Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir ! *
Silence de mort – la cave voûtée m’entoure. Je peux entendre mes propres pas, des éclairages au plafond illuminent l’espace à la manière de bougies longues et brillantes. J’ai froid. Au-dessous de moi reposent 286 tombeaux, je frissonne. Mon regard se perd dans le vide, se dirige par terre vers les chambres funéraires bouchées par des simples plaques de grès. Les épitaphes furent conçues selon un motif de base quasiment uniforme – l’égalité des croyants face à la mort – l’égalité de tous. Je marche au-dessus d’eux jusqu’à ce que mon œil s’arrête sur une plaque avec l’inscription « Carl Philipp Emmanuel Bach repose avec sa femme et ses enfants ». La musique était la vie du musicien, compositeur, fils de Johann Sebastian Bach, qu’on appelle dans sa ville de Hambourg « Le petit Bach ». Un chœur de trombones résonne tout à coup et recouvre le silence du désespoir. Qu’il puisse lui aussi entendre la musique et suivre ces vers de Baudelaire :
La musique parfois me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume
ou dans un pur éther
Je mets à la voile ! *
Ressuscité – dans notre mémoire comme dans notre salle de musique !
*Charles Baudelaire, La Musique, extrait de Les Fleurs du mal.
Cet article a été rédigé par Tatjana Hoffeins, étudiante en Etudes francophones à l’Université de Hambourg.