Victor Hugo

1) Biographie

Victor Hugo est né le 26 février 1802 à Besançon. Il commence tôt à écrire des poèmes et à l’âge de quinze ans, il est déjà reconnu à l’Académie française. Cela étant, il continue à créer des pièces de théâtre et des romans et il devient donc un auteur renommé dans tous ces genres. Son premier grand succès est Notre-Dame de Paris, qu’il publie en 1831, et son élection à l’Académie française en 1841 démontre davantage encore son importance littéraire [1]. Aujourd’hui, il est souvent considéré comme un personnage central du romantisme en France.[2] En revanche, sa vie privée n’est pas épargnée par les drames. Il épouse sa femme Adèle en 1822 et le couple a cinq enfants. Il apprend pourtant qu’Adèle a une liaison avec l’un de ses amis, Hugo commet lui-même l’adultère plus tard et sa fille Léopoldine se noie par accident en 1843.[3]

 

Politique et littérature

Victor Hugo est royaliste pendant une grande partie de sa vie et il a notamment des liens directs avec Charles X, même si ce royalisme s’accompagne d’une adhésion au libéralisme.[4] Vers 1830, il commence à partager ses avis politiques à travers des poèmes et à s’engager en faveur de ses convictions. Par exemple, il est avocat de l’abolition de la peine de mort et il critique le fait qu’on a laissé passer l’opportunité d’achever cette réforme après la fin de la révolution. [5] Vers le milieu du 19e siècle, ses convictions politiques évoluent vers davantage de progressisme social et le coup d’État en 1851 l’obligent à s’exiler à Bruxelles puis dans les îles anglo-normandes. Il y écrit et publie une multitude d’œuvres comme Les Misérables, et même en exil, il reste engagé en faveur des opprimés. Après la chute du Second Empire, il revient en France où il continue de lutter pour l’amnistie des communards ainsi que pour la laïcité et il aide à éviter un autre coup d’État. Son importance littéraire et l’impact politique qu’il a eu sont soulignés après sa mort en 1885 quand il reçoit des funérailles nationales suivies par une foule immense.[6]

Références bibliographiques:

  1. cf. Hovasse, Jean-Marc: „À propos de l’auteur. » Gallica. Les essentiels. Littérature, Bibliothèque nationale de France, 2020, https://gallica.bnf.fr/essentiels/hugo/propos-auteur [Dernier accès : 16.05.2020].
  2. cf. p.e. Jacques, Georges; Roland, Hubert; Werner, Johannes: „Deutsch-französische Verflechtungen um die Romantik. Kulturtransfer und Missverständnis.“ Dans: Eine kleine deutsch-französische Literaturgeschichte. Vom 18. bis zum Beginn des 20. Jahrhunderts, Hubert Roland (Ed.). Tübingen : Narr Francke Attempto Verlag, 2016, p. 82.
  3.  cf. Hovasse, Gallica 2020.
  4.  cf. Corn, Alfred: „Hugo, Unparalleled and Representative.” The Hudson Review 51/3, 1998, p. 594.
  5.  cf. Jacques/Roland/Werner 2016 : pp. 91-93.
  6.  cf. Hovasse, Gallica 2020

2) Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris a paru en 1831 et fait donc partie du mouvement du romantisme français : c’est un roman historique de l’auteur Victor Hugo. L’œuvre traite et examine différents sujets, notamment la valeur de l’architecture gothique, mais aussi des aspects de l’humanité comme le rôle de la foule dans la société, la lutte contre la fatalité et l’altérité. Un des personnages centraux dans le cadre des analyses du traitement de l’altérité dans le roman est Esmeralda, qui est introduite comme une danseuse bohémienne, puis représentée soit comme objet de fascination pour les personnages masculins du roman, soit comme figure idéalisée. Le roman, qui a été mis à l’index par l’Église trois ans après sa publication,[1] aborde des thématiques variées et les critiques littéraires désignent souvent des personnages et sujets différents comme protagonistes ou sujets principaux. Au début du roman, le narrateur affirme cependant que l’histoire est basée sur le mot `ANÁΓKH. Le mot grec signifie destin ou fatalité, qui est donc identifié par le narrateur comme l’élément central du roman. En effet, les scénarios principaux peuvent être examinés sous cette prémisse, car elle relie les personnages. L’archidiacre Frollo ne peut pas résister à son attirance pour Esmeralda, ce qui le conduit à créer des intrigues qui sont directement responsables de la mort de celle-ci. En même temps, elle tombe amoureuse de Phoebus, mais lui aussi ne la convoite que pour sa beauté. Quasimodo est le seul personnage qui ressente un amour pur pour Esmeralda. À cause de sa laideur, elle se détourne cependant de lui et Quasimodo est seulement uni avec elle, quand il s’allonge à côté d’Esmeralda, pendue, et qu’il meurt lui-même, après avoir jeté Frollo de la tour de Notre-Dame. En raison des entrelacements et des conséquences des actions des personnages dans le roman, il est donc possible de constater que la fatalité est le moteur du développement des personnages et de l’action complexe du roman.

2.1 Adaptations

Il y a un grand nombre d’adaptations de Notre-Dame de Paris dans son intégralité et aussi de la thématique isolée d’Esmeralda. De plus, il est possible de trouver une multitude de textes qui peuvent être perçus comme des références intertextuelles puisque Notre-Dame de Paris s’inscrit dans une tradition de la représentation de la belle bohémienne et de sa vie exotique pendant le romantisme . Une adaptation intéressante est un livret que Victor Hugo a écrit lui-même et qui a été joué pour la première fois en 1836 en opéra. Cette pièce n’est pas seulement remarquable en raison de son succès au 19e siècle , mais aussi parce que dans cette version, Hugo transforme Esmeralda en vraie tsigane. Elle n’est donc plus une enfant volée et française d’origine comme dans le roman . L’adaptation la plus connue est probablement celle de Disney en 1996. Le film diffère pourtant considérablement du texte original au niveau de l’action générale et aussi au niveau des personnages. Parmi les aspects que le film a changés, il y a le fait que Quasimodo n’est pas sourd et de plus, Claude Frollo n’est pas archidiacre mais juge, Phoebus est quant à lui un personnage héroïque et aimable tandis que Pierre Gringoire ne fait plus partie de l’histoire. Ces observations permettent de montrer que le film est certainement inspiré de l’œuvre de Victor Hugo, mais qu’il ne peut presque pas être considéré comme une véritable adaptation.

 

Références biliographiques

  1. cf. Gasaglia-Laster, Danielle: „Les métamorphoses de Claude Frollo.“ Communication au groupe Hugo, 2001, pp. 1-6, http://groupugo.div.jussieu.fr/groupugo/01-05-19gasiglia-laster.htm [Dernier accès : 02.03.2020], p. 1.

