Le Thalia Theater à Hambourg est l’un des théâtres
allemands les plus importants et les plus connus en Europe. En 2018, il a
célébré son 175ème anniversaire. Ce que tout le monde ne sait pas,
c’est que le Thalia Theater a été fondé en 1843 par le Français Chéri Maurice.
Mais des relations avec la France existent-elles encore aujourd’hui ?Hanna
Klimpe, ancienne porte-parole du Thalia Theater, Christina Ratka et Emilia
Linda Heinrich, conseillères artistiques au Thalia Theater, ont répondu à nos questions.
Le répertoire du
Thalia Theater comprend environ 20 productions qui sont jouées quotidiennement
ou par blocs. Il y a environ neuf premières à la Großes Haus de l´Alstertor chaque
saison, ainsi que six premières au Thalia Theater de la Gaußstraße à Altona,
dont au moins trois premières d’auteurs francophones.
Selon Hanna Klimpe, les responsables de la dramaturgie et d´administration qui travaillent avec Joachim Lux pour décider du choix des pièces, sont très francophiles : les dramaturges ont ainsi étudié la langue française ou ont déjà vécu en France. En outre, le Thalia Theater a une vocation européenne et internationale, ce qui peut expliquer son attention accrue à la scène francophone. D´après Emilia Linda Heinrich, l’Allemagne et la France ont des similitudes dans leur identité culturelle, une relation historique et un intérêt commun pour des questions politiques et sociales. Il n’est donc pas étonnant que des textes d’auteurs francophones soient jouées régulièrement au théâtre, comme la version théâtrale du roman En finir avec Eddy Bellegueule (Das Ende von Eddy) d’Édouard Louis, dont la première a eu lieu en juin 2017.
Le Thalia Theater
aspire à un échange dynamique avec les auteurs dont les œuvres sont au
programme. Par exemple, l’auteur Édouard Louis est lui-même venu à la première
et a participé à une discussion publique.
De plus, il
existe de nombreuses coopérations avec des théâtres francophones, tout
récemment avec le Théâtre National de Strasbourg. La pièce I am Europe, mise
en scène par Falk Richter, a été créée au Thalia Theater lors des Lessingtage
en février 2019. Cependant, les collaborations sont toujours axées sur une
production spécifique, explique Christine Ratka. Une coopération continue avec
un théâtre n’est donc généralement pas courante.
Par ailleurs, le
Thalia se rend aussi en France : il y a quelques années, la pièce Ende
der Liebe, écrite et mise en scène par l’auteur Pascal Rambert, a été présentée
au célèbre Festival de théâtre, de danse et de chant d’Avignon. Ce festival est
l’un des plus prestigieux festivals d’Europe : fondé en 1947 par Jean
Vilar, il se déroule chaque année lors des trois dernières semaines de juillet.
En 2014, le Thalia Theater et sa production Don Giovanni. Last Party réalisé par Antú Romero Nunes, y ont de nouveau été invités. Mais même quand le
Thalia Theater n’est pas représenté par une production, ses dramaturges s’y
rendent chaque année pour rencontrer de nouveaux artistes internationaux.
Pour renforcer ses relations avec la France, le Thalia Theater a pour objectif de coopérer de plus en plus avec des sociétés et des collectifs français, bien que la manière de travailler soit totalement différente dans les théâtres français, explique Emilia Linda Heinrich. En effet, un réseau subventionné de théâtres urbains, tel qu’il existe en Allemagne, n’existe pas en France. Grâce au fonctionnement du répertoire allemand, il est possible d’absorber les risques inhérents à la création de nouvelles pièces inconnues, de manière à donner de meilleures perspectives aux pièces. C’est peut-être là l’une des raisons pour lesquelles, à l’inverse, de nombreux auteurs français mettent souvent en scène leurs propres pièces et fondent leur propre compagnie. En France, on subventionne plutôt les troupes théâtrales que les salles. En tout état de cause, il n’existe pas de séparation aussi stricte entre les domaines artistiques de l’écriture, de la mise en scène et du jeu en Allemagne. Par conséquent, des différences existent non seulement entre les systèmes de théâtre et les traditions littéraires, mais aussi au sein des processus de création artistique. Pour la prochaine saison 2019/2020, des pièces d’auteurs français sont à nouveau au programme du Thalia Theater et même une pièce en français (avec surtitrage en allemand) : fin septembre, les Hambourgeois pourront en effet découvrir l’immense actrice Isabelle Huppert sur la scène du Thalia, dans une pièce mise en scène par Robert Wilson – assurément une coopération théâtrale franco-allemande de très haut niveau!
