Wajdi Mouawad

par Victoria B. et Selen Y.

  1. 1) Biographie
  2. 2) Incendies (2003)
  3. 3) Analyse: Incendies
  4. 4) Test de connaissance
  5. 5) Exercice d’analyse no. 1
  6. 6) Exercice d’analyse no.2

1) Biographie

Wajdi Mouawad est un auteur francophone, un Canadien d’origine libanaise. Il passe son enfance au Liban. En 1976, sa famille immigre en France, puis au Canada (Québec) en 1983. Après avoir terminé sa formation d’acteur à l’École Nationale du Théâtre au Canada, il fonde un théâtre à Montréal. Sa carrière d’auteur et de réalisateur commence au Théâtre „O Parleur“. Il y met en scène ses propres textes qui sont publiés par l’éditeur Leméac (Actes Sud/Papiers). Wajdi Mouawad écrit beaucoup d’œuvres intéressantes et importantes. Par exemple en 1992, sa pièce Journée de noces chez les Cromagnons est jouée à Montréal. En 2017, il aborde le conflit au Moyen-Orient à travers son œuvre Tous des oiseaux.

image 1: Portrait de Wajdi Mouawad, source: https://t1p.de/376y, CC BY-SA 4.0: https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.en

Une de ses pièces les plus importantes est le drame Incendies, qu’il crée en 2003. Toutes ses œuvres abordent ses origines et les problèmes du Moyen-Orient. En 2012, il publie son premier roman Anima, dans lequel il est question d’un meurtre dont les seuls témoins sont des animaux. De plus, Mouawad écrit des livres pour enfants comme Pacamambo et Un obus dans le cœur. Mouawad est également engagé socialement. Il a mené divers projets éducatifs avec des jeunes. Depuis 2016, il est directeur du Théâtre National de la Colline à Belleville, Paris.

2) Incendies (2003)

Celui qui tente de trouver son origine est comme ce marcheur au milieu du désert qui espère trouver, derrière chaque dune, une ville. Mais chaque dune en cache une autre et la fuite est sans issue. Raconter une histoire nous impose donc de choisir un début. Et nous, notre début, c’est peut-être la mort de cette femme qui, il y a longtemps déjà, a décidé de se taire et n’a plus jamais rien dit […]. Incendies est alors l’histoire de trois histoires qui cherchent leur début, de trois destins qui cherchent leur origine pour tenter de résoudre l’équation de leur existence et tenter de trouver, derrière la dune la plus sombre, la source de beauté.[1]

En 2003, Wajdi Mouawad a créé le drame Incendies. C’est le deuxième volet d’une tétralogie qui est intitulé Le Sang des promesses, sans être cependant une suite narrative du premier volet Littoral. Dans ses pièces, Mouawad discute de sujets d’actualité socialement pertinents tels que la migration, l’origine et l’humanité, et ses spectacles sont caractérisés par un style post-dramatique. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants dramaturges et auteurs de la littérature francophone moderne. La pièce traite des sujets caractéristiques pour la littérature de l’exil.#

image 2: Scène de l’adaption cinématographique de Denis Villeneuve, source: https://t1p.de/b74a

2.1 Contenu

La pièce aborde de nombreux thèmes différents, notamment l’horreur de la guerre civile au Liban, le traumatisme, le mystère de l’origine et la réconciliation avec le passé. Au centre de la pièce se trouve le personnage de Nawal Marwan, la mère des jumeaux Jeanne et Simon. Dans ses dernières volontés, elle envoie ses deux enfants à la recherche de leur père inconnu et de leur frère, dont les jumeaux n’avaient pas connaissance. Avec l’aide du notaire Hermile Lebel, Jeanne et Simon se mettent à la recherche du passé de leur mère décédée et ils découvrent peu à peu le mystère de leur origine. Nawal a grandi au Liban. À l’âge de 14 ans, elle rencontre son grand amour et tombe enceinte. Sa famille est contre leur union et sépare Nawal de son amant. Son fils Nihad est emmené loin d’elle. La seule chose que Nawal peut lui donner en signe d’amour est un nez de clown rouge. Dans les années suivantes, en essayant de retrouver son fils, elle est prise entre les fronts de la guerre civile libanaise et elle fait l’expérience directe des crimes de guerre. À l’âge de 40 ans, emprisonnée à Kfar Rayat pour avoir tué un chef de milice, elle tombe enceinte une deuxième fois après avoir été violée par un de ses bourreaux, Abou Tarek. On la remet en liberté et elle s’enfuit au Québec, où elle élève les jumeaux. Lentement mais sûrement, Jeanne et Simon comprennent le traumatisme de leur mère et finalement les vérités sur leur père et sur leur frère.

