« Kolonialwaren » – magasin à Hambourg Photo: Wiebke A.
„Franzbrötchen“, „Alsterpavillon“ ou „Rotspon“ : la France est visible partout dans notre vie quotidienne à Hambourg. Mais à part ces vestiges assez connus, on trouve par ailleurs d’autres traces françaises, par exemple dans l’histoire de notre port géant – et dans les biographies et l’origine de la richesse de plusieurs familles de commerçants hambourgeois.
Le port de Hambourg existe depuis
environ 1189, mais ce n’est qu’à partir du 15ème siècle qu’il
commence à importer et vendre du sel et du vin venant de la France.
Dès le début du 16ème siècle
existe une liaison fréquente entre le port de Hambourg et celui de Rouen, en
Normandie. C’est aussi à cette époque-là que beaucoup de huguenots viennent
s’installer à Hambourg et avec eux s’établit une relation étroite entre la
ville hanséatique et une ville française : Bordeaux. Malgré les relations
de plus en plus étroites entre Hambourg et la France, les Hollandais restent
néanmoins les plus présents dans les ports français.
1672 est l’année qui change tout
: pendant la guerre franco-hollandaise, les Hollandais perdent leur influence sur
les commerces de Bordeaux. La neutralité de la ville de Hambourg lui permet de
sortir gagnante de ce conflit. Hambourg devient une concurrence pour les
commerçants hollandais et est nommée « la petite Amsterdam du Nord ». En 1655
naît le premier contrat commercial entre la France et trois villes hanséatiques
: Hambourg, Brême et Lübeck.
En 1714, la ville de Hambourg
reçoit même une lettre du roi Louis XIV débutant par les mots « Très chers et
bons amis … » et expliquant que la France est heureuse d’annoncer
l’installation d’un ambassadeur à Hambourg. Les relations diplomatiques entre
Hambourg et la France sont nées.
Le 1er avril 1769 est signé, sous
le règne de Louis XV, un Traité de Commerce entre la France et la ville de Hambourg,
et ce document marque la naissance d‘une relation commerciale qui dure
jusqu’aujourd’hui : la France est aujourd’hui encore le partenaire commercial
le plus important du port de Hambourg – avant la Chine, les Pays-Bas, la Grande
Bretagne et les États-Unis.
La ville de Hambourg n’a jamais connu de noblesse royale, mais le succès du port a créé une autre forme de noblesse : la noblesse hanséatique. Beaucoup de familles hambourgeoises travaillaient dans l’export et l’import des produits venant d’outremer, parmi lesquels se trouvaient aussi des produits coloniaux. D’après Jürgen Zimmerer, professeur à l’Université de Hambourg et chef du projet Hamburgs (post-) koloniales Erbe/Hamburg und die frühe Globalisierung, Hambourg était la ville allemande qui a le plus profité de la colonisation et qui a été le plus intensivement impliquée dans le colonialisme européen – grâce à son port, „porte ouverte vers le monde“. Entre 1730 et 1740, Hambourg est un partenaire commercial de premier plan pour les produits coloniaux français.
Pour certaines familles
hambourgeoises, la colonisation a permis d’établir une fortune colossale. Ainsi,
Heinrich Carl von Schimmelmann exportait des armes et de l’alcool produit à
Hambourg vers les pays africains, et en contrepartie, il transportait des
esclaves vers les colonies européennes. La compagnie Jantzen & Thormählen
dirigeait la plus grande plantation d’Afrique de l’Ouest, au Cameroun.
Jusqu’aujourd’hui, on peut
trouver ces traces de la colonisation à Hambourg, par exemple dans le noms des
rues, mais aussi dans les musées. Le président français Emmanuel Macron a
annoncé sa volonté de restituer aux pays africains les biens culturels pillés
pendant la colonisation et avec cette annonce, il a aussi généré une certaine
pression sur les musées allemands.
Dans le Museum für Kunst und Gewerbe, on trouve ainsi actuellement trois
bronzes du Bénin qui ont été dérobés pendant la colonisation et qui ont été
achetés par Julius Brinkmann, le premier directeur du musée. Mais aujourd’hui,
il n’a pas été décidé de restituer ces bronzes au Bénin, mais de les garder
dans le musée.
