Les interprètes, ces talents cachés

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À Hambourg, on parle allemand. Mais qu’en est-il de la présence du français dans la ville hanséatique ? Rencontres culturelles, conférences, manifestations de firmes internationales, rencontres politiques, tribunaux, services de police, jumelage urbain… le plurilinguisme est bel et bien présent à Hambourg, mais encore faut-il le savoir ! C’est bien souvent grâce aux interprètes que le contact et la communication entre francophones et germanophones est possible. Intéressons-nous de plus près à ces talents linguistiques que l’on ne voit souvent pas (et qui sont trop souvent oubliés), mais que l’on entend.

La formation d’un interprète

Nombreux sont ceux qui arrivent à se débrouiller dans d’autres langues que leur langue maternelle, et parfois cela suffit pour se faire comprendre lorsque l’on voyage ou que l’on visite une ville étrangère. Cependant, nous reconnaîtrons tous qu’il est plus agréable, et suivant les situations même nécessaire, de ne pas seulement avoir compris quel est le thème de la discussion, mais d’en comprendre les détails et de pouvoir écouter un interlocuteur de langue étrangère sans avoir à faire d’efforts. C’est là qu’interviennent les interprètes. Ces derniers maîtrisent généralement de deux à quatre langues, dans lesquelles ils sont souvent à même d’interpréter dans deux directions : de la langue source/passive à la langue maternelle et vice versa. Traditionnellement, par souci de facilité et de précision, on préfère l’interprétation de la langue passive vers la langue maternelle, mais certains talents linguistiques sont à l’aise dans l’autre sens également. Pour devenir interprète, il ne suffit pas seulement de connaître grossièrement une langue étrangère et sa langue maternelle, il s’agit de les maîtriser toutes les deux parfaitement. Cela nécessite un long et riche parcours, des années d’étude, de la curiosité et beaucoup, beaucoup de persévérance.

Pour maîtriser une langue, il ne suffit pas seulement de la comprendre et de la parler, il s’agit également de pouvoir la prononcer correctement, de connaître les expressions que celle-ci emploie, qui sont généralement très différentes d’une langue à l’autre, et aussi d’avoir connaissance et conscience de la culture qu’elle renferme. Ces éléments sont dans le cadre de l’interprétation extrêmement importants, c’est pourquoi une licence et un master, qui est l’un des parcours de formation possible, ne suffisent souvent pas pour devenir interprète. En effet, nombreux sont les interprètes ayant fait un, voire plusieurs séjours linguistiques dans les pays de leurs langues passives (leurs langues apprises, celles dans lesquelles ils interprètent). Tel est le cas de la traductrice et interprète germanophone Svenja Huckle, dont la formation universitaire à Saarbrücken a duré sept ans en tout (incluant deux semestres à l’étranger en Espagne et en France) et qui exerce depuis plusieurs années sa profession à Hambourg. Ces séjours lui ont permis d’améliorer ses compétences linguistiques de façon considérable, d’acquérir un vocabulaire et des expressions de la vie courante que l’on n’a pas l’habitude de rencontrer dans les livres de grammaire et aussi et surtout de s’imprégner de la culture des pays où elle a séjourné afin de pouvoir mieux les comprendre et donc de mieux interpréter.

Quels sont les domaines où interviennent les interprètes ?

À Hambourg, les interprètes sont demandés dans de nombreux et très différents domaines. Svenja intervient par exemple dans certaines activités telles que des manifestations ou rencontres culturelles dans le cadre de l’Institut Français pour procurer aux auditeurs une parfaite compréhension du français et/ou de l’allemand. Dans le cadre de conférences où des auditeurs francophones et germanophones sont présents, Svenja travaille dans une cabine allemand-français pour assurer une traduction simultanée des paroles de l’orateur et ainsi permettre aux auditeurs de ne manquer aucune information. Certaines grandes entreprises internationales la sollicitent également pour leurs employés dans le cadre de certains événements ou par exemple pour l’administration lors de rencontres dans le cadre d’un jumelage urbain. Dans la ville hanséatique, le tribunal et la police font aussi régulièrement appel aux interprètes, entre autres pour le bon déroulement d’un interrogatoire ou d’un procès, pour rendre possible le dialogue entre les autorités et le prévenu. Les domaines dans lesquels les interprètes sont amenés à travailler sont donc très divers et variés ; ils n’ont pas le temps de s’ennuyer !

