Pendant un confinement qui est en vigueur déjà depuis quelques semaines, il est essentiel de garder sa bonne humeur. Et quand on ne sait plus comment faire, le mieux est parfois de passer la balle aux expert.es en humour. La série „Fais pas ci, fais pas ça“, en 68 épisodes, réalisée par Anne Giafferi et Thierry Bizot et retransmise sur France 2 entre 2007 et 2017, est parfaite comme rafraîchissement comique très français.

La série nous donne un aperçu de la vie de deux familles parisiennes voisines qui ne pourraient pas être plus différentes. Fabienne et Renaud Lepic forment avec leurs 4 enfants une famille traditionnelle : Fabienne est initialement femme au foyer et plus tard le bras droit du maire de la ville de Sèvres, en banlieue ouest – et chic – de Paris, et Renaud occupe une position importante dans une entreprise qui fabrique des robinets. Les parents prônent des valeurs fondamentales, entre autres le fait qu’une éducation très stricte est la seule méthode effective pour élever des enfants. Ces vues extrêmement conservatrices provoquent de plus en plus de conflits avec leurs enfants, en particulier avec Christophe, leur fils le plus âgé, leur fille Soline, qui devient sur le plan politique toujours plus de gauche, puis Charlotte, dont l’orientation sexuelle choque ses parents. Valérie Bonneton, l’actrice qui joue Fabienne, perd souvent patience (registre soutenu !) et „pique sa crise“ (registre courant !), voire „pète les plombs“ (registre familier !) face à des situations banales qui ne correspondent pas à ses projets ou règles rigides ; ces scènes de „folie subite“ sont très drôles (je vous recommande notamment l’épisode consacré à la rentrée des classes/saison 1, épisode 1, ou encore l’épisode „Bienvenue en Sologne“/saison 8, épisode 1).

A côtéd e cette famille qui représente la famille bourgeoise catholique traditionnelle de droite, on trouve les Bouley, famille recomposée de „bobos“ (= bourgeois-bohèmes). La famille Bouley, composée des parents Valérie et Denis, de leur fils Elliott et de leur fille Tiphaine (née du précédent mariage de Valérie), ne correspond déjà par définition pas à l’idée de famille traditionnelle des Lepic. Les différences se creusent encore plus quand on regarde les professions des parents : la mère travaille dans le secteur de la communication, une branche moquée par la bourgeoisie issue des Grandes Ecoles, et le père est dans une phase de restructuration professionnelle „chronique“ – en bref, il ne travaille pas, mais il cherche encore sa vocation et pratique les métiers les plus farfelus, de chanteur dans une maison de retraite jusqu’à entraîneur motivationnel, le tout avec un succès limité et mitigé. Tandis que Tiphaine n’a pas beaucoup d’ambition, leur fils les provoque sans cesse en remettant en question leurs valeurs de gauche et en pointant leurs incohérences. Il a notamment le projet de devenir ministre de l’intérieur, pour un parti conservateur.

L’histoire des deux familles, dans chaque maison séparément et également l’interaction entre elles, utilise beaucoup d’archétypes français et nous montre un peu du quotidien de familles aisées en région parisienne, bien entendu en exagérant quelques aspects pour obtenir une bonne comédie. Les mères sont un peu hystériques, les pères un peu dépassés, les enfants font ce qu’ils peuvent dans ces contextes familiaux un peu chaotiques mais très chaleureux, et le tout se passe dans le cadre d’échanges verbaux rapides et drôles. Celles et ceux qui cherchent un peu de divertissement à la française et veulent se maintenir au contact d’une langue quotidienne actuelle trouveront cette série accessible librement sur youtube.

Amusez-vous bien !