Nous voici arrivés au terme de notre petite excursion dans l’histoire franco-hambourgeoise. On a vu l’évolution de la relation commerciale entre notre port et ceux de la France, on a pu évoquer l’implication de la ville de Hambourg dans le colonialisme européen : l’histoire franco-hambourgeoise est en effet fortement liée à la colonisation.
Cet article a été rédigé parWiebke A., étudiante en Master de Pédagogie spécifique et de français à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur:
Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le
soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
L’église « Kleiner Michel » est une église catholique du centre-ville de Hambourg. Elle est un lieu où des hommes et des femmes de cultures différentes peuvent se retrouver ensemble pour entendre la parole de Dieu et pour se rappeler à Lui. Aujourd’hui, la communauté du « Kleiner Michel » comprend non seulement des chrétiens de toute l’Europe, mais également d’Afrique, d’Asie et d’Amérique. Une porte sur le monde au cœur de la ville. Cette église vous raconte son histoire…
„Servate unitatem spiritus in vincula pacis“ (Eph 4,3) A écrit l’architecte français sur ma porte, Avec une signification si forte : « Étant soigneux de garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. » La paix n’est pas qu’une promesse, mais une réalité. Néanmoins pour l’Homme, il manque souvent la sincérité. Vous vous demandez « Pourquoi » ? Attendez, je vous raconte mon histoire… Au commencement, en 1600, j’étais une église de cimetière, C’est pourquoi ils me baptisèrent du nom de l’archange Michaël. Parce que c’est lui qui est considéré comme le compagnon des âmes au paradis. Puis, en 1647, la communauté m’a agrandie, En construisant près de moi une église plus grande et jolie. Et moi, de temps en temps, j’avais à lutter contre une maladie, Je suis tombée en ruine et en 1747, ils m’ont démolie. Quelques années après, en 1757, je suis revenue à la vie. Et en 1807, le premier service public catholique, dont j’étais vraiment ravie, Eut lieu derrière mes portes avec l’aide de Dieu. Ma salle remplie par une foule de croyants modestes et pieux. Peu de temps plus tard, de 1811 à 1814, Hambourg appartenait à la France, Sous l’empereur Napoléon Ier qui a déclenché de rudes années de guerre et de souffrance. Néanmoins, à cette époque, j’ai reçu pour une deuxième fois un beau nom, D’après l’archevêque « Ansgar » originaire de France, imaginons ! Parmi les Français, il est connu sous le nom de « Anschaire de Brême », Un homme d’Église du Haut Moyen Âge, évêque de Hambourg et de Brême, quelle image ! Mon édifice, mon échafaudage, si saint et béni, mais vulnérable aussi : la Seconde Guerre mondiale a fait de moi un monceau de ruines. Mais en 1952, la France m’a reconstruite et était encore une fois mon héroïne, En faisant resplendir la lumière de Dieu à nouveau sur ma poitrine. Aujourd’hui, en face de mes portes, se trouve une figure de « Charlemagne », aussi empereur de la France, Pour les croyants et pour tout le monde : un rappel essentiel et un signe d’espérance. Toute mon histoire vous montre parfaitement, Qu’il nous faut parfois un nouveau départ à un moment, Quand tout autour de vous semble se briser, Et quand personne n’ose s’engager, A ce moment-là, l’appel de Dieu se montre, De ne perdre jamais l’espoir et d’être patient. De tenir ensemble, frères et sœurs, Quelle que soit la douleur. Aujourd’hui je suis située à proximité du centre-ville, Fière et confiante, tout sauf fragile, Les portes ouvertes pour mes croyants, Jeune ou vieux et de différentes cultures en ayant Un cœur pour les autres tout comme Dieu l’a pour nous, Et c’est ce qui très important, je vous l’explique à vous : «On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux.» Alors, c’est la fin du voyage, Un voyage dans l’histoire pour avoir une image, De ce que je suis et de ce qui s’est passé, En espérant que la leçon de cette histoire vous avez tirée.
Cet poème a été rédigé par Mehria Sedik, étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
La pâtisserie française est probablement l’une des plus connues au monde.
Grâce à ses créations extraordinaires, elle jouit d’une grande popularité. Bien
sûr, elle est également représentée à Hambourg.