Interprète, mais pas que.

Étant donné que le métier d’interprète n’est pas un emploi à horaire régulier, il y a selon les périodes plus ou moins de travail selon le nombre de demandes et de mandats. Pour cette raison, un interprète exerce généralement au moins une seconde activité, par exemple la traduction. « Ici, à Hambourg, il est nécessaire d’avoir un ou deux autres emplois (c’est tout du moins mon cas, mais la plupart des gens que je connais traduisent et interprètent). Je traduis aussi (traduction – interprétation environ 50/50) et je suis la directrice musicale d’une comédie musicale étudiante au Theater Lüneburg. », me dit Svenja. L’interprète passe naturellement aussi beaucoup de temps à préparer son prochain mandat (rencontre avec d’autres interprètes, apprentissage du vocabulaire spécifique au débat, création d’un glossaire, etc.).

Les métiers d’interprète et de traducteur se ressemblent et sont issus d’une formation généralement similaire, mais ils restent tout de même très différents dans leur pratique. En traduction, on cherche à retranscrire un texte source dans une langue cible avec exactitude, en veillant à choisir le bon mot qui conviendra au contexte. En interprétation, en revanche, il faut certes de la rigueur, mais l’objectif principal est de transmettre le sens de ce qui a été dit par un orateur ; il ne s’agit pas de traduire mot-à-mot ce que l’intervenant vient de dire. La traduction est une activité laissant plus de temps à la réflexion qui permet au traducteur d’effacer et de réécrire à souhait sa traduction. L’activité d’interprète est, elle, beaucoup plus spontanée, car l’interprète n’a pas le luxe de pouvoir réfléchir dix minutes sur la meilleure façon de traduire une expression ou un mot, il doit agir instantanément dès qu’il entend l’orateur parler. Selon Svenja, le métier d’interprète exige plusieurs compétences : « Vous devez être flexible, prêt à vous familiariser rapidement avec de nouveaux sujets, et non pas être perfectionniste, car ce que l’on dit n’est conçu que pour un court instant et doit être créé rapidement et disparaître tout aussi rapidement. » La curiosité et l’intérêt pour le monde, les langues et les cultures qui nous entourent sont naturellement utiles pour avoir, entre autres, les connaissances nécessaires lors d’insinuations ou d’allusions à la politique ou la culture, pour comprendre les jeux de mots, etc. Ces points sont importants et méritent d’être soulignés, car ils constituent souvent les raisons qui permettent de décider si l’on préfère devenir traducteur ou interprète, ou les deux !

Quelle est la motivation d’un interprète à faire ce qu’il fait ?

« Chaque mission d’interprétation est passionnante, vous vous familiarisez avec de nouveaux sujets, vous apprenez toujours quelque chose que vous ne connaissiez pas auparavant, vous rencontrez de nouvelles personnes, vous travaillez avec différents collègues et vous aidez les gens à communiquer entre eux et à apprendre de nouvelles choses. Et c’est aussi un petit coup d’adrénaline, cette coupure complète de l’environnement, l’écoute, réfléchir durant une fraction de seconde, puis livrer la traduction dans l’autre langue, aussi précisément et fidèlement que possible. La joie d’une interprétation réussie, d’une discussion rendue possible… Pour moi, cela peut difficilement être comparé à autre chose. » – Svenja Huckle

Tout d’abord, l’amour pour les langues. Aimer apprendre, comprendre, écouter, parler… C’est un métier où l’on ne cesse d’apprendre des choses ; chaque nouvelle expérience, chaque nouveau mandat est unique ! Cet amour pour les langues doit être combiné avec l’envie d’échanger, de partager avec d’autres êtres humains, car un interprète ne travaille pas seul derrière un ordinateur, il va à la rencontre d’autres personnes et les aide à se comprendre. Il y a également la joie et la satisfaction personnelle de l’interprète, lorsqu’il a réussi à employer les bons mots et les bonnes tournures de phrase lors de sa performance. Finalement, le métier d’interprète est également un métier excitant. Le fait de ne jamais savoir exactement ce que l’orateur va dire, de devoir improviser et être spontané tout au long de l’interprétation procure de l’adrénaline et oblige l’interprète à être entièrement concentré sur sa performance du moment, à ne se laisser distraire par aucun bruit, aucun mouvement alentour susceptible de le perturber et lui permet de se couper du monde le temps de son travail, ce qui est aussi une des particularités de cette profession.

