Stade Vélodrome, Marseille: OM – Le Mans Photo: Fred, CC BY-SA 2.0
« Aux Armes, aux Armes ! Aux Armes, aux Armes ! Nous sommes les Marseillais ! Nous sommes les Marseillais ! Et nous allons gagner ! Et nous allons gagner ! Allez l’OM, allez l’OM ! Allez l’OM, allez l’OM ! hohohohohhohohohohohhoho … »
Un chant que l’on n’entend plus seulement dans les stades français (à chaque fois adapté au club respectif), mais aussi au stade de Millerntor à Hambourg. Le chant fait référence à la Marseillaise, chant patriotique de la Révolution française adopté plus tard par la France comme hymne national. Mais comment ce chant est-il passé des champs de bataille aux stades de football ?
A l’origine, ce ne sont pas les Marseillais qui ont inventé le chant dans les stades français, eux aussi ont été inspirés – par des fans du Milan AC au début des années 90 qui encourageaient leur équipe en chantant « All’armi ! All’armi ! … ».
Voilà comment le « Aux Armes » a fait le chemin de San Siro à Marseille, où il s’est érigé en hymne, loin de ses origines – mussoliniennes. « All’armi ! All’armi ! All’armi siam fascisti terror dei comunisti […] » était un chant populaire des fascistes dans l’Italie des années 40. Un supporter de CU84 (le groupe d’ultras le plus ancien de l’OM) l’explique ainsi : « A cette époque, on ignorait tout ça ! Ce qui nous avait marqués, c’était la puissance de ce chant. »
On peut observer que la proximité avec l’Italie a été décisive au début des mouvements de supporters en France, ainsi que dans la culture « ultra » de plusieurs pays d’Europe.
On trouve des informations différentes sur l’origine des premiers ultras : pendant mes recherches, j’ai trouvé aussi des indications montrant que le premier groupe d’ultras sont les supporters de l’Hajduk Split (le groupe des ultras le plus ancien d’Hajduk s’appelle : Torcida).
Cependant, il est indéniable, aujourd’hui comme au début de ce mouvement dans les années 50/60, que les supporters italiens sont les plus nombreux et les plus influents parmi les ultras de toute l’Europe.
Mais les raisons pour lesquelles on entend aujourd’hui « Aux Armes » au stade de Sankt Pauli n’ont pas pour origine Marseille, malgré une amitié proche de CU84 (Commando Ultra ’84) et des USP (Ultra Sankt Pauli).
Le chemin de ce chant des stades français jusqu’au stade hambourgeois de Sankt Pauli a en fait commencé à Bordeaux, à l’occasion d’un voyage de jeunesse (U16) en 1996 auquel ont participé certaines personnes qui feront partie du début de la scène ultra de Sankt Pauli quelques années plus tard. C’est donc là, à Bordeaux, qu’ils ont entendu le chant « Aux Armes » pour la première fois et que, impressionnés, ils ont réussi à l’introduire par la suite au stade de Millerntor. C’est pourquoi on entend maintenant depuis plus de 20 ans le « Aux Armes » chanté par les supporters de Sankt Pauli au début de chaque match.
Cet article a été rédigé par Z.K., étudiante de l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet « Französisch auf der
Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt »,
avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
« Quand
beaucoup de petites personnes, dans beaucoup de petites localités, font
beaucoup de petites choses, elles peuvent changer la face du monde. »
C’est exactement l’idée que l’équipe masculine de handball du FC St. Pauli a
suivi en tentant à la fois de planifier une finale de saison tout en faisant
quelque chose de bien. C’est ainsi que les Hambourgeois ont entamé leur voyage
au Rwanda. Qu’y ont-ils vécu et réalisé ? Pourquoi le Rwanda et qu’est-ce que
le Rwanda a vraiment à voir avec le français ? Et quel lien avec les gorilles ?
Toutes les réponses à ces questions se trouvent dans cet article.