2.2 Adaptations

En 2011, le drame de Mouawad a été adapté au cinéma par le directeur québécois Denis Villeneuve sous le titre Incendies. En Allemagne, il porte le sous-titre La femme qui chante. Le film a été nommé aux Oscars pour le prix du meilleur film en langue étrangère et il a été bien accueilli par la critique et par les spectateurs. L’adaptation cinématographique reste très proche de la pièce originale de Wajdi Mouawad. Mais il y a des changements dans la mise en scène des différentes temporalité. Les possibilités visuelles du film permettent de dépeindre la proximité des événements, même sur une période de plusieurs décennies, sans que des personnages du passé et du présent n’apparaissent dans la même scène, comme cela est le cas dans la pièce.

Références biliographiques:

  1. Courtois, Lorence & Simon, Mary: „Incendies“ de Wajdi Mouawad, source: https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-theatre-et-cie/incendies-de-wajdi-mouawad-0 [26.04.2020]

3) Analyse: Incendies

Il y a plusieurs manières d’analyser un drame comme Incendies. Nous pourrions par exemple l’analyser avec un accent sur la forme et sous le prétexte que la pièce rompt avec la forme classique de la tragédie selon Aristote. Mais pour l’œuvre de Wajdi Mouawad, qui évoque de manière répétitive le sujet du traumatisme et de l’identité (voir aussi l’article sur la biographie de Mouawad et la littérature de l’exil), une approche psychanalytique est beaucoup plus productive afin d’analyser les motifs centraux du drame. Dans cette analyse, nous suivons donc la structure et la méthodique d’une approche théorique qui s’appuie principalement sur les théories psychanalytiques de Sigmund Freud. Selon Freud, deux instances s’opposent dans l’esprit de l’homme : le conscient et l’inconscient. L’inconscient est la partie que l’homme n’est pas capable de contrôler. Il s’agit de tout ce que le « Je » refoule et de ses pulsions. Un autre antonyme psychanalytique oppose la réalité et la fiction. Dans l’analyse suivante d’un extrait du drame Incendies, nous mettrons en évidence les motifs principaux et nous les examinerons de plus près en nous référant aux principes psychanalytiques mentionnés.

La deuxième et la troisième scène du premier acte du drame, intitulées « Dernières volonté » et « Théories des graphes et vision périphérique » introduisent les personnages de Jeanne et Simon et le conflit du drame, qui est déclenché par la mort de Nawal. Nous apprenons que Nawal n’a jamais parlé à ses deux enfants Simon et Jeanne de son passé au Liban et de son traumatisme et qu’elle s’est même tue complètement les cinq dernières années de sa vie. La rupture interne qu’a signifiée pour elle l’ exil est restée inconsciente et indicible. Elle n’a pu en parler à personne. Ce n’est qu’après sa mort qu’elle commence à communiquer avec les jumeaux de manière diachronique, notamment par des lettres. La recherche de son identité et aussi de l’identité de ses enfants devient l’héritage de Nawal. D’après Freud, l’homme cherche son identité et « l’identité est ce qui reste toujours identique : le «Je». Il s’agirait dès lors de chercher l’identique dans la différence, de rechercher l’identité dans des doubles, des personnages fictifs ».[1] Le motif du double se trouve dans Incendies par la présence des jumeaux. Tous les deux partagent une même origine, ils font face à la même problématique d’identité, mais ils choisissent de traiter cette problématique de manière très différente. Simon choisit d’ignorer que sa mère a « brisé le silence » tandis que Jeanne veut savoir ce qui s’est passé. Ils sont les deux faces de la même pièce. C’est ce que nous observons particulièrement bien dans la scène trois, quand Wajdi Mouawad présente au spectateur les jumeaux dans leurs espaces habituels. Simon, le boxeur, est en train de boxer dans une salle de sport pendant que, parallèlement, Jeanne enseigne la haute-mathématique dans une salle à l’université. « La scène en effet se double et se dédouble, gémellaire, à partir des personnages des jumeaux […] [et elle fait apparaître] tous les décrochages à venir […] comme un double, un miroir ou une hantise de la scène ». [2] Le motif du double se retrouve aussi dans les deux pays (le Québec et le Liban), les deux temps (le passé et le présent) et les différents langues présente (Le français/le québécois et l’anglais). Simon incarne ce mélange de langue car il utilise de temps en temps l’anglais pour s’exprimer et pour renforcer sa colère (« Big deal » [3]; « You bet »[4]) ou des expressions québécoises (« Tabernak »[5]).