Cette spontanéité, cette adrénaline, ce stress créés peuvent paraître négatifs au premier abord, mais ils sont en fait bien souvent l’un des moteurs de ce métier, ce qui le rend si palpitant !

Un grand merci à Svenja Huckle pour sa collaboration lors de l’écriture de cet article.

Cet article a été rédigé par Elodie H., étudiante ERASMUS à l’Université de Hambourg.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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Penser à la Warburg-Haus

Bibliothek im Warburg-Haus
Photo: Ralf Appelt, CC BY-NC-SA 2.0

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On pensait commencer par la Révolution française, puis suit Marie-Antoinette, ensuite les gestes, on découvre alors la religion,les mains, puisla justice et encore

L’ « Index des sources d’iconographie politique » de la Warburg-Haus, qui se situe près de la station de métro ‚Kellinghusenstraße‘ ,est un instrument de recherche qui offre un espace infini à notre penchant pour les pensées associatives.

Un peu bizarre, mais attirante.

D’abord, je me perds dans les recherches. J’ai l’impression de perdre de vue ce que je cherche.

Il vaut mieux ne rien chercher de particulier. Mais il est néanmoins important de chercher quelque chose. Je me surprends à perdre mon temps en regardant les images les unes après les autres, les mots clé après d’autres mots clé.

… mais perdre son temps, ce n’est pas une bonne stratégie pour terminer ses études de Master … !

Bon… la France à Hambourg … super, il y a une catégorie « 385 – Revolution – 50 Frankreich – Ereignisse »  

Je vais certainement y trouver ce que je cherche !

Marie-Antoinette.

Est-ce que cela a quelque-chose à voir avec Hambourg ? J’essaie de trouver quelque chose en tapant « Marie-Antoinette Hambourg » sur Google.

Meintest du : Marie-Antoinette Hamburg ? me suggère le moteur de recherche.

Oui, pourquoi pas …

Videos  :     « Marie-Antoinette – Clips & Trailer »

              « Marie-Antoinette’s history »

              « Die Zeit vor dem 20. Jahrhundert  : Marie  Antoinette und die … »

Nutzer fragen auch  : « Sollen sie Kuchen essen ? »

                « Wann wurde Marie- Antoinette hingerichtet ? »

                « Wie viele Kinder hat Marie- Antoinette  ? »

                 « Wie alt war Marie-Antoinette ? »

« Marie-Antoinette : Menschliches Revolutionsspektakel – Kultur & Live …

– 31.01.2009 – Im Musical Theater Bremen feierte “Marie-Antoinette“ des Erfolgsduos Michael Kunze und Sylvester Levy eine umjubelte Europapremiere »

« Zuckermonarchie – Cupcakes, Sweets, Events. Café in  

Hamburg – Marie-Antoinette. Lass dich von einem Rausch aus Farben, Blumen … »

Rien, rien de rien, et je décide de mettre mon portable de côté.

Peut-être qu’une lettre quelque part dans les archives documente aussi une correspondance d’Aby Warburg avec un historien d’art français ? 

Je regarde les images que j’ai sorties du tiroir «  385 – Revolution – 50 Frankreich  » de

l’Index sur l’iconographie politique. Je scrute Marie-Antoinette avant son exécution, elle savait qu’elle mourrait bientôt. Mais sur ces images, je ne trouve pas de grandes émotions. Marie-Antoinette est représentée le dos droit, le visage neutre, parfois un peu triste. C’est bizarre …

Si j’avais été l’illustratrice, je l’aurais dessinée  dévorée par la panique, gémissant.

Je commence à chercher dans le tiroir  : « 200 – Gesten – politische Gesten – Schmerz » et

«  200 – Gesten – politische Gesten – Verzweiflung  »

Voilà, ce sont ces gestes que j’avais à l’esprit pour Marie-Antoinette.

Elle, au contraire, ne crie pas, elle ne pleure pas, elle regarde vers le ciel. Même en voyant la guillotine, elle donne l’impression d’être maîtresse d’elle-même.