Le Rwanda est un pays d’Afrique orientale enclavé et densément peuplé. En raison de son paysage vallonné, le Rwanda est aussi appelé „le pays aux mille collines“. Sur le territoire national, le principal bassin hydrographique africain s’étend entre les bassins du Nil et du Congo. De 1884 à 1916, le Rwanda a été une colonie allemande faisant partie de l’Afrique orientale allemande. Après la Première Guerre mondiale, il passa sous mandat belge de la Société des nations en 1919 et, après 1945, devint un territoire sous tutelle de l’ONU. En 1962, le pays est devenu indépendant.
En raison notamment d’une forte densité de population et
de conflits entre les groupes ethniques des Hutus et des Tutsi – qui ont conduit
au génocide des Tutsi en 1994 – le pays était l’un des plus pauvres d’Afrique.
Au Rwanda vit pourtant un peuple avec une langue et une
culture communes. La langue maternelle de presque tous les Rwandais est la
langue bantoue Kinyarwanda : 88% des habitants ne parlent que cette
langue. Les autres langues officielles sont le français (depuis le mandat
belge) et, depuis 1994, l’anglais, introduit principalement par le retour de
réfugiés de longue date de Tanzanie et d’Ouganda. Dans les grands centres
commerciaux, on parle également le swahili, qui est également une langue
bantoue et n’est apprise qu’en tant que langue étrangère au Rwanda.
En octobre 2008, le gouvernement a déclaré que dans les
années à venir, l’éducation rwandaise devait se concentrer sur le français et
l’anglais, et cela a été mis en œuvre dès 2009. Par exemple, les examens et les
cours ont lieu en anglais. L’objectif est de lier politiquement et
économiquement le pays à l’Afrique de l’Est.
Les puissances coloniales, d’abord les Allemands, puis
les Belges, ont décidé de gouverner de manière indirecte et n’ont pas voulu
créer leur propre appareil administratif. Au départ, ils ont soutenu les élites
dirigeantes des Tutsis et ont essayé de les utiliser à leurs propres fins. Les
puissances coloniales ont défini les catégories sociales „Hutu“,
„Tutsi“ et „Twa“ comme des „tribus“,
différenciées selon des critères économiques et des critères raciaux en termes
d’apparence et de caractère présumés. Les Tutsi ennoblis étaient privilégiés
dans le système de gouvernement colonial : ils ont facilement adopté une
théorie qui prouvait leur supériorité supposée par le passé.
En 1934/1935, un recensement a été effectué par le pouvoir colonial belge. L’appartenance aux Tutsi ou aux Hutu a été définie par le nombre de têtes de bétail que la personne possédait. Toutes les familles comptant plus de dix têtes de bétail étaient Tutsi, toutes les familles avec moins de bétail étaient Hutu. Quiconque n’avait pas de bétail était classé comme Twa. Les puissances coloniales ont d’abord préféré négocier avec les Tutsi plus riches, qui comprenaient la famille royale et les élites traditionnelles. En 1939, les colonialistes belges ont fait inscrire cette identité ethnique sur la carte d’identité des habitants. La politique coloniale obligeait la population à payer et imposait le travail forcé ; les Tutsi étaient chargés de collecter. Tout cela a conduit à de l’insatisfaction et les problèmes devinrent de plus en plus nombreux, car les Tutsi exprimaient leurs propres idées et ne souhaitaient pas appliquer toutes les spécifications du pouvoir colonial belge. Lorsque les Hutu ont pris le pouvoir en 1959, ils ont instrumentalisé la ségrégation ethnique pour créer une sorte d’apartheid noir. Ils ont adopté l’idéologie raciste des Européens et ont commencé à traiter les Tutsi comme des étrangers qui auraient immigré au Rwanda.
Avant les premiers massacres, les expulsions et la
première vague d’exode tutsi en 1994, leur part était estimée à 12-13%. Le
génocide a tué au moins trois quarts, peut-être plus de 90% des Tutsis basés au
Rwanda. En raison du retour d’un grand nombre de Tutsis en exil peu de temps après,
les Tutsi représentent encore aujourd’hui beaucoup plus que les 1 à 3% prévus
de la population. Les chiffres récents sur l’origine ethnique sont difficilement
accessibles.
