De Gaulle et Adenauer
Photo: Steiner, Egon | Bundesarchiv, B 145 Bild-F011021-0002, CC-BY-SA 3.0 DE

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Dans le cadre d’un voyage officiel en Allemagne, le Président de la République française, le général Charles de Gaulle, est venu à Hambourg le 7 septembre 1962. Contrairement aux attentes, sa visite à Hambourg a été un grand succès et a fait partie d’un processus historique important.

Le « passé français » de Hambourg

En 1962, les Allemands responsables ont d’abord été très réservés sur le souhait de Charles de Gaulle de se rendre à Hambourg. La ville était traditionnellement anglophile et pas du tout francophile – surtout à cause de la « période française » de 1806 à 1814. Napoléon avait fait entrer son général Mortier dans Hambourg avec environ 3000 soldats. Cet événement avait été suivi par une période d’oppression et constitue donc un chapitre sombre de l’histoire de Hambourg.

Par conséquent, il y avait beaucoup de scepticisme avant la visite de de Gaulle et tous se demandaient comment la population réagirait à cette visite.

File:Bundesarchiv B 145 Bild-F013860-0004, Bonn, Staatsbesuch Präsident Charles de Gaulle.jpg
De Gaulle visite Bonn
Photo: Inconnu.e | Bundesarchiv, B 145 Bild-F013860-0004

De Gaulle à Hambourg – « Le miracle de Hambourg »

Le matin du 7 septembre 1962, Charles de Gaulle est arrivé à l’aéroport de Hambourg, où il a été accueilli par le maire Paul Nevermann. Son premier rendez-vous a eu lieu à la mairie et de Gaulle a signé le Livre d’Or de la ville. Une adresse publique à la population n’était pas prévue pendant le séjour du Président à Hambourg – et pourtant il y a eu une apparition devant environ 30.000 personnes. L’interprète du président de l’époque, Hermann Kusterer, décrit la situation à la mairie dans une interview : « Soudain des bruits forts sont apparus dans la rue et quelqu’un a dit : ‹ C’est impossible, c’est un miracle. › […] Et de Gaulle a remarqué qu’il y avait une grande foule rassemblée en bas criant : Vive de Gaulle ! Vive de Gaulle ! » Et qu’a fait de Gaulle ? Il est apparu à une fenêtre, les bras écartés et il a déclaré de sa voix forte, en allemand : « Es lebe Hamburg ! Es lebe Deutschland ! Es lebe unsere deutsch-französische Freundschaft ! »

Contrairement aux attentes, la population a réservé un accueil chaleureux et enthousiaste au Président français qui a fort apprécié cette journée. La visite à la mairie a été suivie de deux autres rendez-vous ce jour-là : à l’école de guerre allemande et à « l’Audimax » de l’Université de Hambourg.

Avant de parler aux soldats allemands à l’école de guerre allemande, de Gaulle a revêtu son uniforme de général. Son but était d’être perçu comme leur égal. Lui qui avait été dix ans plus tôt un farouche opposant au réarmement allemand faisait maintenant un discours devant les officiers de la Bundeswehr – un moment historique important. De Gaulle a encouragé une coopération militaire étendue entre la France et l’Allemagne en disant qu’elle était « essentielle à l’union de nos deux pays. Après tout, comme l’écrivait votre Zuckmayer : ‹ War es gestern unsere Pflicht, Feinde zu sein, ist es heute unser Recht, Brüder zu werden › ».

Peu après, lors de son discours à « l’Audimax » devant 1500 personnes du monde des affaires et de l’industrie, de Gaulle a également souligné la nécessité d’une alliance franco-allemande en disant que l’essentiel de son voyage était l’amitié entre la France et l’Allemagne. Il a aussi parlé de l’importance de la communauté européenne et de ses avantages pour d’autres pays aussi. Finalement, le Président français a remercié le public « du témoignage que vous avez bien voulu apporter aujourd’hui à l’amitié de la France et de l’Allemagne, par là même à l’unité de notre Europe et par là même à la liberté du monde. »

Jeter les bases du traité de l’Élysée

Pendant sa visite à Hambourg et tout son voyage en Allemagne, de Gaulle s’est préoccupé de surmonter l’histoire de la violence franco-allemande et d’encourager le rapprochement et l’amitié entre les deux pays – et donc entre les deux peuples. La ville anglophile de Hambourg, avec son accueil chaleureux du président français, est ainsi devenue l’un des lieux où les bases du traité de l’Élysée ont été jetées. Le 22 janvier 1963, quelques mois après la visite de de Gaulle en Allemagne, ce traité a été signé par Adenauer et de Gaulle. Les deux chefs de gouvernement ont accompli un grand pas vers la paix et la visite du président français à Hambourg peut être considérée une étape importante de ce processus.

Cet article a été rédigé par Kristina F., étudiante en Master de français et d’anglais à l’Université de Hambourg.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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