La pâtisserie est très à la mode, mais
la cuisson est un art difficile. Quiconque a déjà apprécié l’œuvre d’art d’un
pâtissier le sait. Qui peut d’ailleurs résister quand il passe devant une
boulangerie ou une pâtisserie à Hambourg et que toutes ces friandises lui sourient
? On pense naturellement aux gâteaux et aux tartelettes traditionnelles, comme
la tarte au citron meringuée, l’éclair (« au café » ou « au chocolat »)
ou au millefeuille, mais il existe aussi une multitude de friandises bizarres
et créatives qui sont de plus en plus appréciées, sans parler des petits
gâteaux à la crème ou au chocolat délicieux qui sont également très savoureux.
Si vous allez tôt le matin à la boulangerie pour acheter un croissant ou une
baguette, cette merveilleuse odeur de pâte fraîchement cuite s’élève vers vous
et c’est tout simplement merveilleux !
En dehors de ces douces tentations, le
terme français « pâtisserie » peut être traduit par le mot allemand
« Konditorei ». En France, elle comprend diverses activités
culinaires avec une touche sucrée. La pâtisserie est disponible en magasin,
mais aussi dans les bistros ou dans les restaurants haut de gamme. Comme il n’existe
pas de formation correspondante en Allemagne, les cuisiniers et les pâtissiers
se chargent de ce travail. La vie en Allemagne « repose aussi beaucoup sur
des choses bureaucratiques. Rien ne fonctionne sans l’administration »
(Thomas Horn) avec les papiers correspondants : ainsi, il faut avoir un
diplôme de maître artisan ou un titre de maître pour pouvoir vendre ses
produits de boulangerie/pâtisserie en Allemagne.
Mais pour accéder au sommet de la
gastronomie ou de la pâtisserie, il faut acquérir le plus d’expérience
possible, y compris à l’étranger. Bien que l’Allemagne soit un pays pionnier en
raison de la formation en alternance qu’elle propose, il n’y a pas d’autre
choix, pour la pâtisserie, que d’aller en France « car la France est le
pays le plus apprécié pour sa gastronomie aussi bien en cuisine qu’en
pâtisserie « (Anne Coruble). Les Français accordent également à leur
nourriture une valeur tout à fait différente de celle des habitants de
Hambourg, par exemple. C’est peut-être aussi l’une des raisons pour lesquelles
les boulangeries et pâtisseries allemandes ont une réputation moins positive
qu’en France. En France, il y a beaucoup de reconnaissance à cet égard et plus
d’estime.
Par ailleurs, la sérénité et la
sensibilité des Français sont à considérer. Ils représentent –
« contrairement à l’Allemand trépidant – une philosophie de la vie
complètement différente et pourtant, ils sont très précis dans leur
métier » (Thomas Horn). La donne est différente outre-Rhin : « en
raison des changements mondiaux, l’Allemagne a eu tendance à se tourner vers la
production de machines et perd de vue son savoir-faire artisanal » (Nissa
Groening).
En outre, la France met davantage l’accent
sur des compositions nouvelles, inhabituelles et créatives, et expérimente donc
généralement davantage, de sorte que plus de combinaisons aromatiques sont
créées. Qui ne souhaite pas ressentir une nouvelle explosion de goût dans sa
bouche ?
Mais nous, les Hambourgeois, aimons aussi toujours beaucoup le traditionnel gâteau au fromage blanc et à la crème fouettée ou le « Frankfurter Kranz ». Cela peut être un peu comparé à la mode : les gens sont toujours prêts à adopter de nouvelles tendances, mais si certaines ne durent que quelques années, les plus anciennes ne disparaissent jamais vraiment. Dans une certaine mesure, cela s’applique aussi à la pâtisserie.
Néanmoins, la pâtisserie française
reste l’une des plus populaires parce qu’elle rassemble différents arts. Pour
ceux qui veulent s’y former à l’étranger et acquérir de la notoriété, aller en
France semble indispensable pour l’apprentissage du plaisir culinaire, même si,
peu à peu, « les pays étrangers tendent à se faire connaître même s’ils
n’ont pas les mêmes matières premières de qualités que l’on [y] trouve. Le
Japon est très fort aussi et très précis » (Anne Coruble), par exemple.
Faut-il en conclure que nous devons faire
évoluer un peu notre artisanat allemand ? Oui, certainement, nous devrions le
faire. Un peu de changement ne fait jamais de mal, n’est-ce pas ?