Depuis la fin de la guerre civile, un processus de
reprise économique a été engagé, favorisé en partie par l’exploitation de
matières premières dans les provinces de l’est du Congo. Depuis 2000, Paul
Kagame est président et dirige le pays de manière autoritaire dans une sorte de
dictature de l’éducation et du développement. Le système gouvernemental est
critiqué à l’échelle internationale pour son manque de liberté de la presse, la
suppression de l’opposition, la manipulation des élections et la
déstabilisation de l’est du Congo.
C’est cette région-là qui est devenue la destination des
joueurs de handball du FC St. Pauli. L’idée est née en 2016 lors de la
planification de la finale de la saison, qui devait être quelque chose de très
spécial. Une fois que la recherche a été terminée, le plan était de soutenir et
de planifier un voyage de sept jours au Rwanda et une visite au Handball Club «
Gorilles », basé à Kigali, afin de voir comment ce club fonctionne. En
2017, l’aventure a commencé pour les 15 joueurs du club de handball du FC St. Pauli
qui se sont envolés pour Kigali. Lors de cette semaine, les joueurs ont été
marqués par de nouvelles impressions et expériences : les matches de
handball contre des adversaires motivés et bien entraînés, un terrain vierge
avec un sol en béton, une altitude de plus de 1600 mètres et des conditions de
vie qui ont beaucoup impressionné les joueurs de Hambourg. De retour en
Allemagne, l’équipe a voulu continuer à soutenir le club de handball par des visites
mutuelles, la fourniture de matériel de formation, par des échanges de contenus
de formation via des vidéos, ainsi que par la distribution d’eau.
« Le Rwanda est l’un des pays les plus pauvres
d’Afrique de l’Est, l’accès libre à l’eau potable n’est pas facile et représente
dans la plupart des cas beaucoup de temps. Nous avons le privilège de
simplement ouvrir le robinet et d’avoir de l’eau. L’erreur de verser de l’eau
d’une bouteille sur sa tête pour se rafraîchir devant les nombreux enfants sur un
terrain de sport est quelque chose que vous ne faites qu’une fois en Afrique !
L’eau étant une
condition essentielle à l’activité physique, nous avons décidé d’aller plus
loin lors de notre prochaine action. » (Never Play Alone St. Pauli E.V)
Voilà l’idée. Petit à petit, les hommes apprennent à quel point l’organisation et la planification s’avère complexe : le projet d’approvisionnement en eau surtout pose de nombreux obstacles et défis. Ils ont donc fondé une association : Never play alone St.Pauli E.V. et commencent à prendre des mesures et à collecter des fonds pour leur projet. Des maillots, des collectes de fonds, des soirées caritatives et même une marque de bière Überquell ont été spécialement conçues pour que le projet atteigne son objectif. Avec succès ! 50.000 Euros ont déjà été collectés et l’objectif de 85 000 euros est à portée de main !
Cet article a été rédigé par M., étudiante de
l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Liberté, égalité, fraternité : voilà l’héritage le plus célèbre de la Révolution française. A Hambourg, elle a apporté l’Alsterpavillon. Les milliers d’émigrants qui ont fui à Hambourg pour fuir la Révolution l’ont enrichie et ont apporté le charme français à l’Elbe.
Qui aurait cru à l’époque qu’aujourd’hui encore on boit du café et on mange des gâteaux et de la crème glacée dans ce restaurant ? Car le premier pavillon de l’Alster était égalementle premier café glacier d’Allemagne. C’est un aristocrate émigrant, le Vicomte Augustin Lanclot de QuatreBarbes, qui a construit l’Alsterpavillon. Ce Français s’est enfui à Hambourg pour se protéger de la Révolution et avait demandé en 1797 au sénateur de Hambourg un permis afin de construire un petit restaurant au bord de l’eau ; il voulait y vendre des rafraîchissements et des glaces. Cela convenait bien, car la ville envisageait déjà d’embellir le Jungfernstieg. Grâce à son élargissement, à l’installation de nouvelles lanternes et à la construction de l’Alsterpavillon, ce boulevard a acquis un charme français indéniable.