Elle ressemble plus à cette dame que l’on trouve dans le tiroir  : «  370 – Recht  » «   370/10 Gerechtigkeitsbilder  » «  370/7 Exempla  »

Les mains attachées, elle est l’incarnation du droit. Quelqu’un demande justice et quelqu’un est condamné. 

… une manifestation des idées pour rendre justice à quelqu’un, pour en exercer le pouvoir …

Marie-Antoinette, quelle est sa fonction sur les images ? Que symbolise-t-elle ? Qui voulait exprimer ce point de vue en créant ces images ? D’où viennent ces images et où vont-elles ? Quels aspects de ces images parviennent jusqu’à nous aujourd’hui ? … et quels aspects pouvons-nous décoder ? Comment les déchiffrer ?

STOP  ! Ne fallait-il pas trouver des réponses plutôt que des questions ?

Tout à coup, je me trouve pantoise au beau milieu de mes recherches …

… Merci, Aby !

P.-S.  : Et le lien avec Hambourg: La Warburg-Haus rend possible une telle recherche associative … aussi sur l’histoire française, si vous voulez.

Cet article a été rédigé par Albina S., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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Le miracle de Hambourg : « Vive de Gaulle ! »

De Gaulle et Adenauer
Photo: Steiner, Egon | Bundesarchiv, B 145 Bild-F011021-0002, CC-BY-SA 3.0 DE

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Dans le cadre d’un voyage officiel en Allemagne, le Président de la République française, le général Charles de Gaulle, est venu à Hambourg le 7 septembre 1962. Contrairement aux attentes, sa visite à Hambourg a été un grand succès et a fait partie d’un processus historique important.

Le « passé français » de Hambourg

En 1962, les Allemands responsables ont d’abord été très réservés sur le souhait de Charles de Gaulle de se rendre à Hambourg. La ville était traditionnellement anglophile et pas du tout francophile – surtout à cause de la « période française » de 1806 à 1814. Napoléon avait fait entrer son général Mortier dans Hambourg avec environ 3000 soldats. Cet événement avait été suivi par une période d’oppression et constitue donc un chapitre sombre de l’histoire de Hambourg.

Par conséquent, il y avait beaucoup de scepticisme avant la visite de de Gaulle et tous se demandaient comment la population réagirait à cette visite.

File:Bundesarchiv B 145 Bild-F013860-0004, Bonn, Staatsbesuch Präsident Charles de Gaulle.jpg
De Gaulle visite Bonn
Photo: Inconnu.e | Bundesarchiv, B 145 Bild-F013860-0004

De Gaulle à Hambourg – « Le miracle de Hambourg »

Le matin du 7 septembre 1962, Charles de Gaulle est arrivé à l’aéroport de Hambourg, où il a été accueilli par le maire Paul Nevermann. Son premier rendez-vous a eu lieu à la mairie et de Gaulle a signé le Livre d’Or de la ville. Une adresse publique à la population n’était pas prévue pendant le séjour du Président à Hambourg – et pourtant il y a eu une apparition devant environ 30.000 personnes. L’interprète du président de l’époque, Hermann Kusterer, décrit la situation à la mairie dans une interview : « Soudain des bruits forts sont apparus dans la rue et quelqu’un a dit : ‹ C’est impossible, c’est un miracle. › […] Et de Gaulle a remarqué qu’il y avait une grande foule rassemblée en bas criant : Vive de Gaulle ! Vive de Gaulle ! » Et qu’a fait de Gaulle ? Il est apparu à une fenêtre, les bras écartés et il a déclaré de sa voix forte, en allemand : « Es lebe Hamburg ! Es lebe Deutschland ! Es lebe unsere deutsch-französische Freundschaft ! »

Contrairement aux attentes, la population a réservé un accueil chaleureux et enthousiaste au Président français qui a fort apprécié cette journée. La visite à la mairie a été suivie de deux autres rendez-vous ce jour-là : à l’école de guerre allemande et à « l’Audimax » de l’Université de Hambourg.

