Nous continuons notre série avec un auteur-compositeur interprète, mais surtout « slameur » très connu en France : Grand Corps Malade. Comme une variété d’artistes en France et partout dans le monde, « GCM », lui aussi, s’inspire de la situation actuelle et l’intègre dans son œuvre musicale.
Grand Corps Malade, ou de son vrai nom Fabien Marsaud, est né le 31 juillet 1977 au Blanc Mesnil, dans le territoire périphérique de Paris. La vie scolaire et l’adolescence de GCM étaient beaucoup influencées par le sport, notamment le basket. À l’université, il passe un diplôme général en STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) et un diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en management sportif. C’est aussi à cette époque-là que se produit un accident qui inspire à Fabien Marsaud son futur nom de scène Grand Corps Malade : après un plongeons dans une piscine peu remplie et des vertèbres déplacées, il reste dans le coma pendant 3 mois et se réveille complètement paralysé. Il a finalement retrouvé l’usage de ses jambes en 1999, contrairement à ce que les médecins avaient prédit. « Grands Corps Malade » fait référence à cet handicap ainsi quà sa grande taille (il mesure 1,96 m ).
Son accident l’a conduit à chercher d’autres moyens d’expression et c’est en 2003 qu’il découvre le slam – une discipline artistique qui était en train de se développer en France les années précédentes. Pendant la période suivante, GCM a participé à de nombreuses scènes slam, en a animé d’autres et fondé son propre groupe de slam. À la fin de l’année 2005, on lui a offert d’habiller ses textes musicalement ce qui, par la suite, permit à GCM de se faire signer auprès d’un label musical. Son premier album est sorti en 2006, avec un succès immédiat qui rendit le genre du slam accessible à un plus grand public. GCM a même gagné deux Victoires de la musique en 2007. Son 5ème album paraîtra en septembre de cette année.
Dans cette chanson, intitulée « Effets secondaires », Grand Corps Malade nous parle de tous les effets secondaires et bénéfiques que la situation actuelle nous offre, malgré tout le mal qu’elle a de même apporté. GCM montre comment le virus nous a obligés à réviser nos modes de vie et notre société moderne. La chanson s’interroge aussi pour savoir s’il serait vraiment nécessaire ou souhaitable que nous retournions à la vie quotidienne, à la société que nous connaissions avant le virus. Peut-être que tout n’était pas si mauvais que ça pendant cette période de confinement et que certains aspects méritent d’être préservés et d’enrichir notre existence moderne ?
En ces temps confinés on s’est posés un peu
Loin des courses effrénées, on a ouvert les yeux
Sur cette époque troublée, ça fait du bien parfois
Se remettre à penser même si c’est pas par choix
Alors entre les cris d’enfants et le travail scolaire
Entre les masques et les gants, entre peur et colère
Voyant les dirigeants flipper dans leur confuse gestion
En ces temps confinés, on se pose des questions
Et maintenant…
Et si ce virus avait beaucoup d’autres vertus
Que celle de s’attaquer à nos poumons vulnérables
S’il essayait aussi de nous rendre la vue
Sur nos modes de vie devenus préjudiciables
Si on doit sauver nos vies en restant bien chez soi
On laisse enfin la terre récupérer ce qu’on lui a pris
La nature fait sa loi en reprenant ses droits
Se vengeant de notre arrogance et de notre mépris
Et est-ce un hasard si ce virus immonde
N’attaque pas les plus jeunes, n’atteint pas les enfants
Il s’en prend aux adultes responsables de ce monde
Il condamne nos dérives et épargne les innocents
Ce monde des adultes est devenu si fébrile
L’ordre établi a explosé en éclats
Les terriens se rappellent qu’ils sont humains et fragiles
Et se sentent peut-être l’heure de remettre tout à plat
Et si ce virus avait beaucoup d’autres pouvoirs
Que celui de s’attaquer à notre respiration
S’il essayait aussi de nous rendre la mémoire
Sur les valeurs oubliées derrière nos ambitions
On se découvre soudain semblables, solidaire
Tous dans le meme bateau pour affronter le virus
C’était un peu moins le cas pour combattre la misère
On était moins unis pour accueillir l’aquarius
Et si ce virus avait le don énorme de rappeler ce qui nous est vraiment essentiel
Les voyages, les sorties, l’argent ne sont plus la norme
Et de nos fenêtres on réapprend à regarder le ciel
On a du temps pour la famille, on ralenti le travail
Et même avec l’extérieur on renforce les liens
On réinvente nos rituels, pleins d’idées, de trouvailles
Et chaque jour on prend des nouvelles de nos anciens
Et si ce virus nous montrait qui sont les vrais héros
Ceux qui trimaient déjà dans nos pensées lointaines
Ce n’est que maintenant qu’ils font la une des journaux
Pendant que le CAC 40 est en quarantaine
Bien avant le Corona l’hôpital suffoquait
Il toussait la misère et la saturation
Nos dirigeants découvrent qu’il y a lieu d’être inquiets
Maintenant qu’il y a la queue en réanimation
On reconnaît tout à coup ceux qui nous aident à vivre
Quand l’état asphyxie tous nos services publics
Ceux qui nettoient les rues, qui transportent et qui livrent
On redécouvre les transparents de la république
Et maintenant…
Alors quand ce virus partira comme il est venu
Que restera-t-il de tous ses effets secondaires
Qu’est-ce qu’on aura gagné avec tout ce qu’on a perdu
Est-ce que nos morts auront eu un destin salutaire
Et maintenant…
Et maintenant…
Et maintenant…
Et maintenant…