3) Analyse: Esmeralda dans Notre-Dame de Paris

 

Extrait d’analyse:

Dans un vaste espace laissé libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait.Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c’est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique, tout poète ironique qu’il était, ne put décider dans le premier moment, tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.Elle n’était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que le jour sa peau devait avoir ce beau reflet doré des Andalouses et des Romaines. Son petit pied aussi était andalou, car il était tout ensemble à l’étroit et à l’aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds; et chaque fois qu’en tournoyant sa rayonnante figure passait devant vous, ses grands yeux noirs vous jetaient un éclair.Autour d’elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes; et en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c’était une surnaturelle créature.«En vérité, pensa Gringoire, c’est une salamandre, c’est une nymphe, c’est une déesse, c’est une bacchante du mont Ménaléen!»En ce moment une des nattes de la chevelure de la «salamandre» se détacha, et une pièce de cuivre jaune qui y était attachée roula à terre.«Hé non! dit-il, c’est une bohémienne.»Toute illusion avait disparu.Elle se remit à danser. Elle prit à terre deux épées dont elle appuya la pointe sur son front et qu’elle fit tourner dans un sens tandis qu’elle tournait dans l’autre. C’était en effet tout bonnement une bohémienne. Mais quelque désenchanté que fût Gringoire, l’ensemble de ce tableau n’était pas sans prestige et sans magie; le feu de joie l’éclairait d’une lumière crue et rouge qui tremblait toute vive sur le cercle des visages de la foule, sur le front brun de la jeune fille, et au fond de la place jetait un blême reflet mêlé aux vacillations de leurs ombres, d’un côté sur la vieille façade noire et ridée de la Maison-aux-Piliers, de l’autre sur les bras de pierre du gibet.Parmi les mille visages que cette lueur teignait d’écarlate, il y en avait un qui semblait plus encore que tous les autres absorbé dans la contemplation de la danseuse. C’était une figure d’homme, austère, calme et sombre. Cet homme, dont le costume était caché par la foule qui l’entourait, ne paraissait pas avoir plus de trente-cinq ans; cependant il était chauve; à peine avait-il aux tempes quelques touffes de cheveux rares et déjà gris; son front large et haut commençait à se creuser de rides; mais dans ses yeux enfoncés éclatait une jeunesse extraordinaire, une vie ardente, une passion profonde. Il les tenait sans cesse attachés sur la bohémienne, et tandis que la folle jeune fille de seize ans dansait et voltigeait au plaisir de tous, sa rêverie, à lui, semblait devenir de plus en plus sombre. De temps en temps un sourire et un soupir se rencontraient sur ses lèvres, mais le sourire était plus douloureux que le soupir.[1]

Analyse

Comme nous l’avons déjà mentionné dans le résumé de Notre-Dame de Paris, le roman contient une multitude de thématiques dignes d’être analysées en détail. Il serait par exemple possible d’examiner comment Victor Hugo se distancie des règles de la doctrine classique pour la composition de la poésie et du théâtre. L’idée de la bienséance notamment, et donc la règle de ne montrer que ce qui est conforme aux bonnes manières dans un texte, ce qui exclut des crimes ou des horreurs entre autres,[2] se prête volontiers à l’analyse puisqu’il apparaît à plusieurs reprises que cette règle n’a plus aucune importance pour Hugo. L’intérêt principal de cette analyse sera pourtant tout autre, puisque nous nous pencherons sur la figure d’Esmeralda en tant que représentante de l’altérité. Évidemment, il serait nécessaire d’analyser un grand nombre de scènes afin de développer une compréhension profonde du traitement d’Esmeralda. En raison de la longueur limitée de cette analyse, nous nous concentrerons pourtant sur une scène, celle où Esmeralda apparaît pour la première fois. Cette scène se trouve dans le chapitre intitulé « Besos para golpes », dans le deuxième livre du roman, et décrit comment Pierre Gringoire, un des personnages principaux, regarde Esmeralda danser et comment elle apparait à ses yeux.[3]https://t1p.de/eh5g (23.05.2020)

Dans cette scène, les pensées, observations et sentiments de Gringoire sont ouvertement décrits au lecteur[4] ce qui démontre que c’est une focalisation interne qui est utilisée. [5] Cela veut dire aussi que c’est Gringoire et non le narrateur qui emploie les éléments de caractérisation que nous allons analyser et qualifier.[6] De plus, Gringoire étant un personnage masculin,[7] il est possible de constater que, dans cette scène, Esmeralda est l’objet du male gaze ou regard masculin.[8] Sous cette prémisse, les descriptions d’Esmeralda dans ce passage nous conduisent à plusieurs conclusions. D’abord, Esmeralda en tant que bohémienne et donc en tant que symbole de l’altérité est fortement sexualisée et objectivée. Par exemple, nous pouvons noter que, surtout si nous considérons le contexte historique, les descriptions de « ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs [et] ses yeux de flamme » (Hugo, Notre-Dame, p. 134) et de sa danse libre et sans réticence[9] sont à comprendre comme profondément érotisées.[10] En outre, dans cette scène, ne sont décrits que son corps et ses mouvements,[11] de sorte qu’elle est assimilée à eux, car ce sont les seuls attributs qui semblent la caractériser aux yeux du spectateur mâle.[12] Ce fait la prive de son statut de sujet : sous le regard masculin, elle devient un objet désirable. [13] Cependant, cette circonstance est rendue encore plus complexe par le fait qu’Esmeralda n’est pas seulement une femme qui devient l’objet du désir et du regard masculin et donc un objet sexuel. Dans la première section de la scène, il devient évident que Gringoire ne sait tout d’abord pas comment classer Esmeralda.[14] Ainsi, il pense que « c’est une salamandre, c’est une nymphe, c’est une déesse, c’est une bacchante du Mont-Ménaléen » et elle est décrite comme « une fée, ou un ange » et une « créature surnaturelle » (Hugo, Notre-Dame, p. 134). Toutes ces descriptions relient Esmeralda à des créatures mythiques ou divines qui ne peuvent pas être identifiées facilement, ne font pas partie de la société, mais qui sont néanmoins vénérées.[15] De ce fait, c’est donc surtout le fait qu’elle ne corresponde en aucune façon aux normes sociales applicables qui la rend tellement attirante.[16] En conséquence, tandis qu’Esmeralda est certes déjà clairement représentée à ce stade comme érotique dans la description, elle est plus que cela puisqu’elle est en dehors des attentes sociales et que Gringoire n’arrive pas à la classer. En revanche, dès qu’il se rend compte qu’elle n’est en fait « qu’une gitane », cela la marque automatiquement comme n’appartenant pas à la société et cela donne une explication à son comportement, « [t]oute illusion avait disparu » [17] Elle est donc doublement inférieure aux personnages masculins et au male gaze dans le roman, puisqu’elle n’est pas seulement féminine, mais aussi gitane, ce qui fait finalement d’elle un objet subordonné, sexualisé [18] convoité par les personnages masculins. Pour eux, elle est un objet exotique et désirable qu’ils veulent et surtout peuvent posséder,[19] ce qui est évident à plusieurs reprises dans le roman quand on considère les comportements de Phoebus et Claude Frollo.[20] En conclusion, nous pouvons constater qu’à travers les moyens utilisés comme la focalisation interne de Gringoire et donc l’introduction du male gaze ainsi que les descriptions d’Esmeralda analysées ici, le narrateur du roman fait comprendre au lecteur qu’Esmeralda en tant que bohémienne et représentante de l’altérité est réduite à un objet exotique, sexuel et désirable pour les personnages mâles du roman. Plusieurs autres scènes permettent de tirer les mêmes conclusions. Afin de comprendre l’attitude du narrateur ou même de l’auteur Victor Hugo, envers Esmeralda et, par conséquent, l’altérité, il serait pourtant nécessaire d’analyser d’autres scènes et surtout celles qui n’utilisent pas de focalisation interne fixée sur un personnage mâle.