Avant de parler aux soldats allemands à l’école de guerre allemande, de Gaulle a revêtu son uniforme de général. Son but était d’être perçu comme leur égal. Lui qui avait été dix ans plus tôt un farouche opposant au réarmement allemand faisait maintenant un discours devant les officiers de la Bundeswehr – un moment historique important. De Gaulle a encouragé une coopération militaire étendue entre la France et l’Allemagne en disant qu’elle était « essentielle à l’union de nos deux pays. Après tout, comme l’écrivait votre Zuckmayer : ‹ War es gestern unsere Pflicht, Feinde zu sein, ist es heute unser Recht, Brüder zu werden › ».

Peu après, lors de son discours à « l’Audimax » devant 1500 personnes du monde des affaires et de l’industrie, de Gaulle a également souligné la nécessité d’une alliance franco-allemande en disant que l’essentiel de son voyage était l’amitié entre la France et l’Allemagne. Il a aussi parlé de l’importance de la communauté européenne et de ses avantages pour d’autres pays aussi. Finalement, le Président français a remercié le public « du témoignage que vous avez bien voulu apporter aujourd’hui à l’amitié de la France et de l’Allemagne, par là même à l’unité de notre Europe et par là même à la liberté du monde. »

Jeter les bases du traité de l’Élysée

Pendant sa visite à Hambourg et tout son voyage en Allemagne, de Gaulle s’est préoccupé de surmonter l’histoire de la violence franco-allemande et d’encourager le rapprochement et l’amitié entre les deux pays – et donc entre les deux peuples. La ville anglophile de Hambourg, avec son accueil chaleureux du président français, est ainsi devenue l’un des lieux où les bases du traité de l’Élysée ont été jetées. Le 22 janvier 1963, quelques mois après la visite de de Gaulle en Allemagne, ce traité a été signé par Adenauer et de Gaulle. Les deux chefs de gouvernement ont accompli un grand pas vers la paix et la visite du président français à Hambourg peut être considérée une étape importante de ce processus.

Cet article a été rédigé par Kristina F., étudiante en Master de français et d’anglais à l’Université de Hambourg.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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Jumelage Hambourg-Marseille

„Marseiller Straße“ – Plaque de rue
Photo: ndr.de/Hamburg-Journal (05.02.2019)

Elles ont fêté leurs « noces de diamant » l’année dernière, ce qui a eu beaucoup de répercussion et d’écho dans les médias hambourgeois.

Beaucoup d’évènements comme des journées de découverte entre écoles/lycées ont été organisés, également des missions à but économique, afin de renforcer l’entente entre les deux villes et promouvoir leur attractivité ; on a aussi pu voir des expositions/projections de films et des échanges artistique dans chacune des villes. Tous ces évènements organisés l’année dernière ont mis en lumière les points communs des deux villes ainsi que leurs particularités. Ce fut aussi l’occasion de rappeler l’histoire qui a amené à ce jumelage des deux villes portuaires. En effet ce sont deux ports très importants dans leurs pays respectifs et d’ailleurs une des plus grandes entreprises de transport maritime au monde est marseillaise et a une filiale à Hambourg, ce qui montre là encore que les deux villes partagent beaucoup de choses, autant culturellement qu’économiquement.

Cette année encore, plusieurs médias s’intéressent au jumelage des deux villes, notamment le média « NDR » qui a durant cette année 2019 écrit des articles donnant une image réaliste de la ville de Marseille et parlant aussi de sa présence dans Hambourg, avec notamment la présence d’un restaurant nommé « Marseille » qui propose des plats typiques du terroir marseillais. Ils ont aussi réalisé des reportages sur le ressenti d’expatriés français et allemands dans les deux métropoles et également mis en avant des évènements comme un échange footballistique entre Marseille et Hambourg. De jeunes Marseillais provenant de quartiers défavorisés ont pu vivre ce printemps le temps d’une semaine dans la ville hanséatique avec au programme des visites de la ville, des échanges interculturels ainsi qu’un stage de football au club « Eimsbütteler Turnverband » (ETV). Cette initiative a été soutenue par l’association arabesque, qui organise chaque année un festival culturel franco-allemand à Hambourg. Une autre association franco-allemande basée cette fois à Marseille, « La maison allemande », soutient et essaie de promouvoir un maximum d’initiatives et d’échanges entre les deux pays et les deux villes. Cela passe par exemple par des projections de films allemands ou bien des lectures de contes allemands. La culture allemande n’est pas aussi bien représentée et présente en France que d’autres, comme la culture nord-américaine avec les musiques et films à gros budget ou bien encore la culture anglaise, elle aussi bien présente en France. C’est pour cela que des associations de ce type sont essentielles pour faire découvrir une autre culture et une autre langue autrement que dans le domaine scolaire. Le jumelage Hambourg-Marseille a encore de beaux jours devant lui et est bénéfique pour les deux villes, et c’est aussi une belle preuve que l’amitié franco-allemande perdure.