Cet article a été rédigé par J, étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Dans le cadre du projet, j’ai eu l’opportunité de rencontrer deux femmes, Hilke Maunder du blog « Mein Frankreich » et Florence Coantic du blog « Mon Hambourg », qui écrivent d’un côté sur les particularités françaises et de l’autre sur la vie française à Hambourg. Et je me suis surtout intéressée aux histoires que ces femmes ont vécues avec les deux cultures et aux raisons pour lesquelles elles ont commencé à écrire ces blogs.
Hilke Maunder, auteure du blog « Mein Frankreich», est allemande, elle vit à Hambourg et en France. Elle a étudié la philologie anglaise et la littérature allemande, et elle travaille depuis toujours comme journaliste et, depuis plusieurs années, comme bloggeuse spécialisée sur les voyages. Elle entretient une relation avec la France depuis son enfance : à l’âge de 15 ans, elle a fait Inter Rail et est venue pour la première fois en France. Là, elle a vécu son premier baiser au bord de la Seine avec un étudiant de la Sorbonne qui jouait à la pétanque et incarnait à ses yeux le romantisme absolu ! Hilke n’est pas seulement tombée amoureuse de lui, mais aussi – et surtout ! – de la France.
Florence Coantic, auteure du blog « Mon Hambourg», est française, originaire de Bretagne, vit aussi à Hambourg et adore cette ville. Chez elle, nous trouvons aussi le chiffre 15, car elle vit déjà depuis 15 ans dans notre ville. Elle a en effet une relation avec l’Allemagne depuis l’école, où elle avait choisi l’allemand comme première langue étrangère. Pendant ses études de philologie allemande et anglaise, elle a passé un semestre en échange Erasmus ici. Plusieurs années plus tard, l’amour et le travail l’ont à nouveau menée dans le nord de l’Allemagne, précisément à Hambourg. Florence ne se considère pas comme bloggeuse de voyage, mais plutôt comme une plateforme, comme un pont entre deux cultures.
Autrefois, Hilke a utilisé son blog surtout comme sa propre archive, pour collecter et pour mémoriser des informations, mais aussi comme référence à son métier de journaliste. Ensuite, son blog a grandi et est devenu un support de communication à part entière. Hilke s’efforce de montrer la diversité culturelle et pas seulement des clichés en présentant le pays et ses habitants. Elle dit œuvre très modestement à la paix entre ces deux cultures en soutenant la compréhension et la curiosité pour l’autre pays. Le blog « Mein Frankreich » est ainsi un mélange entre mainstream et pépites isolées et donne en plus des idées pour des livres, des recettes et des restaurants.
De son côté, Florence
a commencé son blog parce qu’elle s’est rendue compte qu’il y avait beaucoup de
Français qui venaient à Hambourg pendant quelques années puis repartaient sans
vraiment connaître ni la ville ni la culture. A l’inverse, quelques
Hambourgeois avaient envie de découvrir la vie française à Hambourg : des Allemands
francophiles, mais pas tous francophones. C’est pour toutes ces personnes
qu’elle a finalement décidé d’écrire son blog dans les deux langues. Elle
choisit des idées qui lui plaisent, des gens au parcours riche ou inhabituel ou
des entreprises intéressantes. Elle fait des comparaisons entre la France et
l’Allemagne, sur un mode sérieux ou moins, parle parfois d’aspects spécifiques,
connus ou méconnus de Hambourg et aime tout ce qui n’est pas mainstream.
Ce que les deux femmes ont en commun, c’est la curiosité. Quand on explore une autre culture, on doit être curieux. En outre, elles aiment Hambourg. Passer un jour au bord de l’eau ici au bord de l’Elbe, au port, voir les grands bateaux ou prendre le ferry, cela leur donne l’impression d’être en vacances. Quand je leur ai demandé quel était leur pays préféré, elles ont répondu la même chose : elles aiment les deux. Florence dit que c’est une grande richesse de vivre avec les deux cultures tous les jours : «J’ai deux Heimaten». Hilke partage cette déclaration d’amitié franco allemande. Si elle se sent parfois un peu étrangère à Hambourg après un long séjour en France, elle adore ici le mélange entre l’espace ouvert et la liberté.
Hilke voyage beaucoup
en France pour son blog et son travail de journaliste, elle en connaît tous les
recoins et les particularités et a un cercle amical en France et ici. Sa fille
a passé son baccalauréat à l’école française de Hambourg et grâce à sa maison dans
les montagnes du sud de la France, elle a réalisé son rêve d’avoir un domicile
dans les deux pays. Ce qu’elle souhaiterait : que Hambourg adopte l’esprit
de tolérance des Français et apprécie davantage la bonne chère !
