Didier Eribon
par Linus J. et Alina T.
1) Biographie
Didier Eribon, né le 10 juillet 1953 à Reims, est un sociologue et philosophe français. Fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, Eribon grandit dans la classe populaire. Premier membre de sa famille à étudier dans une université, il fait des études de philosophie à l’université de Reims qu’il poursuitensuite à Paris. Après avoir arrêté ses études, Eribon travaille pour les journaux Libération et Le Nouvel Observateur. C’est ainsi qu’il entre en contact avec Michel Foucault et Pierre Bourdieu. En 2009, l’université d’Amiens lui offre le poste de professeur de sociologie qu’il accepte. Au printemps 2021, il est professeur invité à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich.[1]
2) Influences littéraires
Didier Eribon a rédigé de nombreuses publications pendant sa carrière. En tant que journaliste, il a traité des thèmes littéraires et philosophiques. Ses premières publications étaient plutôt une prolongation de son travail journalistique et n’avaient pas de traits (auto-)biographiques (p.ex. Entretiens avec Georges Dumézil, 1987).[1] Son travail biographique sur Michel Foucault (Michel Foucault, 1989) l’a initié à la biographie, mettant à jour de nouvelles prétentions dans ses propres publications.[2] Foucault, qui prenait soin de cacher sa vie privée au public, voyait la biographie comme une histoire collective, ce qui a inspiré Eribon à inventer son propre style. Le contact intensif avec Pierre Bourdieu et l’étude de ses autoportraits l’aident à reconnaître et à surmonter sa honte sociale.[3]
L’autosociobiographie
Ces inspirations et aussi la lecture de textes autobiographiques d’autres auteur.e.s (p. ex. Annie Ernaux)[4], lui ont donné des instruments pour écrire des livres comme son best-seller Retour à Reims (2009). On peut désigner cette forme d’écriture « autosociobiographie », un mélange de mémoire individuelle et d’expérience collective.[5] Dans cette œuvre, il raconte l’histoire de sa famille, de son enfance et de sa fuite de la classe sociale ouvrière. Le livre traite aussi de thèmes comme la politique, le fait de grandir en tant qu’homme homosexuel dans une société homophobe et son ascension intellectuelle, tout cela étant décrit de manière plutôt neutre et factuelle.[6] Il relie ses expériences personnelles aux théories sociologiques et cite beaucoup de textes théoriques. Retour à Reims a été un grand succès dans beaucoup de pays et a été traduit dans de nombreuses langues et aussi mis en scène dans les grands théâtres de Paris, Berlin, New York, etc.[7] Paru en Allemagne plusieurs années plus tard, en 2016, Retour à Reims a été salué dans les médias et a ravivé le discours public autour des thèmes évoqués.[8]
En outre, Eribon a publié plusieurs essais théoriques, comme Réflexions sur la question gay (1999) et La société comme verdict (2013), dans lesquels il approfondit des thèmes comme l’homosexualité et la société de manière plus générale.[9]
[1] Vgl. Pranger, Katharina (2018): „Der Biograf des antibiografischen Feldes: Didier Eribons Rückkehr nach Reims.“ Le Foucaldien 4 (1), S. 1-16.
[2] Vgl. Ebd.
[3] Vgl. Ebd.
[4] Vgl. Ebd.
[5] Vgl. Rieger-Ladich, Markus; Grabau, Christian (2018): „Didier Eribon. Porträt eines Bildungsaufsteigers.“ Zeitschrift für Pädagogik 64 (6), S. 788-804, hier: S. 791-793.
[6] Vgl. Eribon, Didier (2009): Retour à Reims. Paris: Flammarion.
[7] Vgl. Rieger-Ladich, Markus; Grabau, Christian (2018): „Didier Eribon. Porträt eines Bildungsaufsteigers.“ Zeitschrift für Pädagogik 64 (6), S. 788-789.
[8] Vgl. Ebd., S. 788.
[9] Vgl. Eribon, Didier (2016): Principes d‘une pensée critique. Paris: Fayard.
