par Ana P.

  1. 1) Biographie
  2. 2) La littérature d’Édouard Louis

1) Biographie

Édouard Louis, né Eddy Bellegueule le 30 octobre 1992 à Abbeville, passe son enfance et sa prime jeunesse à Hallencourt dans les Hauts-de-France. Il grandit au sein d’un milieu social de la classe populaire. Dans son roman autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule, il décrit son enfance comme triste et sans espoir : « De mon enfance je n’ai aucun souvenir heureux. »1 Au collège des Cygnes à Longpré-les-Corps-Saints, il passe une scolarité empreinte du sentiment d’être en marge de la société. Lorsqu’il entre en internat en classe de seconde au Lycée Madeleine-Michelis d’Amiens, il se crée une nouvelle identité. Dès lors, ses camarades l’appellent Édouard au lieu d’Eddy qui était un diminutif et une nouvelle phase de sa vie commence. En s’assimilant et en jouant un rôle, il s’était adapté à son milieu social. Finalement, c’est son talent pour le théâtre qui lui permet de fréquenter le lycée à Amiens. Après son baccalauréat, il étudie l’histoire à l’université de Picardie où il fait la connaissance du sociologue et auteur Didier Eribon.

image 1: Édouard Louis, Frankfurt Book Fair 2017

Eribon, lui aussi issu de la classe populaire, devient son ami et son mentor et le sensibilise au concept de « transfuge de classe ».  Puis, il s’inscrit à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm où il obtient un diplôme. Ensuite, il approfondit ses études en sciences sociales à l’École des hautes études en sciences sociales à Paris. Aujourd’hui, Édouard Louis est écrivain et traducteur. Il vit à Paris.

2) La littérature d’Édouard Louis

En finir avec Eddy Bellegueule, son premier roman, publié en 2014, obtient un succès immense. Traduit dans une vingtaine de langues, l’importance des thématiques – la recherche douloureuse de l’identité, l’homosexualité, l’homophobie et la violence, la honte sociale, le racisme  – le révèle au monde. Dans tous ses textes, comme Histoire de la violence (2016), Qui a tué mon père (2018) et Combats et métamorphoses d’une femme (2021), il raconte sa propre histoire ou celle de sa famille et dépeint une image critique de la société. Ses textes montrent donc une sorte de nouveau réalisme et explorent le rapport entre l’individu et la structure sociale.

La nouvelle visibilité de la classe populaire

La représentation de la classe populaire dans les textes de Louis montre son ambivalence envers ses origines, oscillant entre accusation et compréhension. Dans ses livres, la classe populaire française acquiert une nouvelle visibilité. Un des thèmes centraux est sa relation entre le corps et la société. Louis montre ainsi de quelle manière le corps de l’individu est formé par les conditions sociales, telle que la pauvreté ou le travail. Dans En finir avec Eddy Bellegueule, il dépeint la révolte du corps du protagoniste, qui n’arrive pas à s’assimiler aux stéréotypes hétéronormatifs, également comme une révolte sociale. Toutefois, Louis ne voit pas sa fuite du milieu social comme une réussite personnelle, mais aussi comme un échec de la société.

Une « littérature de combat »

La littérature d’Édouard Louis n’a pas seulement un but autobiographique. Montrant clairement les conditions de vie de la classe populaire, elle a aussi une dimension politique et s’adresse autant au public intellectuel qu’aux lecteurs et lectrices de son milieu social d’origine. En utilisant un langage simple et en montrant une description authentique de la classe populaire, Louis se situe hors les normes classiques et traditionnels de la littérature. Pour lui, la littérature n’est pas un moyen d’évasion mais elle a une fonction profondément politique. Selon le titre de son dernier texte, Combats et métamorphoses d’une femme, on peut même classer ses œuvres comme relevant d’« une littérature de combat »2. Ainsi, Édouard Louis cherche également à rendre son discours public, par exemple à travers la télévision ou les réseaux sociaux.

Références bibliographiques:

1 Louis, Édouard: En finir avec Eddy Bellegueule. Paris: Éditions du Seuil, 2014. p.13.

2 Catherine Fruchon-Toussaint: « Édouard Louis, pour une littérature de combat », in: RFI, Littérature sans frontières, 23 avril 2021, URL: https://www.rfi.fr/fr/podcasts/littérature-sans-frontières/20210423-édouard-louis-pour-une-littérature-de-combat (consulté le 25 juin 2021).