfants sur un terrain de sport est quelque chose que vous ne faites qu’une fois en Afrique ! L’eau étant une condition essentielle à l’activité physique, nous avons décidé d’aller plus loin lors de notre prochaine action. » (Never Play Alone St. Pauli E.V)

Voilà l’idée. Petit à petit, les hommes apprennent à quel point l’organisation et la planification s’avère complexe : le projet d’approvisionnement en eau surtout pose de nombreux obstacles et défis. Ils ont donc fondé une association : Never play alone St.Pauli E.V. et commencent à prendre des mesures et à collecter des fonds pour leur projet. Des maillots, des collectes de fonds, des soirées caritatives et même une marque de bière Überquell ont été spécialement conçues pour que le projet atteigne son objectif. Avec succès ! 50.000 Euros ont déjà été collectés et l’objectif de 85 000 euros est à portée de main !

Cet article a été rédigé par M., étudiante de l’Université de Hambourg.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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