Cet article a été rédigé par Valentin L., étudiant en échange à l’Université de Hambourg

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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Découvrir la magie du cubisme à la Kunsthalle

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Quand on contemple les œuvres cubistes à la Kunsthalle, on fait aussi un petit voyage à Paris, capitale non seulement de la France, mais aussi du cubisme. Dans cet article, je vais vous présenter les quatre œuvres d’art que j’ai le plus aimées et vous expliquer pourquoi.

Le cubisme est un style artistique né à Paris entre 1907 et 1910. À l’époque, la capitale de la France attirait beaucoup de jeunes artistes du monde entier qui s’y rencontraient régulièrement. Certains d’entre eux voulaient plutôt peindre des formes géométriques que  des détails. Georges Braque, peintre français, échangeait par exemple avec Pablo Picasso pour inventer de nouveaux styles de peinture. Robert Delaunay, Fernand Léger et Constantin Brâncuși étaient d’autres artistes célèbres qui vivaient à Paris. Regardons maintenant quatre de leurs œuvres qui se trouvent dans la Kunsthalle !

Commençons par Femme avec un chat de Fernand Léger. Cette peinture ne me fascine pas seulement parce que j’aime les chats. Elle montre une femme composée de formes géométriques comme des ronds et des demi-cercles. L’utilisation de ces formes est caractéristique de l’art de Fernand Léger. La femme tient un chat et un livre sur sa cuisse. Sur cette image, les couleurs primaires prédominent aussi, tout comme le noir, le gris et le blanc. Cette simplicité de formes et de couleurs donne à cette peinture une certaine froideur, et la femme est presque réduite à un statut d’objet. On pourrait aussi dire que cette femme à la peau grise ressemble à un robot. Par ailleurs, on peut voir que la femme, le chat et le livre forment une vraie unité. Voilà comment ce tableau est décrit dans la littérature. Pour ma part, quand je regarde cette peinture, j’éprouve un sentiment de bien-être et de chaleur. La femme semble détendue, elle est avec son chat qu’elle adore et s’adonne à sa passion, la lecture. Il se peut que cette unité soit à la source de mon bien-être, mais je ne le sais pas. Avant ma visite à la Kunsthalle, je n’aurais pas pu imaginer qu’une image aussi simple puisse me fasciner autant.

J’ai été saisie par la même fascination quand j’ai contemplé Le Baiser, une sculpture de Constantin Brâncuși qui vivait à Paris et qui était un ami de Fernand Léger. À première vue, Le Baiser est seulement un bloc de pierre dans lequel l’artiste a sculpté quelques contours humains ; on voit deux personnes qui s’embrassent. Il faut regarder de très près pour voir qui est l’homme et qui est la femme. Mais quand on contemple cette œuvre, cela ne compte pas. Ces amants sont unis dans une seule pierre, leurs corps se touchent donc partout et ils se regardent droit dans les yeux en s’embrassant. Grâce à cette unité absolue, nous ressentons un sentiment d’amour pendant que nous regardons cette plastique, à première vue juste un simple cube. On peut donc voir que des œuvres d’art simples et réduites à des formes géométriques ne sont pas ennuyeuses, mais qu’elles nous font ressentir des émotions fortes ! Souvent, il suffit de les regarder plus longtemps pour être enchanté. Quelques œuvres transmettent de l’amour, mais d’autres œuvres cubistes nous font juste réfléchir.

Un exemple d’une œuvre qui m’a fait réfléchir est le tableau Les fenêtres simultanées sur la ville de Robert Delaunay, un peintre célèbre du cubisme qui vivait, lui aussi, à Paris. Quand on voit cette image pour la première fois, on voit juste des couleurs lumineuses et on peut à peine identifier des objets. Ainsi, j’ai cru qu’il ne s’agitait que de rectangles et de triangles colorés.