Cet article a été rédigé par Joan Nethe, étudiante en Licence de français et de géographie à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Montblanc, Ricola, le fromage Appenzeller, Ovomaltine, TAG Heuer, Milka : voilà
ce qui dans l’esprit d’un Hambourgeois est suisse. Mais qu’en est-il
réellement ? Ces marques sont-elles suisses ? Et quelles sont leurs
relations avec Hambourg et l’Allemagne ?
Les produits que vendent ces marques sont en fait associés à la Suisse, car ils sont aussi les stéréotypes qui nous viennent à l’esprit lorsque nous pensons à ce pays : les montagnes, le fromage, le chocolat, les montres. Toutefois, toutes ces marques ne sont pas toutes helvétiques.
Commençons par Montblanc, il s’agit en réalité d’une société allemande
et même hambourgeoise, qui, à l’origine, est le fruit d’une collaboration entre
un banquier de Hambourg et d’un ingénieur de Berlin. Mais alors, d’où vient le
choix de la montagne comme effigie ? Et bien Monblanc revendique élaborer
des produits de la plus haute qualité et du plus haut niveau de l’artisanat
européen, à l’image du plus haut sommet de l’Europe.
Pour trouver une relation avec la Suisse, il
faut remonter en 1980, année au cours de laquelle Montblanc rejoint la
Compagnie financière Richemont. Groupe suisse spécialisé dans l’industrie de
luxe, il détient également Chloé, Jaeger-LeCoultre ou encore Cartier, pour citer quelques exemples. Par
la suite, en 1997, la société Montblanc Montre S.A. est fondée au Locle, ville
suisse qui est le cœur de l’industrie horlogère. Aujourd’hui, c’est une société
qui s’est fait une place de choix au salon de la Haute horlogerie à Genève.
En implantant cette société dans cette ville,
importante pour l’industrie horlogère suisse, Montblanc s’assurait de pouvoir
profiter de la tradition et l’expérience horlogère, pour continuer à proposer
des produits du plus haut niveau.
En ce qui concerne Ovomaltine, le fromage Appenzeller, Tissot, Swatch et Tag Heuer, ces firmes sont effectivement helvétiques.
En revanche, pour la marque de chocolat à la
vache violette, elle non plus n’est pas un produit complétement suisse. Milka a effectivement été créée en Suisse, à Neuchâtel,
mais aujourd’hui elle est détenue par un groupe américain et son siège est en
Allemagne, à Lörrach.
Milka, contraction de « Milch » et
« Kakao », la petite plaque de chocolat dans un emballage violet,
voit le jour grâce à Phillipe Suchard, créateur de la chocolaterie du même nom.
En 1987, Milka connaît un grand tournant, en
devenant une marque à elle seule, indépendante de Suchard. Encore aujourd’hui,
Milka est leader des ventes de tablettes de chocolat en Europe, surtout en
France, Autriche et Allemagne. C’est d’ailleurs en Autriche et en Allemagne
qu’elle a commencé à lancer de nouveaux produits chocolatés, différents des
tablettes.
Aujourd’hui, même si la marque utilise encore
cette vache de race Simmental (région de l’Oberland bernois, Suisse) sur fond
alpin, ce chocolat ne connaît pas vraiment de succès dans son pays natal, où
les gens le juge, bien souvent, trop sucré, trop extravagant avec ses milles
variantes : yoghourt fraise, Oreo, peanut caramel, etc. En ce qui concerne Hambourg, et l’Allemagne,
lorsqu’on se rend dans n’importe quel supermarché, on peut toutefois constater,
au vu de l’offre dans les rayons, qu’ici, la popularité de la vache Milka ne
faiblit pas.
