Julie Tirard zu Gast an unserem Institut

Julie Tirard zu Gast an unserem Institut

Am 26. Oktober freuen wir uns, die französische Autorin und Übersetzerin Julie Tirard bei uns begrüßen zu dürfen: Im Rahmen eines Master-Seminars wird sie einen Schreibworkshop zum Thema Lyrik anbieten.

2011 übernahm Julie für ein Jahr die Leitung des Theaters Art en Scène in Avignon und inszenierte ihr erstes, von ihr selbst verfasstes Stück „Un dada dans le noir“, beim Festival Off Avignon. 2013 zog es sie als freie Journalistin nach Berlin, wo sie 2016 das feministische Online-Magazin „Girlshood“ mitbegründete. In diesem Sinne geprägt ist auch ihre Arbeit als Übersetzerin von Texten feministischer Autorinnen, u. a. Julia Korbik, Bettina Wilpert, Sivan Ben Yishai. Julies eigene Gedichte sind in verschiedenen Zeitschriften erschienen, und teilweise wiederum selbst ins Deutsche übersetzt worden. Ihr letzter Theatertext „Jusqu’à ce que le mur tienne“ wurde 2023 mit der Aide à la création nationale ausgezeichnet und beim Festival Actoral in Marseille von Sarah Delaby-Rochette inszeniert. 

Seit mehreren Jahren nun leitet Julie erfolgreich Schreibwerkstätten mit Erwachsenen und Schüler.inne.n in Deutschland, Frankreich und in der Schweiz. Einige Ergebnisse dieser Ateliers sind auf einem Blog zu lesen: 

https://lesateliersohe.wordpress.com/

Eine Übersicht über Julies vielseitiges Schaffen findet ihr auf ihrer Homepage: 

https://www.julietirard.com

Und oben findet ihr natürlich eine kleine Kostprobe ihres Schaffens aus dem Band „L’Hôtel“, den ihr hier auch online findet:

https://hoteldesautrices.com/home-residence/julietirard/

 

Text: Prof. Dr. Daniel Fliege

Der Workshop wird am 26.10.2023 ab 16:15 Uhr im Phil-Turm, Raum 10007 stattfinden. Alle interessierten Personen sind herzlich eingeladen!

 

 

Paul Éluard : Liberté

La poésie : un sujet sur lequel les avis divergent pour toujours dans notre société moderne. Les un.es adorent le langage esthétique, les autres n’ont que faire des expressions artificielles qui ne trouvent plus du place dans notre langue quotidienne.

Dans le cadre de notre série des récitations des poèmes effectuées par les étudiant.es en Romanistique, nous vous présentons la version du poème “ Liberté “ par Paul Éluard de l’étudiante Kathlin Gallo.

Ce poème ouvre le recueil “ Poésie et Vérité „, mettant par cela en évidence l’essence des oeuvres poétique dites poèmes de la résistance pour lesquels Éluard est célèbre. Le contexte historique d’une France occupée et divisée joue un rôle important dans la recherche du véritable sens de la liberté comme conception et comme mot. Notre étudiante nous fait sentir la gravité du concept, nous rappelant par cela la valeur de la liberté que nous considérons comme allant de soi.

La récitation a été réalisée dans le cadre du cours Expression Écrite et Orale 1, tenu par Julie Müller.

Charles Baudelaire : À une Passante

La poésie : un sujet sur lequel les avis divergent pour toujours dans notre société moderne. Les un.es adorent le langage esthétique, les autres n’ont que faire des expressions artificielles qui ne trouvent plus du place dans notre langue quotidienne.

C’est exactement dans le cadre de ce dilemme qu’intervient Baudelaire avec son style particulier. Il raconte des histoires ou d’anecdotes inspirées de l’univers urbain, lâchant le style poétique embellissant et, au lieu de cela, illustrant la réalité banale d’une manière distincte qui marque le monde poétique depuis.

“ À une Passante “ est un sonnet construit sur des sujets romanesques : celui de la rencontre et l’importance de chaque rencontre dans la vie humaine, l’attirance d’une présence féminine, l’espoir et la déception.

Baudelaire se trouve dans un monde très sonore qui ne peut être éprouvé que par sonorité – donc, quelle meilleure méthode pour revivifier le monde poétique que réciter les poèmes ? Nos étudiant.es en Romanistique ont travaillé sur des récitations que nous voulons partager avec vous !

Voilà la belle récitation de l’étudiante Julia Chlebda du poème “ À une Passante “ par Charles Baudelaire, réalisée dans le cadre du cours Expression Écrite et Orale 1, tenu par Julie Müller.