Références bibliographiques

  1. Hugo, Victor (1981): Notre-Dame de Paris. Introduction, Notes et Chronologie par Jacques Seebacher. Paris : Hachette, pp. 134-135.
  2. Literaturwissenschaft Online : « Bienséance. » https://www.literaturwissenschaft-online.uni-kiel.de/glossary/bienseance/ (13.06.2020).
  3.  Hugo, Victor (1981): Notre-Dame de Paris. Introduction, Notes et Chronologie par Jacques Seebacher. Paris : Hachette, pp. 134-135.
  4.  Hugo (1981), pp. 134-135.
  5.  Lahn, Silke et Meister, Jan C. : Einführung in die Erzähltextanalyse. 3e édition. Stuttgart : Metzler Verlag, 2016, p. 119.
  6.  Bogdal, Klaus-Michael : Europa erfindet die Zigeuner. Eine Geschichte von Faszination und Verachtung. Bonn : Suhrkamp Verlag, 2011, pp. 195-196.
  7.  Bogdal (2011), pp. 195-196.
  8.  Radulescu, Domnica : « Performing the Female „Gypsy“. Commedia Dell’Arte’s „Tricks“ for Finding Freedom. » Dans : „Gypsies“ in European Literature and Culture, Valentina Glajar & Domnica Radulescu (Ed.). New York : Palgrave Macmillan, 2008, p. 210.
  9.  Radulescu (2008), pp. 134-135.
  10.  Bogdal (2011), p. 29.
  11.  Hugo (1981), pp. 134-135.
  12.  Udasmoro, Wening : « Gypsies in 19th-Century French Literature: The Paradox in Centering the Periphery. » Kta: A Biannual Publication on the Study of Language and Literature 17/1, 2015, p. 29.
  13.  Radulescu (2008), p. 210.
  14.  Radulescu (2008), p. 210.
  15.  Seebacher (Notes), dans : Hugo, Notre-Dame, p. 134.
  16.  Bogdal (2011), pp. 99-200.
  17.  Hugo (1981), p. 135). Son statut de gitane la repositionne immédiatement comme un objet, puisque son altérité n’est plus aussi fascinante, mais plutôt attendue.<ref>Udasmoro (2015), p. 30.
  18.  Udasmoro (2015), p. 29-30.
  19.  Radulescu (2008), p. 210.
  20.  Hugo (1981), p.e. pp. 428-437.

 

Baudelaire

1) Biographie

Charles Baudelaire, né à Paris le 9 avril 1821 et mort à Paris le 31 août 1867, est un écrivain, poète et critique français. Auteur de nombreux poèmes et de textes de critique d’arts, qui sont publiés au milieu du XIXe siècle, Baudelaire est quasiment ignoré par ses contemporains.[1] Pourtant, son œuvre est citée dans la plupart des canons littéraires d’aujourd’hui et il est l’un des poètes les plus importants de la littérature française. Il est considéré, notamment pour son recueil de poèmes Les fleurs du mal , comme un précurseur du mouvement littéraire du symbolisme et comme un avant-gardiste de la modernité.[2] 

Fils de François Baudelaire (*1757 † 1827) et Caroline Dufays/Aupick (*1793,†1871), Charles Baudelaire grandit d’abord à Paris. Son père est peintre et il décède alors que Charles Baudelaire a cinq ans. Sa mère se remarie en 1828 avec le Génèral Jaques Aupick. Tandis que le père de Baudelaire est un amateur des idéaux des Lumières et lui-même un artiste, le Géneral Aupick, hostile envers Charles, lui prodigue une éducation autoritaire. À cause de la carrière de son beau-père, Charles Baudelaire doit plusieurs fois déménager de Paris et Lyon, et vice-versa. Après des études secondaires à Lyon, il est exclu du lycée à Paris en 1839, à cause de son indiscipline et de son comportement contestataire.[3] Néanmoins, grâce à la ténacité de son beau-père, il réussit à passer le baccalauréat, bien qu’il obtienne de mauvaises notes. Il s’inscrit ensuite à la faculté de droit en 1840, mais il n’assiste à aucun cours. Ensuite, Baudelaire mène une vie marginale et de bohème dans le Quartier latin à Paris et il se comporte en dandy. En fréquentant des débits de boisson, des théâtres et aussi des maisons closes, et en achetant des vêtements luxueux, il accumule les dettes. Par ailleurs, il a une liaison avec une prostitué et il attrape la syphilis. Ses parents sont désespérés à cause du comportement de leur fils, par conséquent le rapport avec sa mère s’aggrave.[4] 

 

Sous la pression de sa famille et notamment sous l’influence du Général Aupick, il est contraint d’embarquer pour les côtes d’Afrique et de l’Orient en 1841. Pendant ce voyage de 18 mois, il est inspiré par la nature tropicale et l’environnement exotique. Il commence à écrire ses premiers poèmes, qui seront publiés plus tard dans le recueil de poèmes Les Fleurs du Mal.[5] De retour de voyage, il décide de reprendre sa vie de dandy et de s’adonner à la littérature. Il obtient und part d’héritage de ses parents mais il en dépense la moitié pour les drogues, l’alcool et pour son apparence extérieure avant que ses parents ne décident de le déshériter ultérieurement. Ensuite, il vit dans la pauvreté.[6] En 1842, il fait la connaissance de l’actrice Jeanne Duval, qui devient son amante et sa muse jusqu’en 185 . Il a parallèlement une liaison avec l’artiste Apollonie Sabatier.[7] Entre 1845 et 1856, essayant de s’établir comme écrivain, il n’a pas beaucoup de succès. De temps en temps, il réussit à publier des poèmes ou des nouvelles dans des magazines de littérature comme la nouvelle Le jeune enchanteur et La fanfarlo (1846,1847). En outre, il rédige des récits sur les expositions d’art et il publie des œuvres de critique d’art (par exemple le Salon de 1845) dès 1845.[8] Il traduit l’œuvre d’Edgar Alan Poe, son idole en littérature, et il publie les traductions de ses récits en 1856 afin que le public français découvre l’écrivain américain.[9] En 1856 encore, à l’âge de 36 ans, Baudelaire publie son recueil de poèmes Les Fleurs Du Mal. Bien qu’il devienne un peu plus reconnu comme auteur et critique d’art au cours de ces dernières années, ses problèmes financiers s’aggravent. Marqué par les drogues et les maladies, son état de santé se dégrade rapidement : il est bientôt paralysé et sa mère le fait soigner à l’hôpital. Ayant mené une vie marquée par l’échec, la pauvreté, la dépression et beaucoup de désillusions, Charles Baudelaire meurt en 1867 à l’âge de 46 ans.[10]

Références bibliographiques

  1.  http://www.alalettre.com/baudelaire.php
  2.  https://www.espacefrancais.com/charles-baudelaire
  3.  https://www.espacefrancais.com/charles-baudelaire
  4. Neri, Matteo: Baudelaire. Die Legende. Würzburg:Königshausen & Neumann, 2019, S.46.
  5.  https://www.etudes-litteraires.com/baudelaire.php
  6.  Neri, Matteo. S. 50.
  7.  Neri, Matteo.S. 50.
  8.  https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Charles_Baudelaire/107873
  9.  Grimm Jürgen ; Hartwig, Susanne:(Hrsg.) Französische Literaturgeschichte. 6. Auflage. Stuttgart: J.B. Metzler, 2014, S.283.
  10.  https://www.espacefrancais.com/charles-baudelaire

2) Les fleurs du mal

Le recueil de poèmes Les fleurs du mal contient la production lyrique de Charles Baudelaire de 1840 jusqu’à sa mort en 1867, autant dire que le recueil de poèmes représente presque la totalité de la production lyrique publiée de l’auteur.[1]

 

1. La Perception de l’œuvre au XIXe siècle
2. La structure de l’œuvre
3. Les sujets et motifs principaux dans Les fleurs du mal
4. La catégorisation de l’Œuvre:
– Les fleurs du Mal, le romantisme et le naturalisme
– Les fleurs du Mal et le Symbolisme
– Les Fleurs du Mal et la Modernité
5. Adaptation musicale: Les fleurs du mal chantées par Léo Ferré 1857-1957

1) La Perception de l’œuvre au XIXe siècle: La Publication, La censure et la re-publication

Publié d’abord le 23 août 1857 par l’éditeur Auguste Poulet-Malassis, le recueil de poèmes Les fleurs du Mal de Charles Baudelaire scandalise la société bourgeoise par son immoralité. À cause de la crudité du langage et de l’originalité des thèmes, Baudelaire est attaqué en août 1857 pour outrage à la religion et aux bonnes mœurs.[2] Accusé d’être un provocateur et de blasphémer, il est condamné à payer une amende de 400 francs dans une procédure judiciaire. En outre, six poèmes de la première version du recueil de poèmes sont censurés. De 1861 à 1867, l’œuvre est rééditée dans trois versions différentes, dans lesquelles Baudelaire ajoute de nouveaux poèmes.[3]