Cependant, tout cela s’est passé à une condition : les clients devaient se passer de jeux de cartes et de dés et de fumer du tabac en public. Après avoir promis de respecter cette interdiction, le Vicomte a ouvert le premier pavillon de la ville le 20 août 1799. Mais après seulement deux années, le fondateur s’est retiré et a vendu son pavillon au pâtissier suisse Richard Rubenet la famille de ce dernier y a vendu durant des dizaines d’années leurs délicieuses meringues. On dit qu’au début de l’existence du pavillon, Heinrich Heine y est allé, décrivant le café comme un « café drôle et en forme de tente ». Le violoniste virtuose italien Niccolo Paganini, qui a même pratiqué son art sur place, était un autre client éminent.
Malheureusement, la construction française n’était pas éternelle, car après 30 ans, le bâtiment a été déclaré délabré : il était donc temps de construire un nouveau bâtiment. En 1835, le pavillon n° 2 est devenu plus grand et plus moderne. L’apogée du deuxième bâtiment a été le troisième festival de musique d’Allemagne du nord, qui a eu lieu en 1841, avec entre autres la participation du compositeur hongrois Franz Liszt.
En mai 1842, Hambourg est détruit par le grand incendie et le pavillon de l’Alster est pillé. Une fois rétabli et redevenu le centre de la vie à l’Alster, il est trop petit pour les nombreux invités qui entrent et sortent. L’architecte le plus célèbre de la ville à l’époque, Martin Haller, qui a construit entre autres la mairie, est chargé de la construction du nouveau bâtiment. En 1875, le pavillon n° 3, un bâtiment ressemblant à un temple, est terminé. Il est construit dans le « style suisse », avec deux terrasses couvertes sur le côté. En plus de la nourriture et des rafraîchissements, le restaurant propose 50 journaux et magazines différents, allemands et étrangers.
En 1899, en raison de l’agrandissement du Jungfernstieg, le temple du café bien-aimé doit être reconstruit. Le 20 janvier 1900, le pavillon n° 4, construit dans le style roman-italien, est inauguré. L’Alsterpavillon est devenu un joyau de Hambourg, la ville qui devient de plus en plus une grande ville de renommée mondiale. Le pavillon numéro n° 4 a existé 13 ans, jusqu’à ce qu’il devienne lui aussi trop petit.
En 1913, un pavillon plus grand et plus beau devient nécessaire. Le successeur, le n° 5, est une création des architectes Rambatz et Jollasse et répond à toutes les attentes. Le bâtiment est un symbole de prospérité et peut accueillir 2000 personnes, deux fois plus que le précédent. Selon un journal, le café est non seulement le café le plus populaire, mais aussi le plus élégant du monde ! Le pavillon n° 5 offre même un « Teeraum », un salon de thé, où l’on peut s’assoir sous des palmiers et des lustres étincelants.
En 1919 a lieu le Heil’scher Sülzeskandal. Une usine de produits de boucherie est accusée d’utiliser des cadavres d’animaux pour fabriquer ses produits. Par conséquent, quelques citoyens croient qu’il y avait des carcasses dans le « Heil’schen Delikatess-Sülze » proposé au menu ; ils attaquent le pavillon de l’Alster et laissent des décombres.
Malgré cette histoire mouvementée, le pavillon a survécu à la crise économique,
durant laquelle il fut temporairement une bourse, et à la construction du métro
de Jungfernstieg à Kellinghusenstraße en 1930.
À l’époque du Troisième Reich, le jazz américain était interdit. Néanmoins, des concerts de Swing avaient lieu dans le pavillon Alster ; c’est pourquoi la Gestapo a fermé ses portes le 25 juin 1942. Un mois plus tard, le pavillon a été victime d’un bombardement.
Le pavillon n° 6, œuvre de l’architecte Ferdinand Streb, a été ouvert en 1953 et est le pavillon
semi-circulaire à toit plat qui existe encore aujourd’hui. À l’âge de 66 ans,
le pavillon n°6 fait preuve d’une belle
longévité. En 1990,
des problèmes ont néanmoins été découverts dans le bâtiment ; on a même
craint que le bâtiment doive être démoli, mais au lieu de cela, il a été
amélioré. En résumé, aucun édifice du centre-ville n’a été construit et démoli
puis reconstruit aussi souvent que l’Alsterpavillon !
