Avez-vous entendu la chanson « Papillon » de Lara Fabian que nous avons mise sur le blog dans la série « Chanson de la semaine » ? Et avez-vous remarqué des structures d’interrogation qui vous ont semblé un peu bizarres ? Alors, en route pour un petit rappel sur l’interrogation complexe.

L‘ emploi de l’interrogation complexe

Lara Fabian emploie l’interrogation complexe quand elle chante les lignes suivantes:

« Quelqu’un m’entendra-t-il […] Quelqu’un me verra-t-il […] Quelqu’un attendra-t-il »

On trouve l’interrogation complexe surtout dans la langue écrite ou dans des contextes formels. À l’oral, vous la rencontrez par exemple dans les médias, y compris les interviews ; de même dans l’enseignement ou si on souhaite s’adresser à quelqu’un de manière formelle. En utilisant ce type d’interrogation, vous montrez que vous maîtrisez un niveau de language soutenu. C’est donc le moyen idéal pour impressionner vos professeurs, alors n’hésitez pas 🙂

La formation de l’interrogation complexe

À la base de l’interrogation complexe se trouve l’inversion simple que vous connaissez déjà sûrement – mais pour vous rafraîchir la mémoire, voilà une petite digression sur l’interrogation par inversion.

L’interrogation par inversion

Une phrase interrogative est appelée ainsi puisqu’elle inverse le verbe et le sujet de la phrase déclarative. Comparez :

Nous aimons apprendre le français sur le blog „Perspectives Francophones“ .
Aimons nous apprendre le français sur le blog „Perspectives Francophones“ ?

Dans l’inversion, notez bien que le pronom sujet doit être attaché au verbe par un trait d’union.

Mais bien sûr, comme chaque règle a ses exceptions, on en trouve une aussi pour l’inversion. Regardez les phrases suivantes:

Peuton améliorer son français pendant un stage en France ?
A-t-il amélioré son français pendant son stage en France ?

Comme vous l’avez certainement remarqué dans la deuxième phrase, un « t » est ajouté entre le verbe et le sujet. Effectivement, c’est le cas à la 3ème personne du singulier (il, elle, on) quand le verbe (ou bien l’auxiliaire) se termine par une voyelle. En ajoutant ce petit « t » , on rend la prononciation de la phrase plus facile. Si vous essayez de prononcer la phrase en haut d’abord avec « t » et après sans « t », vous remarquerez la différence, et désormais, vous n’oublierez sûrement plus d’ajouter le -t- !

Notez bien que l’inversion à la 1ère personne du singulier (je) n’est pas très courante, mais reste très chic ! On l’emploie donc parfois de manière ironique, pour exagérer le caractère recherché de son expression. Aujourd’hui, l’inversion avec je ne s’utilise guère qu’avec les auxiliaires et les verbes de modalité : Puis-je ouvrir la fenêtre ? Dois-je aller vous chercher ?

Voilà, notre révision rapide de l’inversion est terminée – et rassurez-vous : si vous la maîtrisez bien, l’interrogation complexe s’avérera être un jeu d’enfant pour vous aussi ! Bonne chance !

L’interrogation complexe

Ceux et celles qui ont lu l’article jusqu’ici attentivement ont sûrement remarqué que tout nos exemples ne contenaient que des pronoms personnels et aucun substantif. Une raison à cela : l’interrogation par inversion ne s’utilise pas avec un substantif employé comme sujet. C’est donc l’interrogation complexe qui remplace l’inversion simple quand on veut poser des questions avec des substantifs. Pour mieux comprendre la formation de ce type d’interrogation, regardez d’abord les exemples suivants :

La fille va au cours de français cet après-midi.

La fille va-t-elle au cours de français cet après-midi.

En français, il n’est donc pas possible d’inverser le verbe et le sujet quand ce dernier est un substantif. Pour pouvoir former une interrogation par inversion quand même, les Francophones se servent d’un truc : ils laissent le substantif à sa place devant le verbe, mais ils le reprennent juste après le verbe (ou bien l’auxiliaire) par le pronom personnel sujet qui lui correspond. Les règles de l’inversion restent les mêmes (le trait d’union et l’insertion du « t » ). Tout ceci fonctionne aussi quand on veut poser des questions avec des mots interrogatifs comme comment, pourquoi, où, quand ou combien (pourtant ce n’est pas le cas avec qui, que, quoi ou lequel/laquelle/lesquels/lesquelles). Regardons encore quelques exemples ensemble :

Pourquoi le professeur pose-t-il tant de questions ?

Comment l’étudiant a-t-il réussi pour apprendre la grammaire si rapidement ?

Depuis quand les femmes ontelles le droit d’aller voter en France ?

les gens peuventils aller pour pratiquer leur français ?

Si vous voulez vous entraîner à l’usage de l’interrogation complexe, nous avons préparé [quelques exercices] pour vous !