2) La structure de l’œuvre

Sur la base de la censure et des re-publications, il y a aussi des changements dans l’ordre des poèmes, de même qu’il y a une structure transformée dans chaque version du recueil de poèmes. Cependant, les structures se révèlent comme une composition réfléchie de l’auteur.[4] La dernière version contient 136 pièces arrangées en six parties différentes: Spleen et Idéal (85 poèmes), tableau parisiens (16 poèmes), Le Vin (5 poèmes) Fleurs du Mal (12 poèmes), Révolte (3 poèmes), La Mort (6 poèmes).[5] Beaucoup de poèmes sont rédigés sous forme de sonnet, un format de poème qui est aussi renouvelé par Charles Baudelaire.[6]

3) Les sujets et motifs principaux dans Les fleurs du mal

Dans les 163 poèmes Baudelaire présente des sujets différents, qui, pourtant, peuvent être catégorisés en quelques motifs principaux. La première partie, Spleen et Idéal, explore les états d’âme du poète, entre ennui du quotidien et recherche d’un idéal impossible à atteindre. Elle est suivie par Tableaux parisiens – une partie qui est consacrée au Paris moderne et à sa foule bizarre et insolite. Les quatre parties suivantes – Le Vin, Révolte, La Mort et Voyage – prolongent cette tentative d’extraire la beauté du Mal et établissent de manière forte une dichotomie ‚grotesque/’sublime‘.[7] Notamment dans Spleen et Idéal, le moi lyrique se produit comme un sujet contradictoire déterminé par le spleen et par les fantasmes inaccessibles et injoignables.[8] Ainsi, les motifs principaux y sont le rêve, le voyage, la décadence et la dégradation qui s’aligne dans ce contexte. En outre, la vie urbaine dans la grande ville moderne (Paris) se révèle comme un motif important (voir: 4.3.Les Fleurs du Mal au vu de la Modernité) tandis que la biographie de Charles Baudelaire et son voyage en Afrique servent d’appui pour son évocation du motif de l’exotisme. En outre, le motif dominant de la mort, de même que le langage visuel morbide et obscure dans Les Fleurs du Mal se présentent également comme des références à l’itinéraire biographique sinistre de l’auteur.

 

4) La catégorisation de l’Œuvre: entre le mouvement littéraire du romantisme, du symbolisme, et la Modernité

L’œuvre Les fleurs du Mal est souvent catégorisée dans les mouvement littéraires du romantisme postérieur et du symbolisme. Mais l’œuvre se présente avant tout comme le point de départ à la Modernité, notamment par rapport à la poésie lyrique.[9]

Les fleurs du Mal, le romantisme et le naturalisme

Au milieu du XIXème siècle, quand Les Fleurs du Mal est publié, le mouvement littéraire prédominant est le naturalisme. L’idéal principale des naturalistes est le regard objectif sur le monde: ils veulent expliquer la Nature avec les lois scientifiques, de même qu’ils visent à la description exacte de l’homme qu’ils voient comme fortement déterminé par son environnement.[10] Cependant, dans les poèmes de Les Fleurs du Mal, Baudelaire s’oppose à cette vision objective, absolument réaliste et scientifique. En analysant les motifs principux, nous pouvons constater une conception plus spirituelle du monde, qui ressemble plutôt à celle du romantisme. La conception du monde des écrivains romantiques est également marquée par l’obscurité mystique, influencée par l’idéalisation des mondes irréels (comme le rêve) : l’homme est aussi vu comme un sujet contrôlé par le désir, la folie et il y a une fascination envers le dérèglement de sens. Vu sous cet angle, nous pouvons voir dans Les fleurs du Mal des aspects d’une poursuite et d’une modernisation du romantisme.[11] Il y a néanmoins des différences déterminantes entre l’esthétique baudelairienne et celle des écrivains romantiques, notamment sur le plan de la conception du beau et dans le contexte de l’idéalisation de l’artificiel.

 

Les fleurs du Mal et le Symbolisme

Charles Baudelaire est aussi considéré comme le précurseur du symbolisme, un mouvement littéraire qui se développera seulement à la fin du XIXe siècle autour des écrivains comme Rimbaud, Verlaine et Mallarmé, c’est-à-dire après la mort de Baudelaire. Rimbaud notamment admettra la grande influence de Les Fleurs du Mal sur son œuvre. Comme Baudelaire, les symbolistes ont également une conception spirituelle du monde. Ils s’opposent, comme Baudelaire, au positivisme et ils veulent rompre avec les certitudes matérialistes et scientifiques du naturalisme. Par contre, ils veulent trouver d’autres moyens d’expression pour dépasser la simple représentation réaliste. Afin d’exprimer de nouvelles sensations, le rôle de la langue devient plus important : dans les poèmes baudelairiens, le symbolisme découle de des moyens empruntés à la philosophie du Parnasse et à L’Art pour L’Art.[12] Au niveau des moyens stylistiques, les symbolistes utilisent des symboles, autant le préciser: des images et des analogies pour évoquer le monde, suggérer les états d’âme et les idées abstraites sans les expliciter alors que la pensée logique exploite les données du réel.[13] À propos des poèmes de Les Fleurs du Mal, nous voyons que cela est aussi une technique de l’auteur. Baudelaire utilise beaucoup de symboles en créant de nouvelles associations, au point que des symbolistes en feront leur idole. C’est aussi la raison pour laquelle Baudelaire est considéré comme un avant-gardiste du symbolisme.

 

Les Fleurs du Mal et la Modernité

Dans la mesure où la poésie lyrique du symbolisme est considérée comme le point de départ de la Modernité, l’œuvre Les fleurs du Mal nous présente quelques qualités stylistiques qui représentent la Modernité en particulier. Le titre de ce recueil de poèmes nous fait déjà comprendre comment Baudelaire manifeste une perspective non conventionnelle en mêlant le beau (les fleurs) au mal ou le bien au démoniaque.[14] Il rompt avec la cohérence du beau et avec l’idéalisation de la nature, telle qu’elle est pratiquée par les écrivains romantiques par exemple. Baudelaire nous y présente une nouvelle conception du beau, en manifestant une esthétique de la laideur, que l’on retrouve tout au long de Les fleurs du Mal. En établissant cette subversion esthétique, qui apprécie l’artificiel, il se révolte aussi contre la société bourgeoise.[15] Au niveau des moyens stylistiques dans Les fleurs du Mal, Baudelaire crée un univers hermétique en utilisant des symboles et des images paradoxales, qui évoquent une inquiétude. Par conséquent, Baudelaire y manifeste un motif distinctif de la Modernité: l’ambivalence du sujet.[16] Au niveau de la perspective qui est établie dans les poèmes de Les fleurs du Mal, Baudelaire se révèle aussi comme moderniste. En exacerbant le rêve, l’imaginaire, le paysage intérieur, et l’association, Baudelaire révolutionne la perspective de la subjectivité, qui sera également explorée par les avant-gardistes du XXe siècle (p.e. par les surréalistes). Un autre aspect sur le plan de la Modernité est le thème du sujet face à l’urbanisation que l’on retrouve dans beaucoup de poèmes de Les Fleurs du Mal. Au vu de la modernisation, de l’urbanisation et au progrès technique en hausse qui caractérisent le milieu du XIXe siècle, Baudelaire est le premier poète français qui traite la grande ville comme un objet artistique en poésie. L’homme est exposé à l’accélération moderne du monde, en même temps qu’il est met en question sa singularité mise à mal par les foules urbaines et par rapport à la fugacité de la grande ville.[17] Dans son essai Le peintre de la vie moderne, publiée en 1863, Charles Baudelaire définit le terme de la modernité au regard de l’art : La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et immuable[18] Dans cette citation l’auteur décrit quelques critères essentiels de l’esthétique moderne qui sera introduite dans les décénies suivantes. En conséquence, Baudelaire est vu aussi comme un précurseur de la Modernité.