En raison des nombreuses restructurations, les racines françaises de l’Alsterpavillon ne sont plus reconnaissables. De plus, à cause du pavillon n° 3 et du pavillon n° 4, les styles suisse et romano-italien se sont ajoutés à la construction initiale. Les traces françaises ont ainsi été complètement effacées, ce qui explique pourquoi pratiquement personne ne sait aujourd’hui que ce bâtiment a des racines françaises. Néanmoins, cet établissement apporte de la bonne humeur au Jungfernstieg, surtout en été. Bien que le pavillon d’origine du Vicomte ait laissé à peine des traces, il a néanmoins donné au Jungfernstieg le premier glacier d’Allemagne, dans lequel vous trouvez aujourd’hui difficilement une place en été, car il est toujours très fréquenté.
Cet article a été rédigépar Rachel Gök.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Hambourg et Bordeaux, deux villes magnifiques, ont beaucoup plus en partage qu’il ne semble à première vue. Ces deux cités très importantes dans leur pays respectif sont toutes deux des villes portuaires historiques situées sur les rives d’un grand fleuve menant à une embouchure vers la mer. Toutes deux ont un grand nombre d’étudiants et sont attrayantes pour des jeunes gens. Elles sont par ailleurs très riches et d’une grande importance économique et peuvent faire un examen rétrospectif d’une histoire longue, riche et variée, bien que l’histoire de Bordeaux remonte plus loin encore que celle de Hambourg. Certes la ville partenaire de Hambourg en France est officiellement Marseille, mais Bordeaux et Hambourg sont liées par une longue coopération universitaire couronnée de succès qui a célébré son jubilé en 2007. Quels autres parallèles historiques et contemporains peut-on tirer entre ces deux métropoles et quelles traces de la ville ainsi que des universités de Bordeaux peut-on retrouver dans la ville allemande ?
Le partenariat
universitaire entre Hambourg et Bordeaux qui est né dès la fin des années 50
est l’une des plus anciennes relations internationales de l’après-guerre de la
ville allemande et a également joué un rôle de pionnier dans la création d’un
enseignement supérieur européen commun comme dans la réconciliation
franco-allemande. L’idée directrice consistait à sortir de l’hostilité
franco-allemande et à créer des relations partenariales et réciproques, aussi
quant à la vie académique et intellectuelle. L’idée de paix était très importante
pour les fondateurs du jumelage, parce que la compréhension insuffisante des autres
pays et cultures était une des causes des catastrophes des siècles passés.
La fixation
contractuelle du partenariat ne s’est produite qu’en 1989, dans la mesure où,
longtemps, les deux universités n’ont pu aboutir à un accord, et pourtant
l’échange intensif fonctionnait déjà très bien aussi sans contrat. Malgré des
différences culturelles et administratives, celles dans la pratique de la
recherche et de l’enseignement, les universités ont réussi à établir des
relations durables qui persistent encore aujourd’hui.
De nos jours, le
partenariat entre l’Université de Hambourg et l’Université Bordeaux Montaigne
est très développé et comprend une variété globale de disciplines englobant diverses
philologies, la littérature comparée, l’histoire, la philosophie, l’archéologie
classique et la géographie. Au-delà de ces accords, l’Université de Hambourg
cultive de nombreux programmes d’échange avec l’Université de Bordeaux, l’autre
grande université de la ville, dans
d’autres domaines de formation et de recherche comme la médecine, le droit et
la gestion d’entreprise. Cette étroite coopération se reflète entre autres dans
maints programmes d’échange réguliers, dans les invitations régulières de professeurs,
mais aussi dans les contacts personnels
et institutionnels, dans les publications scientifiques et les projets communs.
L’échange régulier
de professeurs invités entre Hambourg et Bordeaux est sous cette forme unique
dans le paysage universitaire européen. Par le biais de ces échanges se sont constitués
de nombreuses relations étroites et même amicales. Les deux universités disposent
également avec la filière internationale „Geschichte/Histoire (HamBord)“ d’une
formation d’historiens bilingues soutenue par l’Université franco-allemande avec,
à la clef, l’obtention d’un double diplôme franco-allemand.