Choix du français pour la dénomination de
produits :
Les marques francophones, tout comme certaines
marques qui n’ont aucun rapport avec le français, choisissent cette langue pour
nommer leurs produits. Par exemple, La
Grande Classique de Longines ou la Longines
Symphonette pour les montres de Longines,
ou encore la collection Rendez-vous chez Jeager-LeCoultre. Phénomène
constaté également chez Montblanc, avec les noms des stylos : Le Petit Prince Solitaire Doué, LeGrand, Le Petit Prince Classique, etc.
Pourquoi ? Certainement parce que le
français véhicule avec lui l’image de la France, l’idée d’un pays de personnes
sophistiquées et chics, pays du romantisme avec sa capitale, Paris, important
pôle de l’industrie de luxe et ville de l’amour. Puisque la seule évocation de
Paris, de la France et du français éveille ces idées, le choix de cette langue
pour mettre en avant les produits est une évidence. Si le consommateur aussi
fait ces associations, le français pourra l’attirer à acheter tel ou tel
produit.
Même si le français est toujours utilisé
aujourd’hui dans l’industrie de luxe à des fins commerciales, il convient cependant
de relever que l’anglais est de plus en plus utilisé dans ce domaine : une
des conséquence de la mondialisation.
Cet article a été rédigé par Florine V., étudiante en Traduction et Interprétation à l’Université de Genève, durant son échange à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Le Street Art s’exprime de la plus belle des façons grâce au plus beau des langages, celui du langage universel de l’art. Ce moyen de communication s’étend à l’univers entier, embrasse la totalité des êtres, il s’étend à tous, nous touche tous. De ce fait, c’est un art qui unit tous les pays, toutes les couleurs de peau et franchit les classes sociales.
Le langage de l’art, dans ses formes, dessins et expressions les plus diverses et les plus réussies, doit être considéré comme un langage universel, défendant des valeurs et des principes de respect, paix, tolérance et solidarité. Pour comprendre, je vous invite à découvrir l’œuvre de Case Maclaim – unter der Hand, localisé dans l’incroyable quartier bohème de Kreuzberg à Berlin. Devant l’immensité de l’œuvre et la force de ces deux mains en contact, ces mains qui se touchent, ces âmes qui se rejoignent, ces énergies qui se confondent, il est impossible de rester insensible. Les mains, figure d’échange et d’ouverture à l’autre, symbole de générosité sont finalement des notions qui constituent l’essence du Street Art.
Si au départ, le grafitti était loin de
s‘afficher comme expression ouvertement politique et se concevait comme
passe-temps des adolescents, il semble aujourd‘hui endosser un rôle plus
profond. Face à une crise économique et morale généralisée, les murs tiennent
de nouveau le haut du pavé, portent la parole et les cris des artistes urbains
indignés. Les messages dénoncent la société de consommation, ainsi que ses
discours politiques et médiatiques normalisateurs. Mus par la rage ou l‘amour,
les auteurs de ces graffitis sur les murs de nos villes mêlant art et
conviction politique, comme Banksy, JR, Invader ou Shepard Fairey nous révèlent
que la parole n‘a pas de barrière.
Peu à peu, d’autres âmes révoltées s’expriment
sur les murs du monde entier. Par exemple l’artiste Tarek, originaire de Paris,
traversant Prague, Rome, New York, le Cameroun s’imposera fièrement aussi sur
la scène hambourgeoise. Il a exposé au Bateau culturel MS Stubniz, à la
Kunsthaus an der Alster et au Studio Longboard.
Si les artistes français du Street Art se déplacent jusqu’à Hambourg, leurs collègues allemands s’installent également en France. Le graffeur allemand Darco est ainsi le cofondateur du groupe FBI (Fabulous Bomb Inability), créé en 1985, qui réunit des graffeurs de nombreuses nationalités. Ce groupe a acquis une notoriété dans le milieu spécialisé du graffiti, puis s’est fait remarquer par le grand public par son originalité stylistique et ses thèmes, ainsi que par la taille de ses réalisations, qui leur ont permis d’entrer dans le livre Guinness des records en 1996. Cette personnalité du monde du grafitti a peint « Zeichen der Zeit » à Hambourg. Il a également participé en 2018 à la fresque murale dans le Superior Design Hotel East Hamburg avec OZ .
