Le Québec est une province canadienne dans laquelle le français est la langue officielle depuis 1977. Pourtant, il y a des différences entre le français québécois et le français métropolitain. Testez vos connaissances grâce aux exercices suivants !
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Découvrez des expressions québécoises et identifiez leur équivalent en français métropolitain.
Dans cette série nous parlons avec des étudiants de notre institut des activités qu’ils mènent parallèlement à leurs études, ainsi que de leurs passions ou leurs expériences qu’ils aiment partager avec nous !
Klara : Mon invitée d’aujourd’hui s’appelle Victoria, elle est étudiante à l’Université de Hambourg pour l’enseignement du français et de l’allemand.Victoria, je suis ravie que tu aies accepté de participer à cette interview et je te remercie beaucoup pour le temps que tu as pris pour être avec nous !
Victoria : Merci pour l’invitation je suis très heureuse d’être ici et de parler un peu de mes expériences en France !
K : Pour être plus précis, aujourd’hui, nous allons parler de tes expériences pendant ton stage à l’Institut Goethe à Paris. Ma première question est de savoir quand tu es allé là-bas et combien de temps a duré le stage ?
V : C’était après que j’avais écrit ma thèse de bachelor. J’avais besoin d’une pause de l’université et justement de faire quelque chose de plus pratique. Donc j’ai trouvé ce stage à l’Institut Goethe à Paris, c’était pour trois mois. J’ai aussi posé ma candidature aux Instituts Goethe de Toulouse, Marseille et Lyon, pour augmenter mes chances d’être prise. L’Institut Goethe de Paris, c’était mon premier choix parce que c’est le plus grande Institut Goethe en France avec pleine de champs différents. Moi, je suis rentré dans la « Bildungskooperation Deutsch », c’est la partie de l’Institut qui organise des formations pour des enseignants pour l’allemand en France mais aussi des conférences plus grandes avec des coopérations avec par exemple la chambre d’économie franco-allemande. C’est pour ça que je voulais aller àl’Institut Goethe de Paris et c’était super cool comme expérience.
K : J’imagine ! As-tu également reçu une réponse des autres Instituts après ta candidature ?
V : Ouais, j’aurais aussi pu aller à l’Institut Goethe à Marseille mais dans le champ de la bibliothèque/librairie. Tous les Instituts Goethe ont aussi une bibliothèque allemande et on peut aussi faire un stage là-bas. J’ai rencontré des stagiaires qui l’ont fait à l’Institut Goethe à Paris et c’est aussi une très belle expérience mais pour moi avec mon travail d’enseignante en tête, en ce qui concerne mon avenir, je voulais plutôt faire quelque chose vraiment en lien avec l’enseignement, avec l’apprentissage de l’allemand et comment représenter la langue en France.
K : D’accord, et pendant ton séjour là-bas, quelles étaient tes tâches ?
V : Ça, c’était super cool parce que mon propre projet, c’était d’organiser une tournée musicale avec un groupe de musique allemand, plutôt inconnu en Allemagne. C’était un groupe de Berlin (Mele: https://www.goethe.de) , ils étaient un peu dans le style des années 80/90 donc un peu retro mais super jeunes et j’étais super contente parce que pour eux, c’était la première fois qu’ils avaient la possibilité de faire une tournée à l’étranger – dans tout la France – et moi, je devais organiser les locaux, les lieux où on pouvait organiser les concerts par exemple. De plus, le public était plutôt jeunes – les élèves qui apprennent l’allemand – donc il fallait que je regarde les paroles des chansons, s’ils n’étaient pas trop -… , qu’elles soient appropriées à l’âge des enfants et que le vocabulaire des textes marche aussi pour didactiser les chansons à ‘école pour que les profs puissent aussi se préparer au concert. Donc mon travail c’était aussi de dictatiser le matériel pour tout ça et de rentrer en contact avec le groupe musical.
En plus j’étais aussi à une conférence avec la chambre d’économie franco-allemande, c’était cool, on a rencontré Armin Laschet par exemple (il n’était pas encore candidat à la chancellerie) mais c’était lui le représentant de l’économie allemand, c’était très cool aussi de voir un peu la façon dont la France et l’Allemagne font du networking ensemble et ils étaient en train de travailler sur une possibilité pour souligner un peu les échanges dans les secteur des formations économiques pour des jeunes qui ne sont ni des étudiants, ni des élèves mais qui sont déjà entré dans le monde du travail et qui aimerait aller en Allemagne pour voir comment ça marche là-bas, dans les grandes entreprises. C’était très cool !