Bien sûr, les
coopérations entre les deux universités ne se sont pas toujours déroulées sans
heurts, mais ce partenariat qui dure depuis maintenant plus de 60 ans témoigne
d’une relation partenariale et amicale qu’on peut estimer couronnée de succès.
Dans le cadre du cinquantenaire du partenariat en 2007, une publication
scientifique bilingue proposant une histoire comparative des deux métropoles a
paru grâce à la coopération étroite des
historiens hambourgeois et bordelais. Le jubilé a été l’occasion de festivités pendant
lesquelles l’Université de Hambourg a décerné le titre de docteur honoris causa
au germaniste bordelais Jean Mondot pour ses recherches.
On peut aussi
observer que le jumelage a laissé nombre de traces dans la ville de Hambourg. Ainsi,
plusieurs anciens boursiers de Bordeaux vivent aujourd’hui dans la ville
allemande, devenue leur patrie d‘adoption. Les collaborations des deux villes
remontent d’ailleurs plus loin encore dans l’histoire. Dès le XIIIème siècle,
les navires marchands hanséatiques importaient des vins de Bordeaux, et la
première mention commune des deux régions apparaît en l’année 14 après
Jésus-Christ, alors même que le nom de la ville de Hambourg n’existait pas
encore. Bordeaux était un des ports européens les plus importants avant la
Révolution française, alors que Hambourg est aujourd’hui l’un des plus grands ports
européens. On pourrait donc aisément penser que la description historique de
Bordeaux à l’époque romaine comme „le grand port de la Garonne, la métropole
cosmopolite, peuplée et riche qui présente d’innombrables possibilités…“ pourrait
également s’appliquer à la métropole de l’Elbe actuelle. Les deux villes ont
beaucoup d’autres choses en commun, comme par exemple le fait que leurs fleuves
respectifs sont d’une importance primordiale et ont représenté depuis toujours
une artère vitale de la ville, contribuant à leur développement.
Un autre point notable commun est la démocratisation de l’enseignement qui s’est produite au cours du siècle dernier. À Hambourg, elle s’est manifestée par la création de l’Université de Hambourg en 1919, la première université démocratique d’Allemagne, et à Bordeaux par la massification considérable de l’enseignement supérieur dans la seconde moitié du siècle. De nos jours, le nombre d’étudiants à Hambourg s’élève à environ 108 000 et à Bordeaux à presque 80 000. Donc la part en pourcentage d’étudiants est très élevée pour ces deux villes, en particulier à Bordeaux, où la part s’élève à environ 10% de la population de l’agglomération. Dans l’ensemble, on peut conclure que le partenariat universitaire entre l’Université de Hambourg et l’Université Bordeaux Montaigne est un jumelage qui porte ses fruits à bien des égards, et si les deux universités maintiennent le cap, elles peuvent être optimistes pour leur avenir commun. Un tel partenariat n’a pas de prix pour les deux villes universitaires et leurs régions et apporte une contribution importante au rapprochement des peuples. Par rapport aux traces de la francophonie à Hambourg, le partenariat des universités laisse des traces en ce sens puisque chaque année des professeurs bordelais y dispensent des cours, des étudiants de Bordeaux viennent y étudier et que des enseignants-chercheurs bordelais viennent régulièrement à Hambourg pour des congrès, des charges d’enseignement à court terme ou des doctorats. Cette mobilité est bien entendu réciproque. Les deux villes portuaires sont donc unies non seulement par ce partenariat universitaire mais également par de nombreuses caractéristiques communes, une histoire mouvementée et des destins croisés dans l’histoire.
Cet article a été rédigé parArtur S.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
« La
Liberté ou la Mort » est un tableau historique qui renvoie à l’un des
choix les plus importants que le peuple français a eu à faire. Après de
nombreuses années d’exposition dans les musées de Paris, cette peinture
emblématique de la Révolution française a fini par arriver et par rester à
Hambourg, malgré son message révolutionnaire. Pour quelles raisons ?