Mais en fait, il y a une vraie fenêtre qui donne sur la Tour Eiffel ! Entre deux volets multicolores se dresse, en vert foncé, la Tour Eiffel, qui représente le centre de ce tableau. Et si l’on regarde encore plus longtemps, on voit des immeubles et même des toits et deux petites fenêtres ! Ce ne sont alors pas seulement des rectangles et des triangles. En effet, c’est une peinture de la ville de Paris. Comme on ne voit pas ces détails à première vue, cette image laisse place à l’imagination des observateurs. Peut-être qu’il est plus facile pour ceux qui ont déjà été à Paris de reconnaître la ville. Mais pourquoi l’artiste a-t-il choisi cette technique de peinture ? Dans cette image, de nombreuses couleurs brillantes existent les unes à côté des autres, sans se mélanger. Il y a donc une simultanéité de différentes couleurs. Delaunay, lui, percevait qu’il y avait également une simultanéité d’événements à Paris. Le progrès technique, dont la Tour Eiffel est aussi un symbole, avait pour conséquence que la vie se passait beaucoup plus vite à Paris, surtout en comparaison avec la vie en province. Delaunay voulait donc transférer la vitesse et la hâte quotidienne de la capitale sur son image par des couleurs vives qui se relayent rapidement.

La dernière peinture que j’ai choisie est moins abstraite que les autres. La nature morte nommée Pain, huîtres et carafe de Georges Braque possède des couleurs sobres et foncées. Peint en 1937, ce tableau est encore inspiré par le cubisme, mais les objets sont présentés d’une façon moins abstraite. Le tableau m’a sauté aux yeux car l’on y voit des spécialités françaises comme du vin, des huîtres et une baguette. Mais cette œuvre laisse aussi une certaine liberté d’interprétation : la carafe, peinte dans un style cubiste, peut également être un vase à fleurs. De toute façon, on ne sait pas quelle boisson se trouve dedans. Pour moi, les huîtres peuvent aussi être de la viande ou des tranches de pain. Seul le pain lui-même ressemble à du pain.  

C’est pourquoi j’aime les œuvres du cubisme. Elles font réfléchir et laissent place à l’imagination des contemplateurs. Il suffit juste de regarder les œuvres un peu plus longtemps pour découvrir leurs secrets, pour ressentir des sentiments inattendus. Bref, pour être fasciné.

Cet article a été rédigé par Jana W., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg. Et maintenant, suivez Jana à travers les salles de la Kunsthalle, pour découvrir les oeuvres présentées.

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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On tourne à Hambourg !

Cinema Seats
Photo: Mark Lorch, CC BY-NC 2.0

Le texte suivant vous invite à découvrir un autre aspect de la métropole touristique : le Hambourg culturel, ou plus exactement cinématographique, où ont été tournés de nombreux films, dont ceux du cinéaste Fatih Akin, et où sont montrés de nombreuses œuvres. Suivez-nous sur ces traces ! 

Hambourg, ville hanséatique du nord de l’Allemagne, aussi connue sous son surnom populaire de „porte sur le monde“. Ville des comédies musicales, de l’Elbphilharmonie, accueillant d‘innombrables touristes internationaux, cité nordique comptant le plus grand nombre de ponts en Europe et métropole construite autour de l‘un de plus grands ports du monde. Il y a dans cette ville beaucoup de choses à découvrir ! Mais quelle est l’offre culturelle de la ville et où y repérer des traces francophones ? Plongeons dans l’univers filmique et levons le rideau !

Comme d’autres métropoles, Hambourg offre un choix riche de grands cinémas, notamment les « UCI » ou les « Cinemaxx ». Vous pouvez y voir tous les „blockbusters“ produits par l’industrie cinématographique, avant tout celle de Hollywood. Mais on ne saurait oublier que plus de 60 films français sortent chaque année, et l’enthousiasme des Allemands à leur égard grandit d’année en année. Dans le passé, plusieurs films français „grand public“ sojnt devenus très populaires en Allemagne. Même s’ils n’ont pas été montrés seulement en V.O., ils ont ensorcelé les spectateurs allemands. Quelques titres resteront – sans doute – toujours dans nos mémoires, par exemple, « Intouchables », « Le Parfum », « Astérix et Obélix », « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » ou « Bienvenue chez les Ch’tis », tous sortis depuis 1990.  