K : Super, et dit-nous, les personnes qui ont travaillé là-bas ou qui y travaille encore, ce sont plutôt des Français ou des Allemands ?
V : Je crois que c’était moitié-moitié, on a parlé un peu un mixte entre deux langue à l’Institut. C’est un peu ça, c’était vraiment moitié moitié.
K : Et de manière générale, as-tu eu du mal à t’habituer à ce contexte linguistique différent ? Tu as mentionné des aspects comme l’économie par exemple et c’est déjà un contexte différent de celui de l’université. Tu as ressenti quoi à ce sujet ?
V : Ouais, je me souviens du premier jour où ils m’ont demandé justement comme ça d’une minute à l’autre de faire un interview en français pour une radio régionale avec une journaliste sur la différence entre le bac de français et l’Abitur en Allemagne et ils me disaient : « Oui toi, tu es la seule qui a vraiment/ qui est la plus proche de l’abitur en Allemagne », parce que moi j’avais 23 ans à ce temps-là et il me disait « ouais ça va marcher ça va marcher ». J’avais à peu près 5 minutes pour faire de petites recherches sur le vocabulaire, les noms propres pour les trucs que je voulais expliquer sur le bac en Allemagne et après c’était un peu se jeter à l’eau mais c’était une très belle expérience et après je me sentais beaucoup plus confiante en parlant français et aussi en me présentar à des adultes – bon, des gens que je considérais adultes, qui sont déjà rentrées dans le monde de travail -, vu que moi, j’étais encore étudiante avec pas trop d’expérience de travail. Mais tous mes collègues étaient super gentils, ils m’ont beaucoup aidées donc..
K : Tout est mieux avec une bonne équipe derrière soi ! Tu as déjà parlé de beaucoup de champs et de domaines différents, et où est-ce que tu penses que tu as pu le mieux approfondir tes compétences et tes connaissances?
V : Bon, je crois que c’était vraiment de prendre de la responsabilité pour mes propres projets, car normalement à l’université tu as qqn qui contrôle un peu les choses. Si j’écris un essai pour l’université, c’est seulement pour moi et le prof mais ici c’était vraiment mon projet que j’ai présenté après et c’était moi qui étais responsable, si ça marche ou si ça ne marche pas donc j’ai vraiment appris à commencer un projet et à le mener complétement moi-même. J’avais de l’aide aussi, j’avais toujours quelqu’un à qui m’adresser pour poser des questions, donc je n’ai pas commencé avec rien, mais ouais, ça c’était une très belle expérience.
K : Et en général, peut tu imaginer travailler aussi dans un Institut Goethe un jour ou est-ce que tu resteras dans l’enseignement pour toujours ?
V : Absolument oui, j’aimerais beaucoup travailler là-bas, mais je vais définitivement commencer avec l’enseignement en Allemagne mais je suis sûr que je vais retourner en France pour travailler avec l’Institut Goethe, même si c’est justement pour des formations ou peut-être qu’un jour, si, moi je suis enseignante en France, je profiterai surement de mon contact avec l’Institut Goethe.
K : Est-ce qu’il y avait aussi des choses qui étaient un peu étranges ou difficiles ou est-ce que c’était vraiment parfait ?
V : En général habiter à Paris, c’est super cher premièrement, aussi trouver un appart c’était….
K : Tu devais payer toi-même ?
V : Ouais… J’ai reçu environ 200 Euro par mois et ce n’était pas assez. J’avais aussi un soutien financier du programme Erasmus et j’avais aussi beaucoup de soutien de l’université pour la candidature pour le stage et l’aspect financier, mais tout ça, ce n’était pas assez pour survivre à Paris. J’avais vraiment besoin d’à peu près 500 euros pour une petite chambre et en plus manger à Paris, c’est super cher, même d’aller au supermarché… Donc j’étais végétarienne, même végane de temps-en temps juste pour une raison financière. Mais à l’inverse les trucs culturels, ça ne coûte pas trop cher. Tous les musées sont gratuits, ou presque gratuits et il y a aussi beaucoup de la musique, et tout ça, c’était super cool – Mais toute la façon de financer, comment organiser les choses d’abord ça a pris beaucoup de temps et c’était un peu stressant.