Journée d’étude Afrique francophone subsaharienne

Le 29 octobre 2019, 200 lycéen.ne.s de Hambourg se sont rendu.e.s à l’Université avec leurs professeur.e.s de francais, à l’invitation de l’Institut de Romanistique, pour participer à une Journée d’étude proposée dans le cadre du projet intitulé « Atelier des mondes francophones : aux marges du Sahara » et soutenu par le Lehrlabor du Universitätskolleg de l’Université (pour en savoir plus sur ce projet, regardez ici sa présentation en allemand).

Les élèves ont pu entendre trois conférences, en allemand et en francais, et découvrir 10 posters consacrés à différents pays d’Afrique francophone subsaharienne. Ces posters avaient été réalisés par les étudiant.e.s de Romanistique qui, présent.e.s, ont pu répondre aux questions des élèves sur les pays et les oeuvres culturelles présentés (pour chaque pays, un film ou une série, un livre ou une BD et une chanson), mais aussi sur les études à l’Université de Hambourg.

Une Journée d’études intense et riche d’échanges, dont tou.te.s les participant.e.s et intervenant.e.s souhaitent qu’elle devienne un rendez-vous annuel entre l’Université et les lycées hambourgeois. A suivre !

Et voici, en images, le film de la Journée d’études, avec des interviews de ses principaux acteurs et actrices.

Les Mille et Une Nuits – Raconter pour survivre

Pour dire la vérité, on ne sait pas grand-chose des Mille et Une Nuits. Et je ne vous parle pas des contes pour enfants ou des films de Walt Disney, mais d’un classique de la littérature mondiale. Il est temps de combattre les préjugés sur cette histoire trop connue et finalement méconnue. Quelle leçon tirons-nous du destin de Shéhérazade ? Est-ce qu’on pourrait transférer les idées de cette histoire à notre époque ? Shéhérazade raconte pour survivre – mais la littérature peut-elle encore nous sauver la vie ?

Quand nous entendons Les Mille et Une Nuits, nous pensons aux mondes lointains et étrangers, au génie de la lampe, aux tapis volants, aux autres traditions, aux contes pour enfants et beaucoup plus. Cette œuvre n’est pas un récit emprunté à un film de Disney, mais un classique de la littérature mondiale. Les Mille et Une Nuits est un recueil de contes populaires d’origine arabe, et aussi persane et indienne, écrit en langue arabe et remonte à l’année 250 : un conteur anonyme a raconté quelque chose, un autre l’a divulgué, un autre l’a écrit, un autre encore l’a traduit et changé et ainsi de suite. Et si votre curiosité est éveillée maintenant et que vous avez décidé de lire l’œuvre, il y a un seul problème : il n’existe pas de version originale ! Ce qui existe, c’est le Manuscrit de Galland qui est paru vers 1450. Ce texte est considéré comme la version la plus ancienne en arabe des Mille et Une Nuits. Antoine Galland (1646-1715), orientaliste français, a publié la première traduction française de ce manuscrit de 1704 à 1708. Ce qui est frappant, c’est que les histoires sont très brutales et sexuelles. En outre, toutes les histoires sont un récit à suspense : c’est en effet Shéhérazade qui a inventé le cliffhanger (ou suspens) Essayez d’arrêter de raconter une histoire au moment le plus captivant en couchant un enfant. Je vous garantis que l’enfant ne s’endormira pas ! Et voilà, la première méprise, à savoir celle consistant à dire que Les Mille et Une Nuits sont des contes pour enfants, est corrigée. Peu avant la publication de Galland, les contes de fées pour enfants sont devenus célèbres en France grâce à Charles Perrault. Et pourquoi ne pas ranger les histoires des Milles et Une Nuits, récemment importées, parmi ce genre, que cela plaise ou non ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Galland adapte les contes au public des lecteurs de ce temps-là et ajoute les histoires comme par exemple celle du capitaine Sinbad, d’Aladin ou d’Ali Baba. Ainsi, il replace l’œuvre originale dans un livre pour enfants.

Les Mille et Une Nuits consistent en un récit-cadre et des récits encadrés. L’histoire du récit cadre traite du sultan Shahryar, qui a été trompé par son épouse et qui la condamne à mort pour se venger. Il décide de se marier chaque soir avec une femme qu’il fait exécuter le lendemain. Shéhérazade intervient en proposant d’épouser le sultan pour réaliser un plan : raconter chaque nuit au sultan une histoire et s’arrêter le lendemain au moment le plus captivant pour qu’il ne puisse pas l’exécuter sans connaître la suite du récit.  Ainsi l’exécution est reportée de jour en jour jusqu’à ce que le sultan soit capable de faire de nouveau confiance à une femme. Il décide finalement de renoncer à la faire exécuter.