En recherchant leurs origines, les jumeaux sont tout à coup rattrapés par l’histoire de leur mère et, pour résoudre l’énigme, il faut qu’ils retracent la vie de leur mère. C’est une compulsion de répétition. En psychanalyse, Freud évoque les limites de l’exil. Géographiquement, il n’est pas possible de fuir son traumatisme inconscient. Mais la répétition est un moyen de rejouer l’exil afin de le réactualiser et de mieux le comprendre. Mouawad utilise quatre formes différentes de répétitions dans Incendies, que l’on retrouve notamment dans les scènes 17 et 18 intitulées « Orphelinat de Kfar Rayat » et « Photographie et autobus du Sud ». Il y a d’abord des répétitions d’action. Jeanne achète un billet d’avion pour se mettre à la recherche du passé de sa mère et en même temps sur scène, Nawal achète un billet d’autobus pour se mettre à la recherche du passé de Nihad. La répétition des actions du passé dans le présent se manifeste dans l’unité des espaces de temporalités différentes sur scène. Puis, il y a la répétition narrative. Des phrases-clés se répètent pendant le drame. « Maintenant que nous sommes ensemble, ça va mieux » »[6], dit Nawal plusieurs fois et Jeanne le répète des années plus tard.[7] « La parole remplit donc également l’office d’embrayeur, abolissant la distance entre les personnages et tissant les scènes par les mots de Wahab qui le premier dans la fiction les prononce ».[8] Le médecin dans la scène 17 rappelle/évoquereflète le déroulement de la guerre civile au Liban. En intégrant et répétant aussi des évènements historiques comme cette guerre civile, Mouawad crée des frontières floues entre le réel et la fiction. Finalement, le drame nous offre des répétitions intertextuelles. En dissolvant l’identité commune du père et du frère des jumeaux, Mouawad offre une variation sur le thème d’Œdipe et place le traumatisme de Nawal dans une tradition plus ancienne.

Les répétitions de mots, d’évènements et d’actions, la concordance du passé et du présent sur scène, le motif du double … l’écriture d’Incendies permet à Wajdi Mouawad de rejouer son propre traumatisme sur scène. Il s’agit d’un travail presque autobiographique. « Son parcours personnel est donc marqué par l’exil, le déracinement et son corollaire, l’abandon de sa langue maternelle pour une autre langue. Wajdi Mouawad perd également sa mère encore adolescent ».[9] Le personnage de la mère, souvent le personnage qui meurt au début des drames de Wajdi Mouawad et qui introduit le conflit, symbolise le pays maternel, le pays et la langue natale de l’écrivain. La mort de Nawal et le sentiment de ne l’avoir pas connue, représente donc la distance des origines au Liban non seulement des jumeaux, mais aussi de Wajdi Mouawad lui-même. Le déplacement ou le transfert de l’exil dans la fiction, par le jeu en le jouant sur scène, peut permettre d’« enrayer la compulsion de répétition » [10] et de réconcilier le passé avec le présent. Wajdi Mouawad parle d’une « consolation impitoyable »[11] que la réalisation d’Incendies et le processus de l’écrire lui ont donnée.

Références bibliographiques

  1. Desiderio, Pauline : L’exil et la répétition dans l’œuvre de Wajdi Mouawad, quelles limites et frontières ?, dans: http://www.esquisses.eu/revue/wp-content/uploads/2017/04/Lexil-et-la-re%CC%81pe%CC%81tition-Pauline-DesiderioEsquisses-1.pdf, p. 6 (28.04.2020).
  2.  Coissard, Francoise (2014) : Wajdi Mouawad. Incendies. Études critique. Paris : Éditions champion, p. 69.
  3.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition. Montréal : Leméac Éditeur, p.21.
  4.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition. Montréal : Leméac Éditeur, p. 19.
  5.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition. Montréal : Leméac Éditeur, pp. 21, 23.
  6.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition, Montréal : Leméac Éditeur, pp. 63,24.
  7.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition. Montréal : Leméac Éditeur, p. 63.
  8.  Coissard, Francoise (2014) : Wajdi Mouawad. Incendies. Études critique. Paris : Éditions champion, p. 71.
  9.  Rubira, Virginie (2014) : Les mythes dans le théâtre de Wajdi Mouawad et Caya Makhélé. Paris : Éditions Acoria, p. 95.
  10.  Desiderio, Pauline : L’exil et la répétition dans l’œuvre de Wajdi Mouawad, quelles limites et frontières ?, dans: http://www.esquisses.eu/revue/wp-content/uploads/2017/04/Lexil-et-la-re%CC%81pe%CC%81tition-Pauline-DesiderioEsquisses-1.pdf, p. 10 (28.04.2020).
  11.  Mouawad, Wajdi (2009) : Incendies. Le sang des promesses. 2e édition. Montréal : Leméac Éditeur, p.10.

4) Test de connaissance

Testez vos connaissances:


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5) Exercice d’analyse no. 1

un exercice par Selen Y.

La scène 2 montre la rencontre entre le notaire Hermile Lebel et les jumeaux. En présence de Simon et Jeanne, Hermile Lebel proclame le testament que Nawal (la mère des jumeaux) leur a laissé. De ce fait, Simon et Jeanne apprennent l’existence d’un frère et d’un père, qui semble être encore en vie. Nawal décrit exactement comment elle veut être enterrée. Hermile Lebel a été nommé exécuteur testamentaire de Nawal Marwan.