 

5) Adaptation musicale: Les fleurs du mal chantées par Léo Ferré 1857-1957

100 ans après la première publication du recueil de poèmes Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, le chansonnier Léo Ferré sort l’album Les Fleurs du mal chantées par Léo Ferré 1857-1957 en 1957, distribué par Odéon. Il s’agit du premier album de chanson française entièrement consacré à un poète. L’album se compose de douze pièces qui sont extraites de Les Fleurs du Mal. Il met en musique aussi trois des six poèmes qui étaient censurés.[19]

Références bibliographiques

  1.  https://www.espacefrancais.com/charles-baudelaire
  2.  http://classes.bnf.fr/essentiels/grand/ess_2041.htm
  3.  https://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/les_Fleurs_du_mal/119671
  4.  https://www.larousse.fr/encyclopedie/oeuvre/les_Fleurs_du_mal/119671
  5.  https://www.bacdefrancais.net/les-fleurs-du-mal-baudelaire.php
  6.  Murphy, Steve (Hrsg). Lectures des Fleurs du Mal. Rennes: Didact français, 2002 S. 197.
  7.  http://passerelles.bnf.fr/faits/pas_695.php
  8.  Foloppe, Régine; Baudelaire et la vérité poétique, Paris: L’Harmattan, 2019, S.56.
  9.  Hartwig, Susanne; Stenzel, Hartmut: Einführung in die französische Literatur-und Kulturwissenschaften 2007, J.B Metzler Stuttgart S. 196.
  10.  https://www.espacefrancais.com/le-symbolisme/
  11. Metzler, S.284.
  12.  https://www.etudes-litteraires.com/symbolisme.php
  13.  https://www.etudes-litteraires.com/symbolisme.php
  14.  Grimm, Jürgen ; Hartwig, Susanne:(Hrsg.) Französische Literaturgeschichte. 6. Auflage. Stuttgart: J.B. Metzler, 2014, S.284.
  15.  Hartwig, Susanne; Stenzel, Hartmut : Einführung in die französische Literatur-und Kulturwissenschaften 2007, J.B Metzler Stuttgart S.197.
  16.  https://www.etudes-litteraires.com/modernite-xix.php
  17.  Grimm, S. 285.
  18.  https://www.etudes-litteraires.com/modernite-xix.php
  19.  https://leo-ferre.com/les-fleurs-du-mal-suite-et-fin

3) Analyse, À une passante – Les fleurs du mal

La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et immuable [1] Dans cette citation, que nous avons également vue dans l’article sur l’œuvre Les fleurs du mal, l’auteur décrit quelques qualités de la Modernité par rapport au transitoire, au fugitif et au contingent. En analysant la production lyrique de Charles Baudelaire, nous pouvons trouver aussi ces motifs dans quelques poèmes de Les Fleurs du Mal. Pour examiner quelques-uns de ces aspects modernistes et pour montrer dans quelle mesure Charles Baudelaire est un précurseur de la Modernité, nous allons analyser ici le poème A une passante. D’abord publié en 1860 dans la revue L’artiste, ce poème se trouve également dans la deuxième édition du recueil de poèmes Les fleurs du mal.

La rue assourdissante autour de moi hurlait.

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d’une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit! — Fugitive beauté

Dont le regard m’a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l’éternité?

Ailleurs, bien loin d’ici! trop tard! jamais peut-être!

Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais!

Baudelaire, À une Passante

Analyse

Au niveau de la structure du poème, nous pouvons constater que A une passante est rédigé sous forme de sonnet – un format lyrique très régulier, qui se compose de quatre strophes. Les deux premières strophes se composent de quatre vers – de quatrains. Les deux dernières strophes sont regroupées en tercets (trois vers par strophe). Nous pouvons observer aussi cette régularité au vu du mètre: hormis les vers 5 et 6, tous les vers sont des alexandrins (douze syllabes par vers).[2] L’impression d’ordre offert par la forme produit une première impression de calme et est en forte opposition avec le contenu du poème, qui nous présente de manière distincte le motif de l’inquiétude. Si l’on se réfère à la définition de la Modernité par Baudelaire, nous pouvons ainsi trouver des motifs du transitoire, du fugitif, et du contingent qui font office dans le poème de fil conducteur. D’abord, nous pouvons trouver ces motifs au niveau de la langue. En analysant les champs lexicaux du poème, nous pouvons voir comment ces motifs du transitoire et du fugitif sont déjà introduits dans le premier vers, au moment-même où le moi lyrique se manifeste comme le locuteur du poème. La rue assourdissante autour de moi hurlait. Les sèmes «rue», «assourdissante» et «hurlait» correspondent au champ lexical du transitoire et du fugitif et ils introduisent le motif de l’inquiétude. Parallèlement, le premier vers plante le décor d’une grande ville où les événements qui suivent se déroulent. Cette scène moderne de la grande ville est aussi fortement associée au bruit, à l’agitation, et aux foules. Même si le locuteur ne décrit pas les qualités de cette grande ville de manière précise, nous voyons que cet environnement détermine aussi l’entrevue avec la femme dont il parle. Cette entrevue est également fortement marquée par la fugacité, comme nous voyons déjà dans le vers trois où la figure féminine est introduite: Une femme passa Le verbe «passer» décrit un mouvement et relève de nouveau du champs lexical de la fugacité. La femme semble marcher rapidement, tout en soulevant et balançant «le feston et l’ourlet».(Vers quatre) Dans les vers suivants, la femme est caractérisée par la perspective du moi lyrique et nous constatons aussi que cette description correspond au motif de l’inquiétude. En analysant les adjectifs qui décrivent la passante, nous voyons d’abord qu’elle est associée à la beauté : Elle est «longue», «mince» et «majestueuse» (Vers 2), elle est dotée «d’une main fastueuse», et elle est «noble et agile» (Vers 5). Pourtant, bien qu’elle représente le plaisir pour le moi lyrique, elle représente aussi la douleur: elle est «en grand deuil», elle est marquée par «la douleur».(Verse 2) Cette opposition – qui évoque encore une fois l’inquiétude – est renforcée dans les deniers deux vers de la deuxième strophe. Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan, Dans ce vers, la passante est même associée par le moi lyrique, qu’il l’admire pourtant, à une atmosphère menaçante. Le dernier vers de la deuxième strophe montre encore une fois l’essentiel de cette relation contradictoire: La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. Dans ce vers, le plaisir est lié à la mort – un paradoxe très fort, qui nous permet encore une fois d’illustrer la nouvelle conception du beau de l’auteur. (voir 4.3. Les fleurs du Mal au vu de la Modernité. En examinant de manière plus approfondie la description de la femme, nous observons qu’elle est aussi décrite comme une «fugitive beauté» (Verse 9 ) au début de la troisième strophe. Nous pouvons donc constater que cette femme se manifeste comme l’incarnation de la fugacité dans le décor moderniste de la grande ville.[3] Plus loin encore, la passante est pour le moi lyrique comme «un éclair» dans la nuit (Vers 9). Tout en convoquant de nouveau la métaphore de la fugacité, cette image montre la femme comme une puissance naturelle, qui illumine pendant un bref moment la réalité du moi lyrique. Pourtant, la femme n’a pas de nom et la description de son physique est très vague. Par conséquent, la passante reste une étrangère. Le bref moment de son apparence est aussi le moment de sa disparition. Le moi lyrique est confronté à ce paradoxale insoluble tout en devenant prisonnier de sa fascination contradictoire.[4] Dans ce contexte, les deux dernières strophes traitent du désespoir et de la désillusion du moi lyrique au vu de cette relation contradictoire. Quand la femme est passée, le moi lyrique se demande s’il pourra revoir cette femme seulement dans l’éternité, bien qu‘ il sache que cela sera trop tard. En outre, il lui reste l’incertitude des retrouvailles. («jamais peut-être! – Verse 12) Dans la mesure où la passante reste une étrangère, elle devient une projection du désir du moi lyrique. Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! L’utilisation du conditionnel dans le dernier vers du poème souligne encore une fois l’impossibilité de résoudre le paradoxe. Ces vers ponctués par des points d’exclamation soulignent l’émotion désespérée du moi lyrique. Pourtant, la «fugitive beauté» reste toujours liée à la douleur, de même que le désir de ce dernier restera vain. La passante n’est qu’un fantasme dans une grande ville agitée. Pour conclure, nous pouvons constater que A une passante est un très bel exemple pour examiner les éléments modernes que Baudelaire décrits dans la citation mentionnée. La grande ville, qui est aussi le symbole de la Modernité, de même qu’elle est le symbole de l’industrialisation et de l’urbanisation du XIXème siècle, se révèle comme le décor du poème. Face à cette urbanisation, le sujet moderne devient un étranger. Il est confronté à l’aliénation de son environnement et de ses proches.[5] Dans ce contexte, nous avons vu de manière très claire comment Baudelaire met en scène le transitoire, le contingent, le fugitif au travers de l’expérience du moi lyrique et de sa rencontre fugitive avec la femme. Après avoir analysé le poème, nous pouvons comprendre un peu mieux pourquoi Charles Baudelaire est considéré comme le précurseur de la Modernité. De nos jours A une passante est aussi un des poèmes les plus connus de Charles Baudelaire et est également vu comme un cas d’école de la Modernité et de la poésie lyrique moderne en général.