Ces artistes partagent leurs arts, leurs idées, s’exposent aux regards de tous, avec leurs codes, leurs limites. Ils sont comme des médiateurs entre ce que l’art a à dire, et ce que l’homme doit entendre.
Cet article a été rédigé parAnaïs G., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
La danse est l’expression d’un sentiment, d’une émotion ou d’un état. N’importe quel spectateur assistant à une représentation attend d’être transporté par un message ou dans un monde qui va lui procurer une émotion. Le danseur qui transmet le message doit lui-même le vivre et le ressentir à travers ses mouvements. Cependant, cette expression n’est que la finalité du processus.
Tout le monde ne peut prétendre à monter sur scène, danser et prendre aux tripes le spectateur. Ce processus tient compte d’une maitrise très rigoureuse de la danse. Un « simple » mouvement de bras sera en amont détaillé, répété, amplifié, rythmé, mesuré et surtout nommé. La danse classique est un symbole de rigueur parmi les danses académiques. Elle en est d’ailleurs le fondement.
C’est au XVème siècle que la danse classique naît en Italie, à l’occasion de mariages, et avec
pour fonction de distraire les invités. Par la suite, c’est Catherine de
Médicis qui, en épousant Henri II, l’exporte en France en 1533 et développe le
ballet le transformant en un véritable spectacle de danse avec chants, versets,
décors et costumes. Ensuite, c’est Louis XIV qui, avec son amour pour la mise
en scène, le spectacle et la danse, donnera un souffle nouveau à la danse
classique. C’est à partir de ces ballets que Jean-Baptiste Lully et Molière
créeront leurs opéras-ballets et les comédies-ballets qui les rendront
célèbres. Finalement, pour concrétiser sa passion, Louis XIV fondera en 1661
l’Académie Royale de Danse et en 1669 l’Académie Royale de Musique.
À la faveur de ces grandes pièces et de l’essor de la danse classique en France, la codification de celle-ci se fera majoritairement en langue française, en commençant par les cinq positions de base de la danse classique : la première, la seconde, la troisième, la quatrième et la cinquième, codifiées par Pierre Beauchamp, grand danseur de la cour de Louis XIV et premier auteur à mettre au point un système d’écriture de la danse. On peut également citer Carlos Blasis, l’un des plus grands théoriciens de la danse classique. Ce danseur et chorégraphe italien a rédigé deux ouvrages en français sur le vocabulaire de la danse. Le premier, Traité élémentaire théorique et pratique de l’art de la danse, écrit en 1820, et le second Manuel complet de la danse, dix ans plus tard. Dans ces ouvrages, on retrouve le détail des mouvements et leurs noms ainsi que le fondement de l’état d’esprit qu’un danseur se doit d’adopter pour que la discipline soit le plus parfaitement exécutée.
À partir des années 1850, la popularité de la danse classique en France s’essouffle, elle reprendra vie grâce à la compagnie « Ballets Russes » de Serge de Diaghilev créée en 1917. Par la suite, le ballet se développera dans plusieurs pays du monde comme les États-Unis.
Cela dit, dans tout ce pan d’histoire du ballet, où se trouve donc la place de l’Allemagne ? Il semblerait que l’Allemagne ait développé ses ballets grâce à des danseurs et chorégraphes étrangers. Par exemple, l’Opéra de Hambourg, créé en 1678, semble avoir présenté principalement des ballets français. Ensuite, en 1838, l’opéra a disposé de son propre ballet permanent, composé majoritairement de danseurs étrangers comme la Française Marie Taglioni ou l’Italienne Carlotta Grisi. Ce ballet s’inspirera principalement des influences néoclassiques qui ont elles-mêmes conduit au « Ballets Russes ». Cet aperçu historique prouve que l’Allemagne n’a pas joué de rôle déterminant dans l’établissement de la danse classique et dans la création de son vocabulaire. Les ballets allemands semblent toujours s’être inspirés des tendances contemporaines de leurs époques, sans y ajouter de nouveautés.
Cependant, cela n’a pas empêché l’Allemagne d’avoir de très grands ballets classiques. En effet, la plupart des villes allemandes possèdent une troupe de ballet, contrairement à la France qui n’en possède que dans les villes les plus importantes comme Nice, Toulouse, Bordeaux et bien sûr Paris. Cette différence a été soulevée par un membre français de la compagnie de danse de Hambourg, Leeroy Boone, avec qui j’ai eu la chance d’entrer en contact. Il fait partie depuis 2016 du Hamburgballett, dirigé par le célèbre danseur et chorégraphe américain John Neumeier.