Lisez l’extrait « le notaire ouvre l’enveloppe » (p. 16), puis répondez aux questions suivantes:

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6) Exercice d’analyse no. 2

un exercice par Victoria B.

Après avoir lu l’exemple de l’analyse psychanalytique, lisez le petit extrait de la scène 19 « Les pelouse de banlieue » (p.73) et la scène 20 « Le cœur du polygone » (p.73-74) et répondez aux questions suivantes.

  💡 L’extrait dans le contexte du drame: Le notaire Hermile Lebel vient de raconter à Jeanne et Simon, pourquoi leur mère Nawal avait une phobie des autobus : Pendant sa recherche de son fils Nihad au Liban, Nawal a été prise entre les deux fronts de la guerre civile lorsque des milices ont arrêté un autobus rempli de réfugiés et ont abattu et brûlé tous les passagers, y compris une mère et son enfant. Nawal n’a pu s’échapper qu’en s’identifiant comme non-réfugiée. Mais elle a vécu l’incendie de l’autobus de près et elle s’en souvient encore des décennies plus tard, quand elle partage ses mémoires avec Lebel.

Pour Jeanne cette histoire du passé de sa mère est le déclencheur de son départ au Liban pour rechercher la vérité sur le passé de sa mère.

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Tahar Ben Jelloun

par Nicoline F. et Klaudia P.

  1. 1) Biographie
  2. 2) Intermédialité
  3. 3) Les yeux baissés
  4. 4) Analyse: Les yeux baissés
  5. 5) Test de connaissance
  6. 6) Exercice d’analyse

1) Biogaphie

image 1: Tahar Ben Jelloun, photo: Claude Truong-Ngoc, CC-BY-SA 3.0 – https://t1p.de/b7g6

Tahar Ben Jelloun est un écrivain, poète et peintre franco-marocain et l’un des auteurs les plus importants de la littérature francophone. Né le 1er décembre 1944 à Fès au Maroc, Ben Jelloun a grandi dans un univers bilingue grâce à sa formation scolaire et ses études de philosophie en langue française. Par la suite, il commence sa vie professionnelle en tant qu’enseignant de philosophie au Maroc. Mais en raison de l’arabisation et parce qu’il n’est pas formé pour la pédagogie en arabe, il doit quitter son pays natal en 1971. Ben Jelloun s’installe à Paris, où il poursuit ses études de psychologie et de sociologie. Dès 1975, il travaille en tant que journaliste et écrivain, notamment pour le quotidien Le Monde et pour le mensuel Le Monde Diplomatique dans lesquels il écrit régulièrement des articles sur la littérature, la politique et les sociétés du Maghreb.

Depuis 1976, Tahar Ben Jelloun fait partie de l’Académie Mallarmé, une association littéraire fondée en 1937. En 1988, il obtient le Prix Goncourt pour son roman La Nuit sacrée. Tahar Ben Jelloun vit et travaille entre deux pays, à Paris et à Tanger,[1] ce qui se manifeste particulièrement dans ses textes comme dans ce roman, Les Yeux baissés (1991), qui raconte la vie d’une fille berbère qui vient de partir pour la France. Le roman aborde des thèmes tels que l’exil, le déchirement entre deux cultures et la quête identitaire, mais aussi des thématiques engagés comme la condition des femmes et les tabous. Face à une interculturalité qui acquiert de plus en plus d’importance dans notre monde mondialisé, la littérature contemporaine compte des auteurs tels que Tahar Ben Jelloun qui par leurs œuvres partagent leur expérience de la vie entre deux cultures. Ayant vécu dans différents pays, Ben Jelloun reflète dans » Les Yeux baissés », paru en 1991, les expériences, tantôt positives tantôt négatives, de l’immigration.

2) Intermédialité

Tahar Ben Jelloun exprime son talent non seulement en littérature, mais aussi en art. Depuis 2010 Ben Jelloun s’exprime visuellement en peignant des toiles. Son premier tableau a été montré en 2013. Ses œuvres se caractérisent par des formes simples et abstraites ainsi que par des coups de pinceau expressifs.[2] Par ailleurs, il emploie des symboles rappelant l’écriture arabe et évoquant l’identité culturelle du Maghreb. Semblables à ses romans, ses toiles se penchent sur la condition humaine et la relation de l’homme avec son environnement. Dans une interview, il précise ne pas être capable de visualiser le figuratif, parce qu’il ne veut pas recopier le réel. Au lieu de cela, il donne du réel une autre vision.

Alors que la plupart de ses tableaux portent un message de joie et d ’optimisme qui expriment la liberté, la toile nommée « 13 novembre 2015 » parle de sa colère et de sa rage face à l’attentat dans la rédaction du journal « Charlie Hebdo », qui a eu lieu alors qu’il était en train de finir cette œuvre. Ben Jelloun a versé par la suite rageusement de l’encre sur la toile, c’est-à-dire qu’il s’est laissé uniquement guider par ses émotions.