Il y a dix ans,
Florence revenait de France avec un coffre plein de produits français.
Aujourd’hui, elle trouve tout ici, de bons croissants (elle n’aime pas les
Franzbrötchen et préfère les croissants 😊) et même le beurre salé typiquement breton. Ce qu’elle
désirerait : plus de livres français dans les librairies et plus de gaieté
et de légèreté chez les Hambourgeois. Elle admet qu’elle apprécie de pouvoir
aller au cinéma ou au théâtre en français quand elle rentre en France. Mais
elle se sent à la maison ici, car elle a sa petite culture française à
Hambourg.
Les deux bloggeuses ne travaillent pas seulement pour leurs blogs entre France et Allemagne mais aussi dans leurs métiers : Hilke a fait de son passe-temps son métier et travaille de manière indépendante en tant que journaliste. Elle est sûre qu’il y a aujourd’hui beaucoup d’opportunités pour nous, étudiant.e.s en sciences humaines, habitué.e.s à réfléchir selon des perspectives multiples et à trouver des solutions transversales. A ses yeux, la culture (dont fait partie la littérature) et l’approche scientifique sont un bon mélange grâce auquel on peut changer beaucoup de choses. Pour elle, l’époque est favorable à ceux qui aiment travailler de manière indépendante (et non en entreprise) et qui adorent penser différemment. Voir à ce sujet son interview de Jean Blaise : „Die Kraft der Kultur, Zukunft zu schaffen“.
Florence, elle, travaille
tous les jours en relation avec la France en tant que conseillère en ressources
humaines dans le secteur privé et affirme que, là aussi, les besoins en
connaisseurs du franco-allemand sont importants.
Quoi qu’il en
soit, les parcours de Hilke Maunder et Florence Coantic nous montrent, à nous
étudiant.e.s de sciences humaines et tout particulièrement de français, des chemins possibles après avec nos études, et c’est
très encourageant !
Hilke nous recommande
absolument un semestre en échange Erasmus en France. Florence dit aussi que
quand on a la chance de vivre avec deux cultures, on apprend la tolérance, à accepter
et à comprendre des gens qui sont différents et qui viennent d’autres horizons.
Florence nous
conseille de profiter de la culture parce que pour elle, c’est le meilleur
moyen d’avoir accès à une langue. Or, Hambourg est une ville ouverte sur la
culture français : aller à l’Institut français, où on peut rencontrer des
écrivains ou assister à des manifestations interculturelles, assister au festival
« arabesques », emprunter des romans contemporains à la bibliothèque publique
centrale à Hühnerposten, tout cela est possible et même fortement
conseillé !
Alors n’hésitez plus : abonnez-vous aux newsletters Mein Frankreichet Mon Hambourgde ces deux femmes ouvertes, chaleureuses et passionnantes !
Cet article a été rédigépar Nicole Puteick, étudiante en Master de Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Une interview avec Mme Ditta Friedrich, lectrice chez Rowohlt
Lorsqu’on étudie la philologie française, on doit toujours répondre à la question : que veux-tu faire après tes études ? Si on n’a pas envie de travailler à l’école comme professeur, la réponse est assez difficile. Pour beaucoup d’étudiants qui s’intéressent à la littérature, les métiers d’édition paraissent intéressants, surtout pour ceux qui étudient les langues. Devenir traducteur, quel rêve ! Mais comment se lancer dans la traduction, comment établir des contacts, comment trouver un livre à traduire? J’ai pu m‘entretenir avec Mme Ditta Friedrich, lectrice de la maison d’édition Rowohlt, du métier de traducteur et du processus de la traduction.
Wiebke B. (W.B.) : Merci beaucoup d‘avoir pris le temps de faire une petite interview avec moi ! Le semestre dernier, j’ai suivi un cours de traduction à l’Université et découvert le plaisir de transférer un texte d’une langue à une autre. Du fait que j’ai fait un stage chez Rowohlt l’année dernière et que j‘y travaille maintenant en freelance, je sais que l’éditeur publie un grand nombre de livres étrangers. Donc, aujourd’hui, j’aimerais en savoir plus sur le processus de la traduction littéraire dans une maison d’édition. Et voici ma première question : lorsque vous avez décidé de publier un livre étranger, par exemple un ouvrage français, comment trouvez-vous un traducteur ?