3) L’engagement public
Dans ses œuvres aussi bien que dans le public, Didier Eribon lutte contre la discrimination des homosexuel.le.s et de la classe populaire avec lesquels il se solidarise. C’est pour cet engagement que le Brudner prize lui a été accordé en 2008 par l’université de Yale. Trois ans plus tard, le même prix a été donné à un auteur à qui Eribon faisait des reproches de l’avoir plagié. Parce que le plagiat n’a pas été sanctionné par le comité du prix, Eribon a décidé de le rendre.[1]
Luttant notamment contre l’injustice sociale en France en critiquant le système scolaire et la politique financière du gouvernement d’Emmanuel Macron, Didier Eribon ne cache pas son aversion pour les personnes responsables et provoque ainsi des scandales. C’est pour cela qu’il a refusé de participer à la cérémonie d’ouverture de la Frankfurter Buchmesse en 2017 à laquelle Emmanuel Macron était également invité. [2]
Avec ses amis, le sociologue Geoffroy de Lagasnerie et l’auteur Edouard Louis, il forme un nouveau cercle d’intellectuels de gauche en France. [3]
[1] Espargillière, Fanny (2011): „Affaire de plagiat: Didier Eribon rend son Brudner Prize“, L’Obs. 25 mai 2011.
<https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20110525.OBS3900/affaire-de-plagiat-didier-eribon-rend-son-brudner-prize.html> [consulté le 08 juillet 2021].
[2] O. A. (2018): „Eribon, Didier“, Eintrag in Munzinger Online/Personen – Internationales Biographisches Archiv. <https://www.munzinger.de/search/portrait/didier+eribon/0/31270.html> [consulté le 08 juillet 2021].
[3] Dryef, Zineb (2018): „Edouard Louis: la vie avec ses frères d’armes et d’esprit“, Le Monde. 10 août 2018. <https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/08/10/edouard-louis-la-vie-avec-ses-freres-d-armes-et-d-esprit_5341064_4497186.html> [consulté le 08 juillet 2021].
Bibliographie
Espargillière, Fanny (2011): „Affaire de plagiat : Didier Eribon rend son Brudner Prize“, L’Obs.
<https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20110525.OBS3900/affaire-de-plagiat-didier-eribon-rend-son-brudner-prize.html> [consulté le 08 juillet 2021].
O.A. (2021): „Didier Eribon, professeur invité à Zurich“, Ambassade de France en Suisse et au Liechtenstein
< https://ch.ambafrance.org/Didier-Eribon-professeur-invite-a-Zurich> [consulté le 20 juillet 2021].
O. A. (2018): „Eribon, Didier“, Eintrag in Munzinger Online/Personen – Internationales Biographisches Archiv. <https://www.munzinger.de/search/portrait/didier+eribon/0/31270.html> [consulté le 08 juillet 2021].
Dryef, Zineb (2018): „Edouard Louis: la vie avec ses frères d’armes et d’esprit“, Le Monde. <https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/08/10/edouard-louis-la-vie-avec-ses-freres-d-armes-et-d-esprit_5341064_4497186.html> [consulté le 08 juillet 2021].
Pranger, Katharina (2018): „Der Biograf des antibiografischen Feldes: Didier Eribons Rückkehr nach Reims.“ Le Foucaldien 4 (1), S. 1-16.
Rieger-Ladich, Markus; Grabau, Christian (2018): „Didier Eribon. Porträt eines Bildungsaufsteigers.“ Zeitschrift für Pädagogik 64 (6), S. 788-804.
Gutzeit, Angela (2017): „Der sanfte Rebell: Neue Bücher von Didier Eribon.“ Deutschlandfunk. <https://www.deutschlandfunk.de/neue-buecher-von-didier-eribon-der-sanfte-rebell.700.de.html?dram:article_id=403081> [consulté le 27 juin 2021].
Eribon, Didier (2009): Retour à Reims. Flammarion.
Eribon, Didier (2016): Principes d‘une pensée critique. Fayard.