Références bibliographiques:

  1.  http://www.unionsverlag.com/info/person.asp?pers_id=99
  2.  https://www.lepoint.fr/culture/tahar-ben-jelloun-mon-13-novembre-25-11-2015-1984627_3.php

3) Les yeux baissés

Dans ce roman, Tahar Ben Jelloun s’essaie à un changement de perspective. Alors que ses œuvres précédentes (« L’Enfant sable », « La Nuit sacrée » et « Jour De silence à Tanger » se déroulaient uniquement au Maroc, l’action dans « Les Yeux baissés » se passe aussi bien au Maroc qu’en France. Il y narre le destin d’une petite fille berbère, Fathma, née dans un village du Haut Atlas. Dans le prologue, on apprend que Fathma est la gardienne du secret d’un trésor caché. Elle grandit sans amour dans une situation précaire, car son père émigre en France, tandis que sa mère est complètement absente. C’est ainsi que Fathma et son petit frère Driss sont sous la garde de leur tante Slima. Mais à cause de cette dernière, qui a le « mauvais œil », une malédiction pèse sur le village. Elle est bientôt responsable de la mort de Driss. Après cet assassinat, le père revient chercher sa famille et ils s’installent tous en France, où ils vivent dans le quartier multiculturel de la Goutte-d’Or à Paris. La protagoniste découvre alors un nouvel univers. Elle apprend à lire et à écrire mais elle est également confrontée à des actes racistes. Elle y fait un long apprentissage qui accompagne son déracinement culturel : Fathma se trouve soudain dans un territoire nouveau, un « troisième lieu » qui n’est ni sa terre natale ni un pays d’adoption.

3.1 Les Yeux baissés et la francophonie

Les Yeux baissés est le huitième roman de T.B. Jelloun et est considéré comme un roman de l’exil. La littérature de l’exil est un terme « pour toute littérature apparue au cours d’un exil forcé ou volontaire pour des raisons politiques, raciales, religieuses ou autres. ». En outre, l’auteur fait partie des écrivains francophones. Le roman Les Yeux baissés est représentatif à ce titre des littératures maghrébines. Les auteurs francophones ont commencé à avoir de plus en plus de succès dans les années 1980 et plusieurs d’entre eux ont été couronnés par le prestigieux Prix Goncourt.

4) Analyse: Les yeux baissés

À la suite des mouvements étudiants de la fin des années 1960, le champ littéraire a vu l’éclosion de nouvelles approches théoriques et méthodologiques. Les émeutes sociales ont notamment éveillé un intérêt croissant pour la condition féminine. Par conséquent, on a vu émerger de nombreuses théories féministes de la littérature à cette époque. Au fur et à mesure, la critique féministe s’est notamment donnée pour tâche l’analyse de la représentation des femmes. En effet, d’après les représentant.e.s féministes, les textes littéraires ont été – depuis des siècles – influencés par des idéologies patriarcales. La critique féministe de la littérature a donc pour objectif d’examiner la représentation de la condition féminine dans la littérature et de replacer ces observations dans leur contexte socio-culturel.[1] Les yeux baissés de T. Ben Jelloun fait partie de ces œuvres dont le thème central est la condition féminine. L’auteur y narre la vie d’une petite fille, nommée Fathma, qui quitte le Maroc pour s’installer avec sa famille en France et le texte fait sans ambiguïté référence à la construction du genre de la protagoniste dans un environnement binational. Le roman dévoile d’une part les défis et les enjeux de l’immigration tels que le racisme et d’autre part, l’évolution et les opportunités d’une jeune femme venant d’un pays aux structures patriarcales. Le passage suivant révèle comment la protagoniste reconstruit son identité après avoir affronté une nouvelle culture :

Je sais ce qu’il veut, il me l’a clairement dit un jour ; il me veut les yeux baissés comme au temps où la parole de l’homme descendait du ciel sur la femme, tête et yeux baissés, n’ayant pas de parole à prononcer autre que : « Oui, mon Seigneur ! » Il appelle ça de la pudeur, c’est regarder l’homme en face et confronter nos désirs et nos exigences. Si, aujourd’hui encore, l’homme monte sur le mulet et la femme suit à pied, si tout le monde trouve cela normal, pas moi.[2]

Afin que l’analyse soit compréhensible, il est d’abord nécessaire de donner un bref aperçu des rôles sociaux de genre au sein de la société marocaine. Comme nous l’avons déjà indiqué, la société marocaine est marquée par une forte domination masculine ou autrement dit par un fort patriarcat. L’origine du terme « patriarcat » est à chercher dans le grec ancien et signifie plus ou moins « chef de tribu », c’est-à-dire que l’homme est au sommet de la pyramide sociale, tandis que la femme lui est soumise.[3] La soumission de la femme est notamment représentée par son regard. Dans un premier temps, le motif des « yeux baissés », qui donne son titre au roman et témoigne ainsi de son importance, est décrit comme une expression de respect et de pudeur :