K : Mais tu l’as fait quand-même ! Est-ce que tu es encore en contact avec les personnes qui travaillent dans l’Institut ?
V : Ouais, on est vraiment devenus amis parce qu’il y avait beaucoup des personnes de mon âge et on était 5 stagiaires et un garçon qui a fait le service volontaire européen (ce qu’est aussi une très bonne opportunité d’aller en France ou à l’étranger en général) donc on était un petit groupe qui a découvert Paris et aussi l’Institut Goethe ensemble et on s’est soutenu entre nous.
K : J’ai vraiment l’impression que tu peux maintenant recommander un stage dans l’Institut. A qui cela convient-il, qu’est-ce que tu en dis ?
V : Pour toutes les personnes qui veulent améliorer leur français et aussi leurs compétences en général, des compétences pour avoir plus de confiance en soi, c’est ce qu’on peut atteindre en faire un stage là-bas. Pour des étudiants de langues en général parce que là, tu peux vraiment faire du networking avec des artistes, des musiciens, d’autres coopérations et d’autres organisations culturelles. Aux étudiants d’enseignement, je conseillerais d’aller dans le coin de la Bildungskooperation deutsch parce qu’il y a aussi un secteur voué aux stages culturels et ça serait peut-être mieux. La « Bildungskooperation » , je trouve ça très bien parce qu’on rentre aussi dans les écoles françaises et on fait un peu de la pub pour l’allemand comme langue et on rencontre aussi des allemands qui sont des assistants de langue étrangère en France et on leur donne de petites formations. Donc c’est vraiment plus dans le secteur d’éducation.
K : Il semble que cela a été une très bonne expérience d’aller faire ce stage dans un Institut Goethe ! Je pense que cela nous amène à la fin de l’interview. Merci beaucoup Victoria, je suis sûr que les lecteurs ont pu tirer beaucoup d’informations de ton expérience !
V : Merci aussi ! Merci de m’avoir invitée, c’est un très beau projet !
La protection de notre environnement est une question centrale à notre époque. De nombreuses personnes tentent de se réorienter et de se repenser. L‘éco-blog soutient ses lecteurs et lectrices dans cette démarche en couvrant des sujets tels que les alternatives écologiques, le quotidien zéro déchet ou le questionnement sur l’éco-responsabilité. Le blog est une initiative de l’imprimerie écologique Villière et a été créé en 2009. L’objectif est de sensibiliser le grand public à la nécessité de protéger l’environnement et de faire prendre conscience à chacun.e de la contribution qu’il/elle peut apporter, que ce soit dans la vie quotidienne ou même dans une entreprise. Le blog aborde cette problématique sous un angle décalé, humoristique et toujours dans la bonne humeur. Il est important pour les auteurs de ne pas pointer du doigt les catastrophes du monde, mais d’informer sur la protection de l’environnement et de fournir des idées et des alternatives que chaque individu peut mettre en œuvre dans sa vie quotidienne. Les articles sont rédigés à un niveau linguistique élevé, mais ils ne semblent en aucun cas distants ou pédants. Ils sont écrits dans un style qui motive, engage et inspire le lecteur et la lectrice. La communauté des lecteurs et lectrices est également impliquée dans le blog, puisqu’il est possible d’écrire des commentaires ou même de publier son propre article.
Nous avons choisi ce blog car il est proche de la vie quotidienne et répond aux intérêts des élèves. Non seulement les blogs sont importants dans la vie des étudiant.es, mais aussi la protection de l’environnement. Il est particulièrement intéressant de considérer l’environnement sous un angle différent et de ne pas se focaliser sur les catastrophes écologiques. Cela rend les articles très agréables à lire et encourage à agir.
L’article de blog que nous avons choisi est intitulé «Les gestes zéro déchet faciles à faire pour commencer» et est utile pour l’enseignement, car le plan-cadre pour la deuxième/ troisième langue étrangère dans les lycées de Hambourg comprend pour chaque classe les thèmes «le climat» et «l’environnement» (Note : Nous nous concentrons sur les lycées (Gymnasium), puisque nous étudions la profession d’enseignant de lycée). L’article est approprié aux élèves de la seconde (10e année) et plus, mais au moins à ceux de la 4e année d’apprentissage de français. Cela signifie que si les élèves ont commencé plus tard avec la langue étrangère française, ils/elles devraient lire ce texte plus tard. La raison est le contenu ainsi que l’exigence linguistique et la longueur du texte.