La force de la littérature

Bien sûr, avoir l’idée d’infléchir l’attitude du sultan grâce à son récit, suppose une intelligence particulière. Apparemment, pour raconter des histoires, il faut posséder le savoir et la langue, ce que possède Shéhérazade. Néanmoins, toutes les histoires ne viennent pas de son imagination, mais de sa lecture de beaucoup de livres, d’histoires de sagesse et d’écrits de médecine. La narration de Shéhérazade a sauvé sa vie et aussi celle de toutes les femmes du royaume et celle du sultan. En conséquence, cela signifie qu’une éducation littéraire peut sauver la vie.La littérature pourrait-elle vraiment sauver la vie ? Aujourd’hui encore où on n’a plus autant de situations où notre vie est en danger que dans les siècles passés, grâce aux États et ordres juridiques qui fonctionnent ? La plupart de gens diraient que le seul devoir de la littérature est de divertir. Mais c’est une erreur. Chacun de nous, qui lit passionnément, sait d’expérience que les mots, magiques, peuvent nous mettre dans un état délirant. À bien des égards, ils peuvent aussi nous toucher profondément – parfois jusqu’à ce qu’un vers, une histoire ou un roman puissent changer tout notre vie, ne serait-ce que pour un instant. Des livres peuvent changer les perspectives, communiquer le vécu, donner du courage, consoler, inspirer, amuser, toucher et bien plus encore. Ils peuvent en outre nous distraire – de nous, ou de notre vie. Pour quelle autre raison lisons-nous autant pendant les vacances? La littérature peut même être considérée comme une médecine et influe sur la santé positivement. Que quelqu’un soit à l’hôpital ou semble mourir d’un cœur brisé, un bon roman ou conseiller peut donner de nouveau de la force ou de l’inspiration dans des situations dramatiques. L’effet littéraire s’épuise-t-il dans ces aspects évidents et superficiels ? Ou est-ce que quelque-chose de plus  se cache encore derrière cela ?

La littérature comme thérapie

On peut considérer la narration de Shéhérazade d’une manière ou d’une autre comme ayant une fonction thérapeutique. Thérapie pour elle-même ou pour le sultan. Quand on jette un coup d’œil sur les destins contemporains, on voit que la littérature est un outil artistique pour exprimer ses sentiments. Dans une interview au quotidien Die Welt, Claudia Ott a cité l’écrivain allemand Arno Schmidt, qui avait constaté que celui qui sait transformer une catastrophe en une histoire, survit. Ici aussi, on peut relever que les auteurs suivent le principe de la narration thérapeutique pour eux-mêmes : l’Allemand Jan Philipp Reemtsma qui a survécu à un enlèvement de 33 jours à cause d’une demande de rançon, a écrit un livre avec le titre allemand Im Keller (fr. Dans la cave). L’Autrichienne Natascha Kampusch été prisonnière pendant 8 ans et a pu s’enfuir. Elle a publié son autobiographie 3096 jours. Le journaliste de Charlie Hebdo, Philippe Lançon, a survécu gravement blessé à l’attentat terroriste sur la rédaction à Paris et a décrit cette expérience dans son livre Le Lambeau. Certains nient utiliser l’écriture et la publication comme thérapie personnelle. Pour eux, il est question de créer de la vérité pour l’avenir et pour la postérité et de l’ancrer dans la mémoire de la collectivité. Mais il faut absolument tenir compte du fait que le travail artistique sur des évènements historiques particuliers, comme dans les exemples, a un grand effet sur la société.

La littérature comme droit de l’homme

En revenant en Orient, les auteurs marocains comme Fatima Mernissi, Abdellah Taïa ou Mohamed Choukri avaient de grandes difficultés pour publier leurs textes. Dans leurs pays, ils n’avaient aucune chance de publier leurs livres parce qu’ils contiennent des sujets tabous, comme l’injustice entre les hommes et les femmes, les violences conjugales, la sexualité ou la drogue. Mais ces auteurs néanmoins ne se taisent pas. Ils donnent leur opinion, pas au Maroc, mais en revanche en France où la société libérale donne un espace sécurisé pour rendre publiques des opinions. Dans leurs pays, ils resteraient inconnus, en tout cas leurs livres. Même s’il ne s’agit pas de sauver une vie au sens propre, il s’agit d’avoir une grande influence sur la liberté. La liberté d’opinion est ancrée dans les droits de l’homme et la littérature en fait partie.