Pour commencer, il faut
comprendre dans quel contexte ce tableau a été peinte. Jean Baptiste Regnault,
un peintre parisien du XVIIIème siècle, a peint cette œuvre en 1795, 6 ans seulement
après la Révolution française. C’était une époque où beaucoup de changements
ont eu lieu en France, que ce soient des changements par rapport à la façon de
vivre ou des changements concernant l’idéologie du peuple français.
Regnault a captivé l’attention de
toute la France avec son œuvre qui fut exposée au Salon de Paris en 1795, et
pour comprendre la raison de tout ce succès, il faut d’abord comprendre ce que
Regnault a voulu montrer en créant « La Liberté ou la Mort ».
Parlons un peu du tableau :
C’est une huile sur toile aux
dimensions 60 x 49 cm qui nous présente 3 personnages. Au milieu, nous avons le
Génie de la France, à sa gauche l’allégorie de la mort et enfin à sa droite l’allégorie
de la liberté.
Chacun de ces personnages porte
des symboles qui représentent des messages qui peuvent passer inaperçus, malgré
leur importance.
Le Génie de la France : il possède
des ailes légèrement colorées de rouge et de bleu qui indiquent l’union et la
France ; sur sa tête nous retrouvons la Flamme de l’esprit, qui symbolise
l’illumination et l’amour spirituel. Ses bras sont ouverts, pour indiquer que
le Génie est un messager, un protecteur et aussi un annonciateur.
L’allégorie de la liberté : nous
apercevons un bonnet phrygien en haut à gauche de la peinture (signe de
liberté) ; la figure féminine possède aussi une écharpe tricolore,
signalant que l’allégorie est un symbole d’union, d’unité et
d’indivisibilité ; enfin, nous identifions aussi le triangle à niveau et
le fil de plomb, qui symbolisent l’égalité.
L’allégorie de la mort : la faux et
le squelette symbolisent la mort, tandis que la couronne de laurier symbolise
une récompense.
La disposition des personnages
nous fait penser qu’il y a un choix à faire. En regardant bien, on peut
apercevoir que les bras du Génie agissent comme une balance qui indique un
déséquilibre en faveur de la liberté. De plus, on remarque aussi que les 3
personnages fixent le spectateur, insinuant ainsi que c’est à lui de faire le
choix. Le choix ici se fait entre la liberté (la République) et la mort (mais
en tant que récompense). Le message que Regnault veut faire parvenir au peuple
est que la liberté vaut que l’on meure pour elle et que cette mort est
honorable.
Après avoir expliqué tout ce
qu’il y a à savoir sur la peinture en soi, nous allons maintenant passer au
mystère la concernant. « La Liberté ou la Mort » est une peinture qui
retrace un moment historique des plus importants pour le peuple français. De ce
fait une question se pose : pourquoi et comment cette peinture a-t-elle fini
au musée des beaux arts de Hambourg (la « Kunsthalle ») ?
D’après les registres, l’œuvre a
été exposée au Salon de Paris de 1795 à
1799 avant d’être présentée au Palais Bourbon à Paris jusqu’en 1805. Après cela,
il n’y a aucune information concernant la localisation de l’œuvre pendant 13
ans, jusqu’au moment où elle réapparaît en 1818 sur le marché de l’art à Hambourg.
La peinture est achetée par le collectionneur hambourgeois Otto Christian
Gaedechens, qui va la garder pendant presque 30 ans avant de l’offrir en cadeau
à la ville d’Hambourg en 1846. Elle va rester entre les mains de la ville
jusqu’à l’ouverture de la « Kunsthalle » en 1868, où elle fera partie
des six premières œuvres exposées au
musée. Depuis, elle n’a pas quitté une seule fois l’enceinte du musée.
Venons-en donc à la raison de
l’arrivée de cette peinture à Hambourg.
Malgré ce que l’on pourrait
croire, « La Liberté ou la Mort » a juste été vendue aux enchères
pour ensuite être vendue à Hambourg. Les 13 ans de sa disparition ne
consistaient en fin de compte qu’ une
période où la peinture a été placée dans
des entrepôts et présentée dans quelques expositions.