Exercice 1
Il existe de nombreuses façons d’éviter les déchets. Voici quelques exemples:
Quelles mesures peuvent être prises pour y parvenir ?
2. Puis, choisissez une des autres parties et traduisez les sous-titres en allemand. Par exemple, pour la rubrique „Salle-de-bains zéro déchet et sans plastique“ vous traduisez:
Adoptez les cosmétiques solides
Remplacez vos accessoires en plastique par des accessoires en bois et en matières naturelles
Il est l’une des personnalités préférées des français. Depuis plus de vingt ans, il fascine par son talent, sa simplicité et son grand cœur. Zinédine Yazid Zidane, dit « Zizou » est né de parents algériens Kabyles. Dans son ouvrage biographique publié en 2019, Frédéric Hermel retrace tous les épisodes importants de la vie de Zidane avec respect, sensibilité et précision.
1.1De Yazid à Zizou
Les parents de Zidane arrivent en France en 1950. Smäel le père de Zidane y travaille comme manœuvre. Zidane va naître en France en 1972 et grandit dans de mauvaises conditions dans le quartier de la « Castellane » à Marseille connu pour son taux de criminalité et ses trafics de toutes sortes . À quatorze ans, il quittera le cocon familial pour vivre dans une famille d’accueil. Il ignore que dans cette France en perte d’identité où le gouvernement de l’époque ouvre pour des raisons politiques ses portes au Maghreb, son destin va basculer.
Tout l’espoir du football français repose désormais entre ses mains. Il détient, l’avenir le montrera, un pouvoir presque surnaturel qui l’aidera à surmonter toutes les défaites et les difficultés liées au monde auquel il appartient aussi bien en tant que footballeur et entraîneur qu’en tant qu’homme public et ce, dans toutes les actions qu’il accomplira tout au long de sa vie.
1.2Un modèle d’intégration réussie
L’icône sociale sportive du football est née, ce fils d’immigrés algériens deviendra l’exemple de l’intégration à la française réussie comme le proclament les politiciens et les intellectuels. Il permettra aux jeunes maghrébins en perte de repères de renforcer leur estime et de reprendre espoir. Sa carrière atteint son apogée en 1998 alors qu’il remporte avec l’équipe des « Bleus » la Coupe du Monde. Il recevra en 2000 le « ballon d’or » avec l’équipe de France. Il comprendra très vite qu’il est le symbole de la France « Black-Blanc-Beur » triomphante et unie. Il aura suffi que l’équipe tricolore remporte la Coupe du Monde pour que la perception du football devienne un exemple de réussite sociale et d’intégrité : la France intègre et gagne. Zinédine Zidane réconcilie la France avec ses « maghrébins » à l’heure où les inégalités sont criantes et il deviendra en outre un symbole de l’ascenseur social et plus encore au fils du temps.
1.3Bien plus que du football
Le simple nom de Zidane génère des profits considérables. Sa fortune est difficile à estimer.
Ces publicités et ses interventions en tout genre renforcent la notoriété du joueur en le propulsant au rang de médiateur. Cependant, il n’oubliera jamais d’où il vient. Il participera aussi à des œuvres caritatives. Il va également lutter contre la pauvreté dans le cadre des Nations Unies pour le développement des pays en voie de développement et aidera Sœur Emmanuelle dans de nombreux domaines concernant l’enfance en souffrance.
Il interviendra lors du second tour de la présidentielle contre la candidate de l’extrême-droite pendant les dernières élections. Il sort de son mutisme critiqué par beaucoup pour rappeler aux français qu’un tel partie ne correspond pas aux valeurs de la France et se réjouit en public de l’élection d’Obama.
1.4 Opinion personnelle
Pour nous, la lecture de la biographie de Zidane a été une expérience très personnelle et fascinante. Bien que Zidane soit issu d’un milieu pauvre, son succès et sa personnalité l’ont mené au sommet du football et dans le cœur des Français et de plusieurs milliers d’autres personnes dans le monde. Ce livre est incontournable pour tous les fans de Zizou ainsi que pour les amateurs de sport, les enfants en difficulté et le curriculum scolaire.
Pour dire la vérité, on ne sait pas grand-chose des Mille et Une Nuits. Et je ne vous parle pas des contes pour enfants ou des films de Walt Disney, mais d’un classique de la littérature mondiale. Il est temps de combattre les préjugés sur cette histoire trop connue et finalement méconnue. Quelle leçon tirons-nous du destin de Shéhérazade ? Est-ce qu’on pourrait transférer les idées de cette histoire à notre époque ? Shéhérazade raconte pour survivre – mais la littérature peut-elle encore nous sauver la vie ?