Ditta Friedrich (D.F.) : Autrefois, il existait des traducteurs employés par les maisons d’édition, chez Rowohlt aussi – mais je crois qu’il y avait surtout des traducteurs qui traduisaient de l’anglais, pas du français. Aujourd’hui, les traducteurs travaillent en freelance et nous les chargeons de la traduction d’un livre concret. Normalement, nous nous adressons à des traducteurs que nous connaissons déjà, c’est-à-dire avec lesquels nous avons déjà travaillé ou qui nous ont été recommandés par un collègue.
W.B. : Alors il doit être difficile de s’établir comme traducteur ?
D.F. : Oui, c’est vrai. On peut bien sûr essayer de se faire connaître en envoyant un échantillon de son travail, mais en général, il faut de bons contacts qu’on peut établir en commençant par un stage dans une maison d’édition, par exemple. L’accès est plus facile si les lecteurs te connaissent déjà et ont donc confiance en toi.
W.B. : Parlons du processus de la traduction littéraire. Peut-elle être dans une certaine mesure „libre“ ou doit-on traduire le texte plutôt littéralement ? C’est une question dont nous avons souvent discuté dans notre cours de traduction à l’Université.
D.F. : C’est une question très importante. Cela dépend du genre du texte et également de l’auteur. Pour les textes littéraires, le langage et le choix des mots sont plus importants que pour les textes commerciaux, donc le traducteur n’est pas vraiment „libre“. Mais même pour des romans ou des textes littéraires, il est important de ne pas traduire chaque mot littéralement et de respecter plutôt l’effet du texte, qui doit rester le même dans les deux langues. Quelquefois, nous avons même dû changer des noms, ce qui est possible dans la littérature commerciale. Dans un livre, la protagoniste s’appelait Solange : en allemand, le lecteur lit « so lange » (si longtemps), ce qui peut être dérangeant. Mais bien sûr, il est essentiel de toujours dialoguer sur ces questions avec l’auteur !
W.B. : Une dernière question : combien de livres français l’éditeur Rowolt publie-t-il par an ?
D.F. : Je ne connais pas le nombre exact, mais après les romans anglophones et les livres scandinaves, ces derniers principalement des policiers, les traductions du français se trouvent à la troisième place, et à la même place que les traductions de l’italien. En général, nous publions surtout des ouvrages littéraires français, mais aussi quelques romans sentimentaux, des polars et de temps en temps un ouvrage de non-fiction.
W.B. : Merci beaucoup d‘avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions ! J’ai vraiment pu apprendre un grand nombre de choses très intéressantes. Merci encore une fois et à bientôt !
Cet article a été rédigé par Wiebke B., étudiante en licence de français et de philosophie à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Un soir d’automne comme ceux que l’on aime tant, une atmosphère douce et agréable, une peinture des plus marquantes, une personnalité hors du commun. Simplement la promesse d’un avenir révélateur.
Un ciel couchant m’apaisant de toute part. Un souffle léger balayant le visage. Le regard tourné vers l’horizon. Les yeux éblouis par les reflets scintillants de l’eau. Cette Seine infinie, calme et tranquille. Ces couleurs d’automne aussi puissantes les unes que les autres. Alors je passai le seuil de ma porte et avançai pas à pas, les idées vagabondes, vers ce qui faisait battre mon cœur chaque jour. Ce petit bout de jardin de Giverny parsemé de flaques, de marais et de joncs. Ce petit pont me permettant de déambuler dans cet espace renfermant mille et une surprises. Ces arbres, ces arbustes, ces buissons. Tant de couleurs attirant mon regard. Cette eau toujours changeante. Ces reflets si brefs et si beaux. Prudemment, les pieds au bord de l’étang, je touchai avec tendresse les minces feuilles des nymphéas et saisis avec précaution une de leurs fleurs. Rose pâle, rose vif, jaune au milieu. Tout à coup, la douce voix d’Alice résonna dans mon dos. La lettre est arrivée aujourd’hui. La nouvelle d’un avenir lointain et incertain. Monsieur Lichtwark, célèbre historien de l’art, donnait suite à notre précédente rencontre. Rencontre à l’occasion d’une exposition récente de mes amis Manet, Sisley, Renoir et Bazille. De grands hommes respectables tout du moins. Monsieur Lichtwark, ainsi que quelques-uns de ses camarades, avaient alors voyagé longuement depuis Hambourg jusque Paris afin de découvrir notre art « nouveau ». Art tout d’abord critiqué ; depuis peu acclamé et aimé par le grand public français. Art que nous avons tenté, sans aucune modestie de ma part, de développer ensemble. Peut-être pourrions-nous caractériser nos petits tableaux d’œuvres impressionnistes. Cherchant toujours des angles de vue inhabituels. Usant de traits de pinceau visibles. Reproduisant les impressions fugitives des paysages. Enfin, apportant lumière et profondeur dans la composition. Quoiqu’il en soit, le fait était que Monsieur Lichtwark voulait de nouveau nous rendre visite et qu’il annonçait de belles opportunités à venir.