Références bibliographiques

  1. https://www.etudes-litteraires.com/modernite-xix.php
  2.  https://www.etudes-litteraires.com/etudier-un-poeme.php
  3. Hartwig,Susanne; Stenzel,Hartmut: Einführung in die französische Literatur-und Kulturwissenschaften. Stuttgart: J.B Metzler, 2007, S.200
  4. Hartwig, S. 201
  5. Hartwig, S. 201

Molière

1) Biographie

Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est né à Paris le 15 janvier 1622. Ses parents étaient des marchands réputés : son père était tapissier du roi. Issu d’une famille aisée, il effectue sa scolarité dans des établissements de renom. Il fait ensuite des études de droit afin de devenir avocat, mais préfère finalement fonder sa propre troupe de théâtre (L’Illustre-Théâtre). C’est à ce moment qu’il prend le pseudonyme de Molière. A cette époque, les comédiens étaient excommuniés (ils étaient exclus de la religion catholique) et n’avaient donc pas le droit d’être enterrés. Molière fait partie du mouvement littéraire du classicisme.

2) La fondation de l’Illustre-Théâtre

Pour fonder l’Illustre-Théâtre en 1643, il s’associe à une dizaine de personnes, dont la comédienne Madeleine Béjart (célèbre comédienne française du XVIIème siècle), mais ils ne connaissent pas le succès attendu dans le grand Paris. Durant ces années d’itinérance accompagnée de difficultés financières, Molière commence à écrire ses premières comédies. Il retourne à Paris en 1658 et prend vite la tête de sa troupe. Cette troupe donne des représentations privées chez de grands seigneurs, devant la Cour. Le bon accueil fait à ses comédies (Le Médecin volantLe Docteur amoureux…), lui permet de partager la salle du Palais-Royal avec d’autres comédiens. La célébrité survient dès 1659, avec le brillant succès des Précieuses ridicules, qui permet pour la première fois à Molière d’éditer son texte. Suite à cette réussite, les créations se succèdent à un rythme soutenu. Sous la protection de Louis XIV, Molière devient très vite le fournisseur des fêtes de la Cour, associant généralement comédie, musique et ballets. Cependant, ses audaces d’auteur qui désirent « corriger les mœurs par le rire », donnent lieu à de nombreuses dissensions. En effet, on dit que Molière est le peintre de son temps, notamment de la bourgeoisie, dont il dénonce les défauts. En suivant ces thèmes, il crée une longue liste de personnages, tels qu’Harpagon, Tartuffe, Dom Juan, Sganarelle, Le Bourgeois gentilhomme, dont les noms demeurent, encore aujourd’hui, célèbres. Ses pièces continuent donc, de nos jours, d’être jouées et étudiées : des comédies à grand spectacle telles que L’École des femmes(1662), Le Bourgeois gentilhomme (1670), des comédies où il dépeint les mœurs de l’être humain, comme Le Misanthrope (1666), L’Avare (1668), des farces telles que Les Fourberies de Scapin (1671) ou bien encore des comédies satiriques comme Les Femmes savantes (1672).

3) L’École des femmes

L’École des femmes, créée en 1662, est considérée comme la première « grande comédie » de Molière. Elle est représentée un an après la farce L’École des maris avec laquelle elle est souvent comparée en raison de multiples points communs. L’intrigue est en effet similaire, mais il y a une rupture entre les deux pièces : contrairement à la farce, L’École des femmes est une comédie en cinq actes et écrite en rimes et en vers, plus précisément en alexandrins. L’alexandrin est un vers composé de douze syllabes, très utilisé à cette époque car considéré comme très noble. La comédie répond également à la règle des trois unités : l’action est unique puisqu’elle tourne autour d’Arnolphe qui veut se marier au plus vite, avec des rebondissements créés par les récits des autres personnages et a lieu en une journée, dans l’unique lieu d’une place publique de ville.[1] Inspiré par la commedia dell’arte et la farce française, Molière crée des types comiques qui se développent au fur et à mesure de ses pièces. Arnolphe, le personnage principal de L’École des femmes, incarne une version plus aboutie du personnage du cocu qui apparaît par exemple dans Sganarelle ou le cocu imaginaire (1660). Dans cette pièce, les personnages gagnent en profondeur et en complexité. Dans la réalité de l’époque, elle soulève des questions sur l’amour et le mariage, qui est avant tout encore une alliance économique et sociale.

3.1 La mise-en-scène

L’École des femmes met en scène un homme assez âgé (Arnolphe ou se faisant aussi appeler M. de La Souche pour s’anoblir) qui souhaiterait se marier mais craint trop d’être trompé. C’est pourquoi il voudrait épouser la jeune Agnès qu’il a recueillie quand elle avait quatre ans et qu’il a choisi de faire élever au sein d’un couvent et dans l’ignorance. Horace, fils d’un des amis d’Arnolphe, raconte à ce dernier qu’il est tombé amoureux d’une jeune fille qu’il a pu courtiser alors que son tuteur, M. de La Souche, était parti en voyage. Horace ignore évidemment qu’Arnolphe est aussi ce tuteur et M. de La Souche. Suite à cela, Arnolphe décide de précipiter son mariage avec Agnès le jour même. Des scènes de quiproquos et de farces rythment la pièce, le barbon hanté par le cocufiage est ridiculisé et les deux jeunes amants finissent par se marier.

Cette pièce de théâtre connait un léger échec lors de sa première représentation avant de devenir un grand succès. En revanche, elle choque donc fait également naître la polémique et crée de nombreux débats en raison du caractère libertin de certains passages. Molière répond aux critiques et se justifie avec une nouvelle comédie l’année suivante, intitulée La Critique de l’école des femmes. Il y rappelle que ses buts premiers sont toujours le rire et le divertissement et qu’ils constituent la seule règle à laquelle il obéit.

3.2 Adaptations

La pièce, représentée pour la première fois le 26 décembre 1662, a connu d’innombrables adaptations. Une des mises en scène les plus connues est celle de Jean-Paul Roussillon à la Comédie-Française en 1973, avec Isabelle Adjani, dont c’est la première apparition, très marquante, sur scène, et Pierre Dux ou Michel Aumont respectivement dans les rôles d’Agnès et d’Arnolphe (une courte vidéo ainsi que des informations sur la mise en scène sont disponibles sur le site de l’Ina, Institut national de l’audiovisuel : https://fresques.ina.fr/en-scenes/fiche-media/Scenes00276/l-ecole-des-femmes-mise-en-scene-par-jean-paul-roussillon-a-la-comedie-francaise.html.