Et pourtant, leur amour est solide ; sa force est dans cette beauté intérieure, discrète et jamais nommée. Il est tout entier dans un geste : les yeux baissés. [4]

Mais en même temps, les yeux baissés privent la femme de toute forme d’autodétermination. Pensons à l’allégorie qui décrit le regard en tant que reflet de l’intériorité de l’individu, c’est-à-dire moyen d’expression du fond de l’âme : « les yeux baissés » empêchent de fait cette forme d’expression individuelle, ce qui révèle par ailleurs le manque de liberté d’expression. C’est la raison pour laquelle le geste de baisser les yeux est connoté négativement chez Ben Jelloun. Revenons au passage central de l’analyse. La narratrice se rend compte de son identité féminine et nie ce rôle sexuel qui lui est imposé. Le thème du regard sert ainsi de fil conducteur dans le roman car il est dirigé contre les traditions et normes conservatrices de la société maghrébine et brise les tabous établis. En conclusion, ce passage exprime la révolte contre la discrimination des femmes, non seulement de Fatma, mais aussi de toutes les femmes grâce à la voix narrative qui permet de se mettre à la place de la protagoniste et montre que l’auteur s’engage pour son émancipation.

Références bibliographiques:

  1.  Gymnich, Marion 2010 : « Methoden der feministischen Literaturwissenschaft und der Gender Studies » dans Nünning, Vera (éd.) : Methoden der literatur- und kulturwissenschaftlichen Textanalyse: Ansätze – Grundlagen – Modellanalysen. Stuttgart: Metzler, 2010, pp. 251-253.
  2. 2 Ben Jelloun 1991 : Les Yeux baissés. Paris : Éditions du seuil, p 274.
  3. 3 https://www.dwds.de/wb/Patriarchat (dernier accès 23/06/2020)
  4. 4 Ben Jelloun 1991: p. 146.

5) Test de connaissance

Testez vos connaissances:

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6) Exercice d’analyse

Un exercice par Nicoline F. et Klaudia P.

Lisez l’extrait attentivement et répondez aux questions suivantes. Justifiez votre choix:

« En fait, je fabrique tout un monde à partir de figures qui m’ apparaissent sur fond de ciel ou entre les branches de l’arbre : des animaux sauvages que je dresse,  des hommes que j’aligne  en haut d’une falaise, je les observe réduits à néant par la peur ; je ne fais que les épier ;  je ne les pousse pas ;  des oiseaux de proie dont j’adoucis les traits ;  des nuages qui simulent la folie, des arbres qui se renversent, d’autres montent au ciel ; de là, je convoque le visage ingrat de Slima. C’est ma tante. Elle ne m’aime pas ; je la déteste. Mon père m’a laissé chez elle en partant travailler à l’étranger. Il m’a promis de revenir me chercher. Je l’attends. C ‚est pour cela aussi que je monte dans les arbres. Je scrute l’horizon et la piste, espérant le voir arriver un jour. Ma mère est souvent chez ses parents. Ils habitent de l’autre côté de la colline. Elle est enceinte et ne peut pas s’occuper de moi. Lorsque ma tante se proposa de m’accueillir chez elle, je ne voulais pas la suivre. Je savais qu’elle allait me maltraiter. Donc, assise confortablement sur la branche maîtresse de l’arbre, je fais venir à moi, plus exactement sur l’écran du ciel que je vois entre les feuilles, la figure hideuse de Slima. Je décide qu’elle est laide. C’est de l’argile malléable. Je fais deux trous à la place des yeux et une grande déchirure horizontale à la place de la bouche. Le nez est coupé. Avec mes pieds, je donne des coups jusqu’à ce que tout se confonde et qu’on reconnaisse aucune forme humaine. Pourquoi la laideur de l’âme s’échappe-t-elle du coffre intérieur et couvre-t-elle le visage ? La laideur physique ne me fait pas peur. C’est l’autre chose que je crains parce qu’elle est profonde, elle vient de tellement loin. Sur le visage, elle s’affiche et fait le malheur. […] Ma tante avait la haine dans les yeux. » (p.13f.)

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La littérature de l’exil

par Victoria B. et Selen Y.