Ce n’est que plus tard, vers la fin du XXème siècle que la danse classique a connu des évolutions en Allemagne. Des danseurs comme John Neumeier qui créent des ballets dans lesquels la notion de danse classique évolue vers une danse plus contemporaine et apporte à la danse classique une touche nouvelle. Comme le dit Leeroy Boone, ce nouveau contexte de création est possible grâce à une soif de changement et à la curiosité du public allemand. C’est sur une base classique que beaucoup de chorégraphes et de danseurs s’autoriseront à évoluer vers des danses plus expérimentales. Cette évolution enrichit les ballets allemands, qui d’un « simple » ballet classique peuvent proposer des compositions dans un style néoclassique aussi bien que dans un style hip-hop ou contemporain. Ce changement apporte une renommée internationale aux ballets allemands. Par exemple, le Hamburgballett a la chance de se produire en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
Le ballet de Hambourg regroupe plus de soixante-dix danseurs. La plupart sont étrangers, car les danseurs viennent du monde entier pour faire partie de l’ensemble de John Neumeier. Les danseurs allemands ne représentent que 12,7% de la troupe, soit presque autant que les Français, avec 10,9%. Le reste est originaire de régions du monde très différentes, l’Italie, le Japon, l’Australie ou bien encore les États-Unis. C’est pour cela que les cours sont en anglais. Leeroy Boone explique que les termes de ballets, malgré l’image très stricte qu’on peut en avoir, varient en fonction des danseurs ou des maîtres de ballets mais aussi en fonction des méthodes d’enseignement, russe, française ou anglaise. Selon Leeroy Boone, le ballet de Hambourg se réfère à la méthode dite de Vaganova. Cette méthode a été inventée par la danseuse russe Agrippina Vaganova. Cependant, malgré l’usage d’une méthode russe et d’une langue de communication anglaise, il semblerait que le vocabulaire désignant les mouvements précis comme « un assemblé » ou « une arabesque » demeurent tout de même en langue française, de même que les mots utilisés lors de l’échauffement des danseurs, sous la conduite des maîtres de ballet, avant les représentations ou le travail avec le chorégraphe. Leeroy Boone souligne d’ailleurs qu’il a pu constater que dans les ballets allemands les termes français ne sont pas forcément bien interprétés par les danseurs et peuvent de ce fait être mal exécutés.
Pour conclure, la danse classique est un art et une discipline inspirée de beaucoup de cultures différentes : une origine en Italie, en passant par la France et la Russie pour aujourd’hui permettre à des ballets du monde entier de développer cette discipline dans des directions sans limite. Bien que l’évolution du ballet n’ait pas de limite, son vocabulaire semble peu évoluer. Et c’est probablement grâce à cette base de communication internationale, malgré certaines divergences de méthodes et les petites interprétations maladroites, que la danse classique peut se développer aussi aisément. Le cas de l’Allemagne en est l’exemple parfait, car la danse classique a permis aux danseurs et chorégraphes de créer des œuvres contemporaines qui aujourd’hui sont reconnues partout dans le monde. La danse classique est un art chargé d’histoire et de culture qui ne cessera sûrement jamais de se développer tant que l’imagination de l’homme n’aura pas atteint ses limites.