Références bibliographiques:

  1.  https://www.20aubac.fr/francais/commentaire-5880-moliere-ecole-femmes-acte-3-scene-2-vers-675-730-r31557.html#:~:text=Texte%20%C3%A9tudi%C3%A9%20%3A,ARNOLPHE%2C%20assis.&text=Je%20puisse%20me%20louer%20de%20l’acte%20que%20je%20fais.

4) Analyse: L’École des Femmes

Extrait d’analyse: scène 2, acte III

ARNOLPHE, assis:

Agnès, pour m’écouter, laissez là votre ouvrage.

Levez un peu la tête et tournez le visage :

Là, regardez-moi là durant cet entretien,

Et jusqu’au moindre mot imprimez-le-vous bien.

Je vous épouse, Agnès ; et cent fois la journée

Vous devez bénir l’heur de votre destinée,

Contempler la bassesse où vous avez été,

Et dans le même temps admirer ma bonté,

Qui de ce vil état de pauvre villageoise

Vous fait monter au rang d’honorable bourgeoise

Et jouir de la couche et des embrassements

D’un homme qui fuyoit tous ces engagements,

Et dont à vingt partis, fort capables de plaire,

Le coeur a refusé l’honneur qu’il vous veut faire.

Vous devez toujours, dis-je, avoir devant les yeux.

Le peu que vous étiez sans ce noeud glorieux,

Afin que cet objet d’autant mieux vous instruise

A mériter l’état où je vous aurai mise,

A toujours vous connoître, et faire qu’à jamais

Je puisse me louer de l’acte que je fais.

Le mariage, Agnès, n’est pas un badinage :

A d’austères devoirs le rang de femme engage,

Et vous n’y montez pas, à ce que je prétends,

Pour être libertine et prendre du bon temps.

Votre sexe n’est là que pour la dépendance :

Du côté de la barbe est la toute-puissance.

Bien qu’on soit deux moitiés de la société,

Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité :

L’une est moitié suprême et l’autre subalterne ;

L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ;

Et ce que le soldat, dans sons devoir instruit,

Montre d’obéissance au chef qui le conduit,

Le valet à son maître, un enfant à son père,

A son supérieur le moindre petit Frère,

N’approche point encor de la docilité,

Et de l’obéissance, et de l’humilité,

Et du profond respect où la femme doit être

Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

Lorsqu’il jette sur elle un regard sérieux,

Son devoir aussitôt est de baisser les yeux,

Et de n’oser jamais le regarder en face

Que quand d’un doux regard il lui veut faire grâce.

C’est ce qu’entendent mal les femmes d’aujourd’hui ;

Mais ne vous gâtez pas sur l’exemple d’autrui.

Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines

Dont par toute la ville on chante les fredaines,

Et de vous laisser prendre aux assauts du malin,

C’est-à-dire d’ouïr aucun jeune blondin.

Songez qu’en vous faisant moitié de ma personne,

C’est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne ;

Que cet honneur est tendre et se blesse de peu ;

Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu ;

Et qu’il est aux enfers des chaudières bouillantes

Où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes.

Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons ;

Et vous devez du coeur dévorer ces leçons.

Molière, L'école des femmes, scène 2, acte III.

Analyse

Représentée pour la première fois en 1662, la pièce de théâtre L’Écolde des femmes de Molière a autant connu le succès qu’elle a suscité de polémiques. En effet, quelques scènes ont été rapidement considérées comme choquantes et immorales. Louis XIV exerçait la monarchie absolue à cette époque : les droits des femmes étaient alors très restreints et elles étaient avant tout circonscrites à leur rôle d’épouse. Nous allons nous intéresser particulièrement à la scène 2 de l’acte III. Par le biais d’Horace, Arnolphe vient d’apprendre que celui-ci a réussi à séduire Agnès. Il lui annonce donc au début de l’Acte III, qu’il est lui-même son futur époux. Suite à son échec, Arnolphe reste dans le déni et continue à s’obstiner en imposant de plus en plus de limites à Agnès, il décide même à cette dernière d’interdire de revoir Horace. Nous allons démontrer en quoi cette scène reflète la réalité sociale du mariage à laquelle les femmes étaient confrontées à l’époque de Molière.

Tout d’abord, la scène 2 de l’acte III de L’École des femmes dépeint Arnolphe comme un tyran obsédé par Agnès, essayant par tous les moyens d’empêcher que cette dernière ne lui échappe. En effet, dans les deux premiers actes, Arnolphe s’était déjà montré amoral en désirant mettre Agnès, une jeune fille, dans son lit. Prêt à toutes les ruses pour écarter son concurrent, il vit avec la crainte du cocuage. Dans cette scène, Arnolphe affiche la supériorité qu’il ressent envers Agnès, tel qu’en atteste le ton solennel qu’il emprunte au début de son monologue, comme lorsqu’il lui dit « bénir l’heure de votre destinée », se dépeignant donc comme un dieu qui se résignerait à épouser une simple mortelle. Il tente dès lors de la persuader qu’elle est chanceuse qu’il daigne s’attacher à elle. Arnolphe rabaisse complètement Agnès avec un discours péjoratif « le peu que vous étiez », « pauvre villageoise ». Cette scène dévoile également son égoïsme, il ne pense qu’à épouser Agnès dans le seul but qu’elle l’« admire », qu’elle réalise « l’honneur qu’il veut lui faire », en lui montrant donc à quel point il lui fait une faveur. Il ne pense en effet, pas un seul instant aux sentiments de la jeune fille. A travers cette vision du mariage, Arnolphe ne laisse aucune place à l’amour sincère, contrairement au personnage d’Agnès, pure et innocente.

Dans le même temps, Arnolphe s’attelle à une violente critique des femmes. Selon lui, il n’existe aucune confiance entre le mari et la femme, car la femme est, par nature, un être qui ne pense qu’à « être immature et prendre un agréable temps ». Le terme « mariage » est associé à « d’austères devoirs ». En effet, le mariage est selon Arnolphe, une union destinée à éviter l’humiliation du cocufiage et à satisfaire les exigences de son amour-propre. Cet engagement n’est donc qu’un ensemble d’obligations pour la femme, son discours visant à rabaisser la femme à l’état d’esclave. Encore une fois, ses dires sont absurdes : en quoi la « barbe » serait-elle une indication de domination ? Il tente également d’appuyer son raisonnement avec une approche plus scientifique : « Ces deux moitiés malgré tout n’ont point d’égalité ». Arnolphe explique donc que le mari est tout-puissant pour la femme : il est « son époux, son patron, son châtelain et son maître ». Ensuite, la lecture les maximes qu’il fait lire à Agnès sont non seulement représentatives de sa vision des choses, mais également de la réalité de sociale du XVIIème siècle. C’est notamment une des raisons pour laquelle L’École des femmes a fait polémique à cette époque ce moment-là : certains y voyaient une critique de la société et une atteinte à la morale. La lecture des onze maximes a ainsi soulevé de nombreuses critiques dans une société très religieuse : elle avait été en effet considérée comme une parodie des Dix Commandements, paroles que Dieu aurait transmises à Moïse d’après l’Ancien Testament. Par ailleurs, Molière s’est pour sa part toujours défendu en expliquant qu’il voulait avant tout divertir son public.

Cette scène reflète parfaitement la mentalité du XVIIème siècle : la femme mariée est complètement soumise à son époux, elle en est dépendante en tout point. Molière se fait donc, dans une certaine mesure, défenseur des droits des femmes, et de l’égalité des sexes en attaquant cette réalité sociale. Cette scène, tout comme l’œuvre dans son intégralité, ont donc suscité de nombreux débats, et polémiques. C’était donc un auteur très moderne, car malheureusement, ce combat est toujours d’actualité au XXIème siècle, bien que nous notions tout de même de nombreux progrès.