Mais pourquoi les Français ne
l’ont-ils pas gardée dans un musée ?
La raison pour laquelle le peuple français n’a pas
insisté pour garder cette peinture est que cette peinture n’était rien d’autre
qu’une copie ! En effet, Regnault avait peint « la Liberté ou la
Mort » en deux exemplaires. C’est en 1792, donc trois ans avant la
création de l’œuvre que nous connaissons déjà, que Regnault a peint le premier
exemplaire de sa peinture. Elle était trois fois plus grande que l’exemplaire
que l’on peut trouver à Hambourg aujourd’hui.
Où se situe cet exemplaire aujourd’hui ?
D’après mes recherches, la peinture a été donnée à un musée de province en 1872. Depuis cette date, la peinture était portée disparue jusqu’à ce qu’on en découvre une partie à Brest après la Seconde Guerre Mondiale où elle a été détruite, faisant de cet exemplaire une œuvre peu connue et laissant croire que l’exemplaire à Hambourg était unique.
Cet article a été rédigépar Lucas L.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.
Cette année, le célèbre facteur d’orgue Arp Schnittger est mort depuis 300 ans, et la ville de Hambourg fête l’année de l’orgue sous le titre „Orgelstadt Hamburg“. Au 19ème siècle, le facteur d’orgues français Aristide Cavaillé-Coll a influencé la facture d’orgue dans le monde entier. Il en a construit beaucoup et a influencé par ce biais le développement de cette musique qui a franchi les frontières de la France. Il y a de nombreux orgues à Hambourg qui ont des jeux portant des noms français, par exemple „flûte harmonique“, „bourdon“ et „voix céleste“.
En
2019, on peut entendre de nombreux concerts de musique d’orgue française à Hambourg. Par exemple, dans
l’église St. Michel, un concert intitulé „Vive la France – 500 Jahre französischer
Orgelmusik“ avec des compositions de François
Couperin, César Franck et Fabrice Bollon. L’orgue de l’Elbphilharmonie a également
des jeux d’orgues français („doublette“, „trompette harmonique“ et „hautbois“)
et les organistes jouent beaucoup de musique de compositeurs français, par
exemple Olivier Messiaen, Louis Vierne et Marcel Dupré.
Mais il n’y a pas seulement de la musique française pour orgue à Hambourg. Il y a également le festival culturel franco-allemand à Hambourg, intitulé „arabesques“. Ce festival avait cette année pour thème „Si j’avais des ailes… Wenn ich Flügel hätte“ et a eu lieu du 22 janvier à 24 février. Ainsi, il y a notamment eu deux concerts du groupe de hip-hop franco-allemand „Zweierpasch“ et du groupe breton „La Gâpette“ qui présentait un mélange de swing, de punk, de rock, de ska et de chanson. Lors de ce festival, il y a donc eu des concerts de musique française, mais aussi d’autres représentations artistiques francophones, par exemple de la danse, des débats ou la projection de films.
On peut également retrouver de la musique populaire francophone au „Reeperbahnfestival“. Le „Reeperbahnfestival“ est un festival de musique qui s’intéresse en particulier aux nouveaux groupes et qui a lieu chaque année en septembre. L’année dernière, la France était le pays partenaire du festival et cette année, il y aura de nouveau des groupes français. Le groupe „Her“ est l’une de ces jeunes formations qui a joué dans le cadre du projet à l’Elphilharmonie. Ainsi la musique classique et la musique moderne de France sont très populaires à Hambourg. Quiconque s’y intéresse a de nombreuses possibilités d’écouter de la musique française et peut voir des concerts très divers à Hambourg.
Cet article a été rédigé parCharlotte K., étudiante en Romanistique à l’Université de Hambourg.
Un travail réalisé dans le cadre du projet „Französisch auf der Spur: Digitale Schnappschüsse an der Universität und in der Stadt“, avec le soutien du Jubiläumsfonds de l’Université de Hambourg, qui fête ses 100 ans en 2019.