Cet article a été rédigépar Lise L., étudiante de l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Karl Lagerfeld était l’un des plus grands créateurs de mode. Né à Hambourg, mort à Paris, les deux villes les plus importantes de sa vie. Son grand amour était le travail, le dessin et la création de mode, sans oublier son chat bien-aimé et sa muse Choupette. Dans son hommage à Karl Lagerfeld, Choupette raconte l’histoire de sa vie privée et sa relation en partie ambivalente avec les villes de Hambourg et Paris:
Karl, mon cher Karl,
Je ne peux même pas dire à quel point tu me
manques. Personne ne me comprend aussi bien que toi, personne ne comprend mes
besoins. J’aime me souvenir de nos dîners ensemble, tu prenais toujours soin de
mon bien-être : cinq plats à choisir dans mes bols Goyard en argent tout
près de toi à table. J’aimais voler
autour du monde avec toi dans ton jet privé et rendre visite au pilote dans le
cockpit, mais c’était encore plus agréable de m’asseoir à côté de toi, dans mon
sac Vuitton, à regarder le ciel bleu, juste nous deux en liberté. Parfois, j’ai
remarqué que tu étais partagé entre divers sentiments. C’était à chaque fois
que nous allions à Hambourg. J’ai remarqué à quel point cette ville comptait
pour toi, mais aussi que tu ne voulais pas vraiment l’admettre. Tu n’as jamais
aimé le mot „Heimat“, parce que tu étais chez toi dans le monde
entier, mais tu as dit un jour : « Hambourg m’est si familier que je ne me
demande même pas comment c’est et si ça me manque. Quand je navigue dans le
port, j’ai l’impression que mon enfance est d’hier » ou « Je suis
toujours le même stupide Hambourgeois“. Parfois, je me demandais pourquoi
tu étais allé à Paris.
Tu n’aimais pas parler du passé, tu as
toujours dit : „Pleurnicher sur ton passé, c’est le début d’un avenir
disparu.“ Mais dans ces moments d’intimité entre nous, tu m’as raconté ce
qui t’est arrivé quand tu étais enfant à Hambourg. Né le 10 septembre 1933 à Hambourg, tu as été
envoyé par tes parents à Bad Bramstedt pendant la période difficile au milieu
de la Seconde Guerre mondiale. Mais tu étais toujours différent, très
particulier, tu n’avais rien à voir avec les gamins de la campagne. Parfois, je
regarde secrètement les vieilles photos de toi, un garçon si beau avec les cheveux
longs, une veste de costume à grand revers et une cravate, alors que tous les
autres garçons portent un gros débardeur sur leur chemisette. Je sais que tu
détestais ces vieilles photos, mais elles m’aident à comprendre qui tu étais,
comment tu étais devenu cette grande et brillante personne. Une fois, tu as dit
qu’enfant, tu allais parfois au grenier où tu avais trouvé de vieux volumes de
„Vogue“ et des cartes de menu que tes parents avaient ramenés de
leurs voyages internationaux. Je me souviens très bien de tes paroles :
„Et puis j’ai rêvé de mon propre monde. Je voulais aller à Paris“. À
l’époque, tu as décidé que personne ne pourrait t’arrêter. Tu as appris le
français comme un fou et tu dessinais sans cesse, même pendant les cours. Ta
mère a immédiatement reconnu ton talent et a fait de toi un créateur
perfectionniste. Elle disait toujours : “ Hambourg est la porte du monde,
mais ce n’est que la porte, alors dehors !“. En 1953, elle t’a emmené à Paris, et peu de
temps après, grâce à ton succès au concours organisé par le Secrétariat de laine
dans la catégorie « manteau », les portes des grandes maisons se sont
ouvertes à toi, le jeune Allemand. Il n’est donc pas étonnant que tu devins
plus tard celui qui réinventa l’esprit de Chanel et devint le grand couturier
qu’on connaît.
Tu étais un phénomène et une exception :
un créateur de mode allemand à Paris, juste après la Seconde Guerre mondiale,
qui est devenu l’empereur franco-allemand „Kaiser Karl“. Ton attitude
directe d’Allemand du Nord, en relation avec la fantaisie et la créativité
françaises, a été la clé de ton internationalité, de ton succès. J’ai passé ces derniers jours sur mon compte
Twitter à lire tous les beaux mots que les gens écrivent sur toi. Anne Hidalgo,
maire de Paris, a écrit : „Karl Lagerfeld était un génie. Plus qu’une
incarnation de Paris, il était Paris ». Et Peter Tschentscher, maire de
Hambourg, a écrit : „Karl Lagerfeld a mené sa vie en tant que citoyen du
monde, mais a toujours maintenu le lien avec la ville de son enfance. Nous
perdons un Hanséatique extraordinaire et un ambassadeur de Hambourg.“
Comme ils ont raison : tu as uni les
nations par ton génie, ta mode. Tu as réussi à construire un pont
franco-allemand. Je me souviens de notre dernier grand voyage, le défilé de
mode à l’Elbphilharmonie en 2017, où tu as encore une fois montré à tout le
monde que Hambourg est comme « un papier peint dans ton cerveau », ton
histoire personnelle. Ta mode parisienne à Hambourg, un hommage aux deux villes
les plus importantes de ta vie, un cadeau d’adieu.