Références bibliographiques:

Molière, L’École des femmes – Acte III, scène 2, vers 675-730.

 

Jean de la Fontaine

Biographie

L’écrivain français Jean de La Fontaine naît le 8 juillet 1621 à Château-Thierry dans une famille bourgeoise. À l’école, il se passionne pour la lecture d’œuvres antiques et il termine sa scolarité à Paris en 1636. Cinq ans plus tard, La Fontaine commence à étudier la théologie, mais quitte l’Oratoire après seulement 18 mois. À partir de 1645, il étudie le droit à Paris et épouse une jeune fille de quatorze ans à Château-Thierry en 1647 – Marie Héricart. Il s’installe alors définitivement à Paris et entre en contact avec le cercle littéraire : « Les chevaliers de la table ronde ». De la Fontaine entre au service du Surintendant Fouquet et écrit sa deuxième œuvre, un roman mythologique Adonis en 1658, qu’il dédie au ministre des Finances français Nicolas Fouquet. Celui-ci tombe en disgrâce auprès du Roi Louis XIV et est arrêté pour malversations.

Jean de La Fontaine se réfugie alors à Limoges et intensifie son activité littéraire. Au service de la duchesse d’Orléans (1664-1672), l’écrivain est hébergé à Paris au Palais du Luxembourg. Il enregistre un éclatant succès avec ses Contes et Nouvelles (1665). Ensuite, il publie aussi le premier recueil de son œuvre majeure, les Fables. Les fables sont publiées en 1668 sous le titre Fables choisies et mises en vers.

En 1674, l’écrivain se rend compte de la censure qui s’intensifie : une sélection des Nouveaux Contes qui vient d’être publiée est interdite. Mais le succès revient grâce à la publication d’une nouvelle édition des Fables choisies en 1678-1679. Malgré la disgrâce du Roi Louis XIV, l’écrivain est élu à l’Académie française en 1648. De la Fontaine a également mis en scène la pièce Le Rendez-Vous pour la Comédie-Française, qui sans grande réussite n’est jouée que quatre fois. Le 12 février 1693, il renie les Contes devant une délégation de l’Académie. La même année, il tombe gravement malade et se tourne dès lors vers la religion. Jean de La Fontaine meurt le 13 avril 1695.

L‘ œuvre de La Fontaine

Grâce à ses Contes et à ses Fables, Jean de la Fontaine est devenu un des poètes français les plus connus du Grand siècle. Il fait réfléchir aux rapports de pouvoir et à la nature humaine dans ses fables, un genre avant lui plutôt mineur. En raison du maniement excellent des vers et de leur visée morale « les Fables de la Fontaine », souvent plus complexes qu’il n’y paraît à la première lecture, constituent l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française. Son oeuvre est toujours reconnue de nos jours et 232 lycées et collèges portent son nom. Si la période classique française, l’une des plus importantes de la littérature française, était principalement caractérisée par les trois dramaturges Pierre Corneille, Molière et Jean Racine, la poésie jouait un rôle plutôt subalterne à l’époque de Louis XIV : elle était inadaptée à la représentation des règles et l’avancée du rationalisme empêchait le développement du sentiment subjectif. C’est la raison pour laquelle la poésie de la seconde moitié du siècle a tenté d’utiliser des formes non-lyriques : le récit en vers et la fable chez Jean de la Fontaine.

À partir de 1663 paraissent les Contes et nouvelles en vers de La Fontaine. Dans ces 70 récits et nouvelles, il traite des thèmes de la littérature érotique de manière piquante et frivole. Il parvient même à dépeindre des scènes osées de manière plaisante grâce à sa capacité à dissimuler les messages. Néanmoins, il est plutôt critique à l’égard de la cour et de la politique officielle. Cette attitude est également perceptible dans ces 245 fables écrites entre 1664 et 1694.

Ses fables ne sont pas que des lectures pour enfants, mais la vision politique des événements qu’elles contiennent explique l’explosivité contemporaine des fables. Celles-ci sont établies en tant que genre de salon, permettant à La Fontaine de transmettre ses propres idées par des animaux.

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Références bibliographiques :

Grimm, Jürgen/Hartwig, Susanne:(Hrsg.) Französische Literaturgeschichte. 6. Auflage. Stuttgart: J.B. Metzler, 2014, S.181-183.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jean_de_La_Fontaine/128410 (–> 17.06.2021)

https://www.etudes-litteraires.com/la-fontaine-biographie.php (–> 17.06.2021)

https://www.britannica.com/biography/Jean-de-La-Fontaine (–> 17.06.2021)

Voltaire

Conflits avec la monarchie et l’exil

En 1715, l’année du décès de Louis XIV, une satire écrite et publiée sur le roi mort est attribuée par erreur à Voltaire. Comme il est déjà connu pour ses satires, il ne peut pas réfuter l’accusation, ce qui l’amène à entrer en conflit avec la monarchie pour la première fois. Ces différences conduisent le jeune Voltaire à être emprisonné à la Bastille pendant près d’un an. En 1726, une fois de plus, Voltaire est placé en détention. Mais cette peine d’emprisonnement est rapidement transformée en un séjour d’exil. C’est pour cela que l´écrivain vit en Angleterre de 1726 à 1729.

 

 

 

Biographie

Fils d’un notaire né le 21 novembre 1694 à Paris, Voltaire est un écrivain, poète, dramaturge, historien et philosophe français. François Marie Arouet, de son vrai nom, est aussi un grand humaniste qui s’est battu toute sa vie pour la liberté d’opinion et contre le fanatisme religieux. Grâce à ses talents artistiques et à son humour spirituel, il est très apprécié et acquiert une grande popularité dans la société. Voltaire est considéré comme l‘un des auteurs les plus importants du siècle des Lumières. Dans son œuvre littéraire, il s’engage pour les idées des Lumières et s’oppose aux monarchistes et à l’institution de l’église. Par conséquence, plusieurs publications de Voltaire ont été censurées par le roi.

par Linus J., Markus K. et Penelope D.

Son œuvre littéraire

Les années autour de 1755 forment l’apogée de son œuvre littéraire. Au cours de cette période, Voltaire écrit de nombreuses œuvres significatives. En même temps, il s’engage dans plusieurs entreprises humanistes. Le poète se prononce en faveur de l’abolition du servage et fonde plusieurs écoles. L’œuvre littéraire étendue de Voltaire contient des textes dramatiques dont notamment la tragédie Zaïre (1732) qui a connu un grand succès. Pourtant, les pièces de théâtre de Voltaire sont presque oubliées aujourd’hui. Son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations de 1756 a eu un grand impact sur les études historiques en son temps. Aujourd’hui, il est néanmoins plus connu pour ses contes et lettres philosophiques, notamment Zadig (1748), Candide ou l’optimisme (1759) ou L’ingénu (1767). Ils sont tous écrits dans un style ironique et traitent de thèmes qui n’ont pas perdu de leur pertinence. Même si Voltaire ne les écrivait que pour le plaisir, on y perçoit son engagement politique et sa bataille contre l’injustice, ce qui en fait un symbole de l’époque des Lumières. Mort le 30 mai 1778 à Paris, Voltaire est considéré l’un des plus grands penseurs de son temps qui jouit encore aujourd’hui d’une grande popularité.

 

Références bibliographiques:

https://www.espacefrancais.com/voltaire/ (-> 19.02.2021)

https://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/2976-la-biographie-de-voltaire-1694-1778.html (-> 19.02.2021)

https://www.etudes-litteraires.com/voltaire.php (-> 19.02.2021)

https://www.britannica.com/biography/Voltaire (-> 19.02.2021)

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/François_Marie_Arouet_dit_Voltaire/149270 (-> 19.02.2021)