En raison de la guerre civile, Wajdi Mouawad a d’abord fui le Liban vers la France, puis a émigré avec sa famille au Canada. Cela fait de lui un écrivain issu de l’immigration. Il a dû fuir son pays natal et se déplacer au-delà des frontières nationales. Une telle biographie est caractéristique des auteurs de la littérature de l’exil. Contrairement aux grands écrivains du passé comme James Joyce, Paul Celan ou Franz Kafka, qui eux aussi ont dû abandonner leur pays d’origine à cause de la persécution religieuse ou politique ou pour d’autres raisons, la littérature de l’exil fait de la question de l’origine, des problématiques identitaires, du plurilinguisme et du traumatisme de l’exil et de la migration ses objets principaux. En Allemagne et dans le monde anglophone, ce mouvement littéraire s’est développé plus tôt qu’en France où il est moins bien défini et où l’on parle aussi de littératur de migration, de littérature interculturelle ou immigrée. On fait même au sein de ces catégories des différence entre les différents lieux de migration, selon que l’on traite de littérature québécoise, antillaise, africaine ou maghrébine.

Laurent Mauvignier

par Kathlin G. et Anna R.

  1. 1) Biographie
  2. 2) Le postmodernisme
  3. 3) L’œuvre
  4. 4) Test de connaissance

1) Biographie

Laurent Mauvignier, né à Tours en 1967, est un écrivain français qui occupe une place importante au sein de la littérature française contemporaine. Il étudie les beaux-arts à l’École des Beaux-Arts de Tours, dont il obtient le diplôme en 1991. En 1999, il publie son premier roman Loin d’eux aux Éditions de Minuit puis un deuxième roman Apprendre à finir. Les deux livres connaissent un grand succès. Depuis 1999, il a publié plusieurs autres livres aux Éditions de Minuit. Le grand succès qu’il connaît se reflète dans les nombreux prix qu’il remporte comme le Prix Fénéon, le Prix des libraires, le Grand prix de littérature de la SGDL et bien d’autres encore. De 2008 à 2009, Mauvignier a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et actuellement, il vit à Toulouse.

2) Le postmodernisme

Son œuvre intitulée « Des hommes illustre le courant du postmodernisme, qui à partir de 1989, joue avec les vieilles traditions. Ce courant est caractérisé par une grande intertextualité. C’est-à-dire qu’il y a de nombreuses références à des événements historiques, comme par exemple la guerre d’Algérie. Il est fréquent qu’il n’y ait pas de personnage principal héroïque ou sympathique. Le lecteur ne peut donc pas s’identifier facilement avec le protagoniste, qui est souvent un paria social. Ces caractéristiques négatives sont immuables et une évolution positive est catégoriquement exclue. Ce qui est frappant dans le récit de « Des hommes », c’est qu’il n’y a pas qu’un seul fil conducteur. Le récit ne se déroule pas de manière linéaire dans le temps ou dans l’espace. Au lieu de cela, les parties sont racontées encore et encore, il y a des sauts dans le temps, une dilatation de celui-ci, ainsi que de fréquents changements de perspective narrative avec un narrateur peu fiable.

3) L’œuvre

Depuis son premier roman, Laurent Mauvignier raconte des histoires qui sont rapportés par des personnages ordinaires qui parlent d’événements auxquels ils sont confrontés dans leur vie. Ses premiers romans n’excédant pas le cercle familial ont toujours trait à un traumatisme personnel. Ses récits ultérieurs toutefois traitent des traumatismes collectifs qui sont pourtant aussi abordé sous un angle personnel. Il y a des sujets, des époques, des histoires qui sont souvent étouffés, des moments qu’il ne faut pas raconter et dont on se souvient seul et en silence. Pour une génération de Français, la guerre d’Algérie est indéniablement une de ces périodes troublées qui touchent l’individu et que le collectif a longtemps refusé d’aborder. Or, c’est précisément ce thème que Laurent Mauvignier reprend dans son roman Des hommes (2009). C’est un roman qui relate comment la guerre ne se termine jamais pour ceux qui l’ont faite.

Références bibliographiques:

Bertrand, Michel/Alberto Bramati (2018). Écrire le contemporain – Sur l‘œuvre de Laurent Mauvignier. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence.

Die Literatur der Postmoderne – Merkmale der Epoche (studienkreis.de)

Mauvignier, Laurent – Romancier (laurent-mauvignier.net)

4) Test de connaissance

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Yasmina Reza

par Jule S., Sarah S. et Eva W.

  1. 1) Biographie
  2. 2) Ses œuvres
  3. 3) Test de connaissance

1) Biographie

Yasmina Reza est une écrivaine, scénariste et dramaturge française. Elle naît à Paris le premier mai 1959 et grandit dans un milieu bourgeois juif cosmopolite. Fille d’un ingénieur russo-iranien et d’une violoniste hongroise, qui sont tous les deux réfugiés du national-socialisme, elle a des racines internationales. Pendant son enfance, son histoire de famille turbulente la distingue beaucoup de ses camarades, mais elle voit cela comme privilège. Elle insiste sur le fait que la majeure partie de son travail est autobiographique. Reza se décrit comme une enfant assez solitaire et isolée. A l’âge de huit ans, elle écrit son premier poème, La Mort et la Vie. Guidée par sa passion pour le théâtre et l’écriture, elle s’inscrit en 1984 au cours Jacques Lecoq après avoir obtenu une licence de sociologie et un diplôme d’études théâtrales à l’université de Nanterre. Au cours de son parcours professionnel, Reza travaille non seulement comme écrivaine, mais aussi comme comédienne, actrice de théâtre et de cinéma et comme scénariste et dramaturge.

