La France a choisi qui défendra ses couleurs lors de la 64ème édition du Concours Eurovision de la chanson qui aura lieu au mois de mai 2019 à Tel Aviv : ce sera Bilal Hassani, avec sa chanson « Roi » . 

Samedi soir a eu lieu la finale de Destination Eurovision 2019 sur France 2. Huit artistes qui s’étaient imposés dans les deux demi-finales espéraient gagner la finale et ainsi un billet pour Tel Aviv au mois de mai. L’ensemble des finalistes comptait aussi bien des artistes connus, comme Emmanuel Moire et Chimène Badi, que des nouveaux venus sur la scène musicale. La finale a réuni des styles de musique et des messages diversifés : une ballade émouvante et personnelle de Seemone, un tube de pop inspirant chanté par Chimène, un hymne aux femmes fortes interprété à la manière d’Aretha Franklin par le trio The Divaz, un autre très dansant avec des échos africains par Aysat, ou encore l’histoire émouvante de l’acceptation de sa sexualité par Emmanuel Moire. Bref, il y en avait pour tous les goûts !

L’émission était présentée par le chanteur canadien Garou, accompagné par un jury français composé de Vitaa, Christophe Willem et André Manoukian En ouverture de la finale, les huit finalistes ont interprété « Rise Like A Phoenix » de Conchita Wurst, la chanson gagnante pour l’Autriche en 2014. Rétrospectivement, on peut considérer l’ouverture comme un présage du vainqueur de la soirée.

Puis vint le tour de chacun des candidats de défendre sa chanson devant le jury international et le public français. Mais, avant d’interpréter leur propre chanson, les candidats devaient présenter une reprise d’une chanson de l’Eurovision de leur choix. Ils ont ainsi permis au public de revivre des chansons-clé de l’histoire du concours : Chimène a chanté « Ne partez pas sans moi » avec laquelle Céline Dion a assuré la dernière victoire suisse en 1988, et The Divaz ont repris la chanson qui représente l’Eurovision comme aucune d’autre: « Waterloo » du groupe ABBA, qui a valu à la Suède la première de ses six victoires et lancé la carrière internationale du groupe.

La procédure du vote était la même que pendant les deux demi-finales, et l’annonce des résultats promettait quelques surprises, puisqu’on s’attendait à un coude-à-coude entre Bilal et Seemone. Le jury international semble avoir apprécié Seemone, comme prévu : elle a remporté la première place. Bilal, par contre, ne semble pas les avoir convaincus et s’est retrouvé à la 5ème place. Les dés semblaient jetés, mais le vote des téléspectateurs a bousculé le classement : avec un raz-de-marée de 150 points des téléspectateurs et 200 points au total, Bilal a remporté la victoire de l’émission et ainsi gagné le droit de défendre les couleurs de la France.

Bilal Hassani est né le 9 septembre 1999 à Paris ; il est d’origine franco-marocaine. Il s’est fait connaître auprès du grand public par ses vidéos et ses musiques sur Youtube et par sa participation à The Voice Kids (version française) en 2015. En juin 2017, Bilal fait son coming-out sur les réseaux sociaux et en 2018, le magazine Têtu le considère comme faisant parti des « 30 LGBT+ qui bougent la France » en tant qu’«icône pour la jeunesse LGBT+ française » . Pourtant, le jeune homme de 19 ans qui assume son identité et son apparence androgyne en la soulignant encore avec des perruques et du maquillage, est aussi devenu la cible de la haine anti-LGBT+ sur les réseaux sociaux, surtout après l’annonce de sa participation à Destination Eurovision. Bilal ne se laisse pas abattre par ces propos haineux, ce qui est aussi le message essentiel de son titre « Roi ». La chanson veut que chacun s’accepte tel qu’il est , sans se soucier des avis indignes et dégradants des autres. Cela rappelle les chansons victorieuses à l’Eurovision de Conchita Wurst ou Netta Barzilai, et n’oublions pas que le Concours Eurovision reviendra cette année dans le pays dont la victoire. grâce à Dana International, qui s’identifie comme transgenre, a marqué un tournamt symbolique du Concours.  Découvrons les paroles de la chanson :

I am me
And I know I will always be.
Je suis free.
Oui, j’invente ma vie,
ne me demandez pas qui je suis.
 
Moi, je suis
le même depuis tout petit
et malgré les regards, les avis,
je pleure, je sors et je ris.
 
You put me in a box,
Want me to be like you .
Je suis pas dans les codes,
ça dérange beaucoup.
At the end of the day
You cannot change me, boo!
Alors, laisse-moi m’envoler.
 
I’m not rich but I’m shining bright,
I can see my kingdom now.
Quand je rêve, je suis un roi.
Quand je rêve, je suis un roi.
I’m not rich but I’m shining bright,
I can see my kingdom now.
Quand je rêve, je suis un roi.
And I know oh,
Even though oh,
You try to take me down
You cannot break me, nah nah.
Toutes ces voix,
fais comme ci, fais comme ça.
Moi, je ne les cala¹ pas. 
You’ll never remove my crown.
 
Who are we?
When we hide, when we fight for free.
Only God can judge you and me.
Ce qu’on est, on ne l’a pas choisi.
 
On choisit
son travail, sa coiffure, ses amis,
sa routine,
parfois l’amour aussi.
Ça passe ou ça casse mais ça regarde qui ?
 
I’m not rich but I’m shining bright,
I can see my kingdom now.
Quand je rêve, je suis un roi.
Quand je rêve, je suis un roi.
I’m not rich but I’m shining bright,
I can see my kingdom now.
Quand je rêve, je suis un roi.
And I know oh,
Even though oh,
You try to take me down
You cannot break me, nah nah.
Toutes ces voix,
fais comme ci, fais comme ça.
Moi, je ne les cala pas.
You’ll never remove my crown.
 
Quand je rêve, je suis un roi.
Quand je rêve, je suis un roi.
 
¹ Argot pour « calculer », c‘est-à-dire « prendre en considération ».