Quand nous entendons Les Mille et Une Nuits, nous pensons aux mondes lointains et étrangers, au génie de la lampe, aux tapis volants, aux autres traditions, aux contes pour enfants et beaucoup plus. Cette œuvre n’est pas un récit emprunté à un film de Disney, mais un classique de la littérature mondiale. Les Mille et Une Nuits est un recueil de contes populaires d’origine arabe, et aussi persane et indienne, écrit en langue arabe et remonte à l’année 250 : un conteur anonyme a raconté quelque chose, un autre l’a divulgué, un autre l’a écrit, un autre encore l’a traduit et changé et ainsi de suite. Et si votre curiosité est éveillée maintenant et que vous avez décidé de lire l’œuvre, il y a un seul problème : il n’existe pas de version originale ! Ce qui existe, c’est le Manuscrit de Galland qui est paru vers 1450. Ce texte est considéré comme la version la plus ancienne en arabe des Mille et Une Nuits. Antoine Galland (1646-1715), orientaliste français, a publié la première traduction française de ce manuscrit de 1704 à 1708. Ce qui est frappant, c’est que les histoires sont très brutales et sexuelles. En outre, toutes les histoires sont un récit à suspense : c’est en effet Shéhérazade qui a inventé le cliffhanger (ou suspens) Essayez d’arrêter de raconter une histoire au moment le plus captivant en couchant un enfant. Je vous garantis que l’enfant ne s’endormira pas ! Et voilà, la première méprise, à savoir celle consistant à dire que Les Mille et Une Nuits sont des contes pour enfants, est corrigée. Peu avant la publication de Galland, les contes de fées pour enfants sont devenus célèbres en France grâce à Charles Perrault. Et pourquoi ne pas ranger les histoires des Milles et Une Nuits, récemment importées, parmi ce genre, que cela plaise ou non ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Galland adapte les contes au public des lecteurs de ce temps-là et ajoute les histoires comme par exemple celle du capitaine Sinbad, d’Aladin ou d’Ali Baba. Ainsi, il replace l’œuvre originale dans un livre pour enfants.
Les Mille et Une Nuits consistent en un récit-cadre et des récits encadrés. L’histoire du récit cadre traite du sultan Shahryar, qui a été trompé par son épouse et qui la condamne à mort pour se venger. Il décide de se marier chaque soir avec une femme qu’il fait exécuter le lendemain. Shéhérazade intervient en proposant d’épouser le sultan pour réaliser un plan : raconter chaque nuit au sultan une histoire et s’arrêter le lendemain au moment le plus captivant pour qu’il ne puisse pas l’exécuter sans connaître la suite du récit. Ainsi l’exécution est reportée de jour en jour jusqu’à ce que le sultan soit capable de faire de nouveau confiance à une femme. Il décide finalement de renoncer à la faire exécuter.
Bien sûr, avoir l’idée d’infléchir l’attitude du sultan grâce à son récit, suppose une intelligence particulière. Apparemment, pour raconter des histoires, il faut posséder le savoir et la langue, ce que possède Shéhérazade. Néanmoins, toutes les histoires ne viennent pas de son imagination, mais de sa lecture de beaucoup de livres, d’histoires de sagesse et d’écrits de médecine. La narration de Shéhérazade a sauvé sa vie et aussi celle de toutes les femmes du royaume et celle du sultan. En conséquence, cela signifie qu’une éducation littéraire peut sauver la vie.La littérature pourrait-elle vraiment sauver la vie ? Aujourd’hui encore où on n’a plus autant de situations où notre vie est en danger que dans les siècles passés, grâce aux États et ordres juridiques qui fonctionnent ? La plupart de gens diraient que le seul devoir de la littérature est de divertir. Mais c’est une erreur. Chacun de nous, qui lit passionnément, sait d’expérience que les mots, magiques, peuvent nous mettre dans un état délirant. À bien des égards, ils peuvent aussi nous toucher profondément – parfois jusqu’à ce qu’un vers, une histoire ou un roman puissent changer tout notre vie, ne serait-ce que pour un instant. Des livres peuvent changer les perspectives, communiquer le vécu, donner du courage, consoler, inspirer, amuser, toucher et bien plus encore. Ils peuvent en outre nous distraire – de nous, ou de notre vie. Pour quelle autre raison lisons-nous autant pendant les vacances? La littérature peut même être considérée comme une médecine et influe sur la santé positivement. Que quelqu’un soit à l’hôpital ou semble mourir d’un cœur brisé, un bon roman ou conseiller peut donner de nouveau de la force ou de l’inspiration dans des situations dramatiques. L’effet littéraire s’épuise-t-il dans ces aspects évidents et superficiels ? Ou est-ce que quelque-chose de plus se cache encore derrière cela ?