La littérature peut encore sauver la vie au sens psychique, individuellement et collectivement  ! En résumé, même si on pouvait appliquer partiellement les structures de la littérature qui pourraient sauver une vie comme dans Les Milles et Une Nuits sur des domaines actuels, elles ne sont pas exactement transposables à cent pourcent. Nous n’avons pas de situations aussi dangereuses qu’une histoire puisse littéralement sauver la vie. Néanmoins, des analogies comme le traitement des expériences traumatisantes ou les droits de l’homme, montrent combien la littérature est importante à tout point de vue. Elle peut être comprise comme une nécessité vitale, comme l’air pour respirer pour l’homme libre dans une société libre. La leçon que nous tirons du destin de Shéhérazade est qu’on doit être courageux et ne jamais désespérer, surtout dans l’Orient d’aujourd’hui, qui ne semble pas du tout fabuleux en ce qui concerne la société ou la politique, de notre perspective. On doit lutter pour ses droits, pour la justice et si c’est possible, pourquoi ne pas utiliser la littérature dans ce but comme Shéhérazade ou beaucoup d’autres ?

Cet article a été rédigé par Nicole Puteick, étudiante en Etudes Francophones à l’Université de Hambourg, dans le cadre du projet „Atelier des Mondes francophones : aux marges du Sahara“ (semestre d’hiver 2019/2020).

Ce qui survit

On trébuche parfois… Il y a le bord du trottoir, une branche, une feuille ou un visage bouleversant qui nous retiennent. Une fois j’ai hésité et regardé le sol qui m’avait fait perdre mon équilibre. C’est là que j’ai découvert des pierres de couleur d’or et de forme quadrangulaire. Il y en a neuf, la symétrie est parfaite. Mon regard s’arrête sur le nom de Camilla Fuchs. On peut lire « Soprano/ Camilla Fuchs/ née en 1886/ privée de ses droits et humiliée/ a fui dans la mort/ 24.10.1941 » La mort l’a sauvée. Pour elle, c’était la seule possibilité d’échapper à son destin cruel et dégradant.

Pourtant autrefois, tout le monde l’écoutait. Elle se sentait merveilleuse avec sa robe en soie rouge qui se froissait à chaque pas. La musique remplissait son corps qui devenait tout électrique. Son cœur s’élargissait et sa tête devenait une salle sonore. Parfois, elle était toute seule à l’opéra. Dans ces moments elle était debout sur la scène et respirait à plein poumon l’air du succès. Parfois elle laissait traîner son regard. Ce luxe ostentatoire la fascinait, les loges et balcons pleins d’ornements, les chaises en velours rouge et le lustre qui brillait comme un diamant. Elle imaginait ses spectateurs. Parmi eux, une femme âgée d’une élégance intemporelle qui tient ses jumelles de théâtre, les mains tremblantes d’émotion à son chant. Un homme en costume qui fredonne même si sa voisine le regarde avec perplexité. Des amants s’observent avec discrétion des balcons qui se font face.

Mais maintenant, Camilla se sent comme la spectatrice de sa vie. Elle n’est plus une femme de spectacle, elle est une femme avec les mains tremblantes qui ne veut pas croire à ce qui se passe sur la scène du temps. Les verres de ses jumelles d’opéra prévoient un avenir qui va tout emporter : sa dignité, son humanité et finalement sa vie. Elle ne veut pas en être le témoin, ce n’est pas le rôle qu’elle veut jouer. Alors, pour cette raison elle a décidé de devenir son propre metteur en scène. Elle a écrit le scénario de sa vie.

Alors, elle écrit une pièce avec deux rôles. Un rôle appartient à sa sœur, Thekla Daltrop. Leurs ordres d’évacuation sont arrivés en même temps. Elle était no. 416 et sa sœur no. 1205. Dans sa pièce, elles ne portent de numéros. Elles portent leurs noms qu’on leur a donnés à leurs naissances. Ce soir-là, Camilla est assise dans son fauteuil de rotin écoutant les opéras de Verdi et un poème de Baudelaire s’épanouit dans sa tête.

« Sur l’immense gouffre. Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir. De mon désespoir ! » *

La musique la berce et reflète toutes ses émotions. Le sombre gouffre, son avenir, est éclairé par la musique qui vibre en elle. Elle vibre en elle quand le gaz de sa cuisinière l’étouffe et un sourire se distingue autours de ses lèvres, puisque les nazis n’ont pas pu lui prendre sa musique intrinsèque.

Aujourd’hui Camilla ne reconnaitrait pas l’opéra. Les loges sont sobres, il n’y a plus d’ornements. En fait, la salle est saturée de cette nouvelle sobriété. Les bombardements de 1943 ont fait voler en éclats la surabondance de décoration et on ne l’a pas reconstruite. Au début, face à ce changement qui rompait avec la tradition pour se tourner vers la modernité, les gens étaient indignés. Cependant, en son cœur, le Staatsoper n’a pas changé. C’est toujours un lieu de musique, de vie, d’humanité, un lieu où résonne la voix de Camilla Fuchs.

*Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), LXXVI : La musique

Cet article a été rédigé par Alexa Treusch, étudiante en Etudes Francophones à l’Université de Hambourg.