Quand on contemple les œuvres cubistes à la Kunsthalle, on fait aussi un petit voyage à Paris, capitale non seulement de la France, mais aussi du cubisme. Dans cet article, je vais vous présenter les quatre œuvres d’art que j’ai le plus aimées et vous expliquer pourquoi.
Le cubisme est un style artistique né à Paris entre 1907 et 1910. À l’époque, la capitale de la France attirait beaucoup de jeunes artistes du monde entier qui s’y rencontraient régulièrement. Certains d’entre eux voulaient plutôt peindre des formes géométriques que des détails. Georges Braque, peintre français, échangeait par exemple avec Pablo Picasso pour inventer de nouveaux styles de peinture. Robert Delaunay, Fernand Léger et Constantin Brâncuși étaient d’autres artistes célèbres qui vivaient à Paris. Regardons maintenant quatre de leurs œuvres qui se trouvent dans la Kunsthalle !
Commençons par Femme avec un chat de Fernand Léger. Cette peinture ne me fascine pas seulement parce que j’aime les chats. Elle montre une femme composée de formes géométriques comme des ronds et des demi-cercles. L’utilisation de ces formes est caractéristique de l’art de Fernand Léger. La femme tient un chat et un livre sur sa cuisse. Sur cette image, les couleurs primaires prédominent aussi, tout comme le noir, le gris et le blanc. Cette simplicité de formes et de couleurs donne à cette peinture une certaine froideur, et la femme est presque réduite à un statut d’objet. On pourrait aussi dire que cette femme à la peau grise ressemble à un robot. Par ailleurs, on peut voir que la femme, le chat et le livre forment une vraie unité. Voilà comment ce tableau est décrit dans la littérature. Pour ma part, quand je regarde cette peinture, j’éprouve un sentiment de bien-être et de chaleur. La femme semble détendue, elle est avec son chat qu’elle adore et s’adonne à sa passion, la lecture. Il se peut que cette unité soit à la source de mon bien-être, mais je ne le sais pas. Avant ma visite à la Kunsthalle, je n’aurais pas pu imaginer qu’une image aussi simple puisse me fasciner autant.
J’ai été saisie par la même fascination quand j’ai contemplé Le Baiser, une sculpture de Constantin Brâncuși qui vivait à Paris et qui était un ami de Fernand Léger. À première vue, Le Baiser est seulement un bloc de pierre dans lequel l’artiste a sculpté quelques contours humains ; on voit deux personnes qui s’embrassent. Il faut regarder de très près pour voir qui est l’homme et qui est la femme. Mais quand on contemple cette œuvre, cela ne compte pas. Ces amants sont unis dans une seule pierre, leurs corps se touchent donc partout et ils se regardent droit dans les yeux en s’embrassant. Grâce à cette unité absolue, nous ressentons un sentiment d’amour pendant que nous regardons cette plastique, à première vue juste un simple cube. On peut donc voir que des œuvres d’art simples et réduites à des formes géométriques ne sont pas ennuyeuses, mais qu’elles nous font ressentir des émotions fortes ! Souvent, il suffit de les regarder plus longtemps pour être enchanté. Quelques œuvres transmettent de l’amour, mais d’autres œuvres cubistes nous font juste réfléchir.
Un exemple d’une œuvre qui m’a fait réfléchir est le tableau Les fenêtres simultanées sur la ville de Robert Delaunay, un peintre célèbre du cubisme qui vivait, lui aussi, à Paris. Quand on voit cette image pour la première fois, on voit juste des couleurs lumineuses et on peut à peine identifier des objets. Ainsi, j’ai cru qu’il ne s’agitait que de rectangles et de triangles colorés.
Mais en fait, il y a une vraie fenêtre qui donne sur la Tour Eiffel ! Entre deux volets multicolores se dresse, en vert foncé, la Tour Eiffel, qui représente le centre de ce tableau. Et si l’on regarde encore plus longtemps, on voit des immeubles et même des toits et deux petites fenêtres ! Ce ne sont alors pas seulement des rectangles et des triangles. En effet, c’est une peinture de la ville de Paris. Comme on ne voit pas ces détails à première vue, cette image laisse place à l’imagination des observateurs. Peut-être qu’il est plus facile pour ceux qui ont déjà été à Paris de reconnaître la ville. Mais pourquoi l’artiste a-t-il choisi cette technique de peinture ? Dans cette image, de nombreuses couleurs brillantes existent les unes à côté des autres, sans se mélanger. Il y a donc une simultanéité de différentes couleurs. Delaunay, lui, percevait qu’il y avait également une simultanéité d’événements à Paris. Le progrès technique, dont la Tour Eiffel est aussi un symbole, avait pour conséquence que la vie se passait beaucoup plus vite à Paris, surtout en comparaison avec la vie en province. Delaunay voulait donc transférer la vitesse et la hâte quotidienne de la capitale sur son image par des couleurs vives qui se relayent rapidement.
La dernière peinture que j’ai choisie est moins abstraite que les autres. La nature morte nommée Pain, huîtres et carafe de Georges Braque possède des couleurs sobres et foncées. Peint en 1937, ce tableau est encore inspiré par le cubisme, mais les objets sont présentés d’une façon moins abstraite. Le tableau m’a sauté aux yeux car l’on y voit des spécialités françaises comme du vin, des huîtres et une baguette. Mais cette œuvre laisse aussi une certaine liberté d’interprétation : la carafe, peinte dans un style cubiste, peut également être un vase à fleurs. De toute façon, on ne sait pas quelle boisson se trouve dedans. Pour moi, les huîtres peuvent aussi être de la viande ou des tranches de pain. Seul le pain lui-même ressemble à du pain.
C’est pourquoi j’aime les œuvres du cubisme. Elles font réfléchir et laissent place à l’imagination des contemplateurs. Il suffit juste de regarder les œuvres un peu plus longtemps pour découvrir leurs secrets, pour ressentir des sentiments inattendus. Bref, pour être fasciné.
Cet article a été rédigé par Jana W., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg. Et maintenant, suivez Jana à travers les salles de la Kunsthalle, pour découvrir les oeuvres présentées.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.