La littérature comme thérapie
On peut considérer la narration de Shéhérazade d’une manière ou d’une autre comme ayant une fonction thérapeutique. Thérapie pour elle-même ou pour le sultan. Quand on jette un coup d’œil sur les destins contemporains, on voit que la littérature est un outil artistique pour exprimer ses sentiments. Dans une interview au quotidien Die Welt, Claudia Ott a cité l’écrivain allemand Arno Schmidt, qui avait constaté que celui qui sait transformer une catastrophe en une histoire, survit. Ici aussi, on peut relever que les auteurs suivent le principe de la narration thérapeutique pour eux-mêmes : l’Allemand Jan Philipp Reemtsma qui a survécu à un enlèvement de 33 jours à cause d’une demande de rançon, a écrit un livre avec le titre allemand Im Keller (fr. Dans la cave). L’Autrichienne Natascha Kampusch été prisonnière pendant 8 ans et a pu s’enfuir. Elle a publié son autobiographie 3096 jours. Le journaliste de Charlie Hebdo, Philippe Lançon, a survécu gravement blessé à l’attentat terroriste sur la rédaction à Paris et a décrit cette expérience dans son livre Le Lambeau. Certains nient utiliser l’écriture et la publication comme thérapie personnelle. Pour eux, il est question de créer de la vérité pour l’avenir et pour la postérité et de l’ancrer dans la mémoire de la collectivité. Mais il faut absolument tenir compte du fait que le travail artistique sur des évènements historiques particuliers, comme dans les exemples, a un grand effet sur la société.
En revenant en Orient, les auteurs marocains comme Fatima Mernissi, Abdellah Taïa ou Mohamed Choukri avaient de grandes difficultés pour publier leurs textes. Dans leurs pays, ils n’avaient aucune chance de publier leurs livres parce qu’ils contiennent des sujets tabous, comme l’injustice entre les hommes et les femmes, les violences conjugales, la sexualité ou la drogue. Mais ces auteurs néanmoins ne se taisent pas. Ils donnent leur opinion, pas au Maroc, mais en revanche en France où la société libérale donne un espace sécurisé pour rendre publiques des opinions. Dans leurs pays, ils resteraient inconnus, en tout cas leurs livres. Même s’il ne s’agit pas de sauver une vie au sens propre, il s’agit d’avoir une grande influence sur la liberté. La liberté d’opinion est ancrée dans les droits de l’homme et la littérature en fait partie.
La littérature peut encore sauver la vie au sens psychique, individuellement et collectivement ! En résumé, même si on pouvait appliquer partiellement les structures de la littérature qui pourraient sauver une vie comme dans Les Milles et Une Nuits sur des domaines actuels, elles ne sont pas exactement transposables à cent pourcent. Nous n’avons pas de situations aussi dangereuses qu’une histoire puisse littéralement sauver la vie. Néanmoins, des analogies comme le traitement des expériences traumatisantes ou les droits de l’homme, montrent combien la littérature est importante à tout point de vue. Elle peut être comprise comme une nécessité vitale, comme l’air pour respirer pour l’homme libre dans une société libre. La leçon que nous tirons du destin de Shéhérazade est qu’on doit être courageux et ne jamais désespérer, surtout dans l’Orient d’aujourd’hui, qui ne semble pas du tout fabuleux en ce qui concerne la société ou la politique, de notre perspective. On doit lutter pour ses droits, pour la justice et si c’est possible, pourquoi ne pas utiliser la littérature dans ce but comme Shéhérazade ou beaucoup d’autres ?
Cet article a été rédigé par Nicole Puteick, étudiante en Etudes Francophones à l’Université de Hambourg, dans le cadre du projet „Atelier des Mondes francophones : aux marges du Sahara“ (semestre d’hiver 2019/2020).