2) Ses œuvres

Sa première pièce de théâtre Conversations après un enterrement lui vaut déjà le Molière du meilleur auteur en 1987. Au cours de sa carrière, elle écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Art, publiée en 1994, est la plus connue et prestigieuse. Sa pièce Le Dieu du carnage (2006) a même été portée à l’écran en 2011. De plus, elle écrit plusieurs romans, comme par exemple Heureux les Heureux (2013) et Babylone (2016), pour lequel elle reçoit le Prix Renaudot 2016. Elle est auteure de nombreux autres récits, essais et scripts. Ses œuvres traitent principalement de thèmes autobiographiques. Elle est inspirée par ses propres expériences et observations des relations humaines quotidiennes. Ses œuvres contiennent des thèmes assez sérieux et graves, mais Reza les présente de manière très comique et ironique. Ses pièces de théâtre notamment sont dominées par le non-dit et un style elliptique, ce qui permet aux spectateurs/lecteurs et aux acteurs une grande liberté d’imagination et d’interprétation.

2.1 Réception

Peut-être est-ce cette façon de traiter de sujets profonds qui attire une variété de spectateurs et rend Yasmina Reza la dramaturge française contemporaine la plus jouée dans le monde. Ses œuvres sont traduites dans plus de trente langues et sa pièce de théâtre la plus connue, Art, était jouée dans cinquante-sept pays.

3) Test de connaissance

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Assia Djebar

par Myra, Amelie et Naomi

  1. 1) Biographie
  2. 2) Ses œuvres et ses langues
  3. 3) Test de connaissance

1) Biographie

Née le 30 juin 1936 en Algérie et morte le 7 février à Paris en 2015, Assia Djebar fait partie des écrivaines francophones et maghrébines les plus renommées. Elle est non seulement écrivaine de romans, essais et nouvelles mais aussi cinéaste, dramaturge, professeure et historienne.

Assia Djebar, dont le vrai nom est Fatima-Zohra Imalayène naît à Cherchell en Algérie. Elle va à l’école française, d’abord en Algérie et plus tard au lycée à Paris. Très bonne élève, elle devient la première femme algérienne et la première musulmane à entrer à « l’École normale supérieure », une institution française prestigieuse. En 1955 elle y commence ses études d’histoire. Très marquée par la Guerre d’Algérie, elle décide de suivre les consignes de grève de l’Union générale des Étudiants musulmans algériens (UGEMA) et ne passe pas ses examens. Elle sera exclue de l’École. Malgré ou grâce à ces incidents elle écrit son premier roman « La Soif » en 1957 à l’âge de 20 ans, puis son deuxième « Les Impatients » l’année suivante. C’est alors qu’elle choisit le pseudonyme Assia Djebar. Assia signifie consolation, Djebar l’intransigeance.

2) Ses œuvres et ses langues

De nombreux ouvrages suivent, tels que « Les enfants du nouveau monde », « Femmes d’Alger dans leur appartement » ou « Le blanc d’Algérie ». Ses livres traitent à plusieurs reprises des tentatives d’émancipation des jeunes femmes arabes. Ils racontent des pensées et des désirs, de la réalité de la vie algérienne, ce que personne d’autre n’osait dire. Avec ses livres, Assia Djebar réussit à rompre le silence éternel des femmes arabes en les racontant et en insistant sur le désir de liberté.. En abordant ces thèmes Assia Djebar se distingue du regard des écrivains à son époque et devient un symbole de la nouvelle génération d’écrivains algériens. Pourtant, elle est aussi une femme controversée – si elle représente une auteure fabuleuse qui parle des minorités et de l’oppression, on lui reproche également de rejeter les traditions et ainsi ses origines. Dans ce contexte, il existe chez elle aussi un déchirement intérieur vis-à-vis de ses langues : sa langue maternelle, le berbère et le français. Le français est à la fois sa langue intellectuelle et la langue de « l’oppresseur colonialiste ». C’est d’ailleurs ce qu’on lui a toujours est reproché : d’être une écrivaine solidaire avec les femmes algériennes, mais en même temps d’être une femme privilégiée utilisant la langue du colonialiste. Néanmoins, Assia Djebar compte au nombre des pionnières féminines au Maghreb. En 2000 elle reçoit le « Prix de la paix des libraires allemands » et plusieurs nominations pour le prix Nobel de littérature. De plus, en 2005, Assia Djebar est élue à l’Académie française, une institution de littérature française de grande renommée.

3) Test de connaissance

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