Mais ce que la plupart ne savent pas, c’est qu’il y a aussi quelques petits cinémas à Hambourg qui montrent en V. O. des films français moins connus. Les cinémas les plus actifs dans ce domaine sont le « Zeise », le « Métropolis », le 3001 et l’« Abaton ». Ces cinémas travaillent – très souvent – en coopération étroite avec d’autres établissements et institutions, notamment l’Institut français à Hambourg, la Filmförderung Schleswig-Holstein ou l’Ambassade de France à Berlin. Leur objectif principal est de maintenir et de développer les relations entre la culture cinématographique de la France et celle de l’Allemagne. L’Institut français s’est donné aussi pour tâche d’encourager la diffusion de l’héritage cinématographique français et des créations contemporaines, en subventionnant des festivals ou manifestations.

Les „Journées du cinéma français“ sont l’une de ces manifestations. Cette année aura lieu la 11ème édition de ce festival dont le concept est très simple : chaque été, la cinémathèque de Hambourg invite les spectateurs à découvrir sur grand écran, pendant deux semaines, le cinéma francophone actuel. Douze films sont sélectionnés, qui montrent la grande diversité du cinéma français [franzoesische-filmtage-hamburg.de]. Afin de rassembler tous les goûts et intérêts, les „Journées du cinéma français“ offrent une grande variété de genres – que ce soit le drame, la comédie, le film historique, le documentaire ou bien le film d’animation. Alors, que vous soyez Hambourgeois.e ou touriste intéressé.e par la culture française, venez au « Metropolis » cet été ! Découvrez Hambourg sous une autre perspective, loin de la route touristique traditionnelle. Vous serez surpris du succès du festival !

Si vous aimez, tout de même suivre des chemins plus touristiques, vous pouvez vous inspirer de quelques films français tournés à Hambourg, comme « The American Friend ». Tourné en France et à Hambourg, ce film franco-allemand date de l’année 1977. Il a été tourné par Wim Wenders et est adapté du roman policier « Ripley’s Game ». Ce film, qui a déjà fêté son 40ème anniversaire, a été montré l’année dernière à la manifestation « Eine Stadt sieht einen Film ». C’est aussi un festival de films qui montre – pendant seulement une journée – un film sélectionné. Guidé par des conversations cinématographiques et des courts-métrages, le public a également suivi la carte des lieux du tournage, parmi lesquels vous reconnaîtrez notre marché aux poissons, notre vieux tunnel sous l’Elbe, le café « Strandperle » sur la plage et la populaire avenue « Elbchaussee ». Bien que « The American friend » soit un film des années soixante-dix, c’est une œuvre d’art captivante et un jalon de l’histoire cinématographique allemande qui rendit le quartier de St. Pauli des années 70 célèbre dans le monde entier. Donc, allez-y et découvrez en film comme en vrai les lieux de notre ville maritime ! Pour acquérir quelques impressions de celle-ci, vous pouvez notamment trouver des images fascinantes sur le blog de Andrea David [filmtourismus.de].

Mais Hambourg, ce n’est pas seulement cela. C‘est aussi le lieu de naissance du réalisateur Fatih Akin. Fatih Akin, pour quelques-uns l’incarnation du réalisateur d’aujourd’hui, est l’un des rares réalisateurs allemands dont les films sont sélectionnés dans des festivals internationaux. Avec une mise en scène courageuse de thèmes critiques, il enthousiasme les spectateurs et particulièrement les Français. Ils adorent son style, sa capacité à intégrer ses propres émotions et pensées dans un film sans les rendre fades. C’est un magicien, un artiste, un créateur. Ayant grandi dans un des quartiers problématiques de Hambourg, il connaît sans doute mieux que d’autres les abîmes insondables de l’être humain. Dans l’un de ses derniers films, « In the Fade », qui traite de la justice à la fois d’une perspective d’extrême droite et d’une perspective morale, Akin essaie de montrer la contradiction et l’élasticité de ces deux termes. Avec ce film, Akin a – une fois de plus – attiré l’attention sur lui au Festival de Cannes. Nous pouvons donc être curieux de voir avec quels films il nous enthousiasmera à l’avenir !

Cet article a été rédigé par Vanessa Stenger, étudiante en Romanistique áà l’Université de Hambourg

Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.

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