Après de longues discussions
empreintes d’incompréhension et de patience indubitable, le souhait des
peintres et historiens allemands était clair : il fallait nous rendre à
Hambourg pour exposer nos œuvres, mais également afin de contempler les leurs.
Mes amis et moi-même n’étions pas prêts à entendre une telle proposition. Doute
et crainte envahissaient nos esprits. Bazille n’était pas partant, Sisley avait
les mains moites, Manet ne disait mot, Renoir gardait le regard baissé. De
longues minutes d’hésitation me saisirent, mais alors, enfin : « Nous viendrons
avec plaisir ! » m’exclamai-je à demi confiant, à demi enthousiasmé.
Les artistes allemands
demandèrent sans plus attendre les enchères. Le style artistique leur plaisait
beaucoup. « Cet art original ! Du jamais vu ! » s’exclamait Monsieur Lichtwark
en allemand, la main droit levée, les yeux grands ouverts, le sourire aux
lèvres. Puis il poursuivait : « Cela va sans aucun doute plaire à nos
collaborateurs. Imaginez-vous l’exposition incroyable d’œuvres importées de
France à Hambourg. Une exposition inédite sous le nom de… ‘Impressionne-moi’.
Le succès immédiat ! Je vous le dis ! ».
Quelques semaines plus tard, mes
amis et moi-même étions debout devant la gare centrale de la ville aux mille
canaux. Le regard un peu perdu, les jambes molles, nous transportâmes avec effort
les quelques tableaux que nous avions réunis avant notre départ. Monsieur
Lichtwark nous fit une visite succincte, mais voilà que, déjà, l’heure
arrivait. L’heure à laquelle nous devions présenter nos œuvres. L’heure à
laquelle le destin de notre art allait se jouer. Tout nous déstabilisait à cet
instant dans cet inconnu incroyablement grand : le pays, la ville, la langue,
la culture, l’architecture, l’art et l’état d’esprit. Le bâtiment se trouvait
déjà devant nos yeux : la Kunsthalle elle-même. Bâtisse aux innombrables
briques rouges sombres, aux colonnes massives et à l’entrée impressionnante.
Directeurs, peintres, et hommes habillés de costumes nous attendaient, l’air
joyeux, l’air allemand. Alors se déroulèrent nombre de discours, de
remerciements et de bienséances. Les enchères ne tardèrent pas à venir et
alors, on amena les tableaux de notre ami Renoir. « À cheval dans le bois de
Boulogne ». Le silence se fit. Chacun observant de son œil acéré la toile.
Certes, nous avions opté pour un tableau ne bousculant pas trop les mœurs
artistiques de l’époque. Des coups de pinceau visibles, des impressions
fugitives : une image pleine de vivacité et de couleurs mouvantes. Tout y
était. Après de longues minutes d’attente où notre cœur se serrait toujours un
peu plus, des cous se tendirent, des regards s’intensifièrent, enfin, des mains
se levèrent. Les enchères commencèrent. Manet, Sisley, Renoir, Bazille et
moi-même échangeâmes des regards emplis de joie et d’espoir. Un art était né. À
chaque tableau, les demandes et offres ne cessaient plus. Une salle pleine
d’entrain et d’enthousiasme. Notre art était né. Notre art était reconnu. Un an
après, le 14 novembre 1874, sur le fronton de la Kunsthalle et sur tous les
panneaux de Hambourg était lisible cet écriteau : « Exposition inédite de
peintres français : Impressionne-moi ! ».
Cet article a été rédigé parLucie B., étudiante en Licence Langue allemande et Cultures Étrangères à l’Université de Strasbourg (LLCE Allemand).
Découvrez ici en images les deux tableaux préférés de l’auteure de cet article d’écriture créative.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.