Karl, mon cher Karl, « Hamburger Jung » et grand
créateur de mode parisien, vous étiez tous les deux une seule personne. Tu
étais un talent exceptionnel, ton ingéniosité nous manquera à tous. Ton travail
a été ta vie, ton grand amour et il nous rappellera toujours ton souvenir. C’est
un honneur pour moi d’avoir été ta seule vraie muse.
Avec tout mon amour, Choupette.
Cet article a été rédigé par Lucie H., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Hamburg, Ahoi ! La plus grande fête portuaire du monde s’est déroulée dans la ville hanséatique entre le 10 et 12 mai 2019. Chaque année, cet événement rassemble plus d’un million de visiteurs du monde entier. J’avais été prévenue : le Hafengeburtstag, c’est « beaucoup de gens, beaucoup de bière, et beaucoup de viande ».
En effet, je n’ai pas été déçue. Ajoutez à cela une ambiance festive, des feux d’artifice et des centaines de navires participant à la grande parade – tout Hambourg semblait s’être rassemblé sur les rives de l’Elbe en ce week-end ensoleillé.
L’art de vivre à la
française
Cette année, l’Occitanie Sud de France était l’invitée d’honneur du 830ème anniversaire du port, ouvrant la deuxième partie de la série de manifestations unissant les deux régions – la semaine franco-allemande ayant eu lieu l’année passée en Occitanie. En collaboration avec l’office du tourisme « Comité régional du tourisme Occitanie », la région promouvait la grande diversité de sa culture et de ses offres touristiques. Et cela en vaut la chandelle : avec presque deux millions de vacanciers par année, l’Allemagne est un partenaire essentiel du tourisme occitan, et pays d’origine de 18% des visiteurs étrangers. Bières artisanales, savons, vins : j’ai ressenti l’atmosphère détendue typique du Sud dès mon entrée dans le secteur en question, où l’accent chantant de la région tintait sous les toiles de tente. En discutant avec quelques commerçants, j’ai compris que beaucoup n’avaient pas de lien direct avec Hambourg, mais désiraient simplement étendre leur visibilité. La plupart avaient reçu une invitation de l’office du tourisme et avait décidé de participer à l’aventure, la saison des marchés n’ayant pas encore commencé en France. Cependant, si l’Occitanie fascine avant tout par ses spécialités culinaires et son sens de l’hospitalité, ce n’est pas tout ce qu’elle a à offrir.
Partenaire économique
Selon Jacques Daoulas, responsable
du pôle Marketing et Attractivité du Comité Régional Touristique (CRT), l’Occitanie
est un partenaire important pour la ville de Hambourg en raison des relations
économiques qui les unissent. En effet, Toulouse et Hambourg sont deux centres
importants pour l’entreprise Airbus, chef de file dans le secteur aérospatial
mondial. Airbus emploie environ 12.000 personnes dans sa filiale hambourgeoise,
tandis que plus de 20.000 collaborateurs travaillent sur le site d’assemblage toulousain.
De plus, l’Occitanie cherche à développer son économie et détient un rôle précurseur dans le domaine des énergies renouvelables et du développement durable. La région s’est en effet donné pour objectif de devenir la première région à énergie positive d’Europe. De même, Hambourg et le Schleswig-Holstein ont pour but de couvrir les besoins énergétiques de la région exclusivement avec des énergies renouvelables d’ici 2035. Les directeurs généraux des projets énergétiques ont dès lors pu se rencontrer et s’entretenir à ce sujet. Pour conclure, et comme le souligne Carole Delga, présidente de la région, Hambourg et l’Occitanie sont « deux façades maritimes qui se rencontrent » et qui, depuis quelques années, se témoignent un fort intérêt mutuel, annonçant une solide coopération pour l’avenir.
Cet article a été rédigé par Camille, étudiante à l’Université de Genève, durant son échange à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.