En raison de la guerre civile, Wajdi Mouawad a d’abord fui le Liban vers la France, puis a émigré avec sa famille au Canada. Cela fait de lui un écrivain issu de l’immigration. Il a dû fuir son pays natal et se déplacer au-delà des frontières nationales. Une telle biographie est caractéristique des auteurs de la littérature de l’exil. Contrairement aux grands écrivains du passé comme James Joyce, Paul Celan ou Franz Kafka, qui eux aussi ont dû abandonner leur pays d’origine à cause de la persécution religieuse ou politique ou pour d’autres raisons, la littérature de l’exil fait de la question de l’origine, des problématiques identitaires, du plurilinguisme et du traumatisme de l’exil et de la migration ses objets principaux. En Allemagne et dans le monde anglophone, ce mouvement littéraire s’est développé plus tôt qu’en France où il est moins bien défini et où l’on parle aussi de littératur de migration, de littérature interculturelle ou immigrée. On fait même au sein de ces catégories des différence entre les différents lieux de migration, selon que l’on traite de littérature québécoise, antillaise, africaine ou maghrébine.
Laurent Mauvignier, né à Tours en 1967, est un écrivain français qui occupe une place importante au sein de la littérature française contemporaine. Il étudie les beaux-arts à l’École des Beaux-Arts de Tours, dont il obtient le diplôme en 1991. En 1999, il publie son premier roman Loin d’eux aux Éditions de Minuit puis un deuxième roman Apprendre à finir. Les deux livres connaissent un grand succès. Depuis 1999, il a publié plusieurs autres livres aux Éditions de Minuit. Le grand succès qu’il connaît se reflète dans les nombreux prix qu’il remporte comme le Prix Fénéon, le Prix des libraires, le Grand prix de littérature de la SGDL et bien d’autres encore. De 2008 à 2009, Mauvignier a été pensionnaire de la Villa Médicis à Rome et actuellement, il vit à Toulouse.
Son œuvre intitulée « Des hommes illustre le courant du postmodernisme, qui à partir de 1989, joue avec les vieilles traditions. Ce courant est caractérisé par une grande intertextualité. C’est-à-dire qu’il y a de nombreuses références à des événements historiques, comme par exemple la guerre d’Algérie. Il est fréquent qu’il n’y ait pas de personnage principal héroïque ou sympathique. Le lecteur ne peut donc pas s’identifier facilement avec le protagoniste, qui est souvent un paria social. Ces caractéristiques négatives sont immuables et une évolution positive est catégoriquement exclue. Ce qui est frappant dans le récit de « Des hommes », c’est qu’il n’y a pas qu’un seul fil conducteur. Le récit ne se déroule pas de manière linéaire dans le temps ou dans l’espace. Au lieu de cela, les parties sont racontées encore et encore, il y a des sauts dans le temps, une dilatation de celui-ci, ainsi que de fréquents changements de perspective narrative avec un narrateur peu fiable.
3) L’œuvre
Depuis son premier roman, Laurent Mauvignier raconte des histoires qui sont rapportés par des personnages ordinaires qui parlent d’événements auxquels ils sont confrontés dans leur vie. Ses premiers romans n’excédant pas le cercle familial ont toujours trait à un traumatisme personnel. Ses récits ultérieurs toutefois traitent des traumatismes collectifs qui sont pourtant aussi abordé sous un angle personnel. Il y a des sujets, des époques, des histoires qui sont souvent étouffés, des moments qu’il ne faut pas raconter et dont on se souvient seul et en silence. Pour une génération de Français, la guerre d’Algérie est indéniablement une de ces périodes troublées qui touchent l’individu et que le collectif a longtemps refusé d’aborder. Or, c’est précisément ce thème que Laurent Mauvignier reprend dans son roman Des hommes (2009). C’est un roman qui relate comment la guerre ne se termine jamais pour ceux qui l’ont faite.
Références bibliographiques:
Bertrand, Michel/Alberto Bramati (2018). Écrire le contemporain – Sur l‘œuvre de Laurent Mauvignier. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence.
Die Literatur der Postmoderne – Merkmale der Epoche (studienkreis.de)
Yasmina Reza est une écrivaine, scénariste et dramaturge française. Elle naît à Paris le premier mai 1959 et grandit dans un milieu bourgeois juif cosmopolite. Fille d’un ingénieur russo-iranien et d’une violoniste hongroise, qui sont tous les deux réfugiés du national-socialisme, elle a des racines internationales. Pendant son enfance, son histoire de famille turbulente la distingue beaucoup de ses camarades, mais elle voit cela comme privilège. Elle insiste sur le fait que la majeure partie de son travail est autobiographique. Reza se décrit comme une enfant assez solitaire et isolée. A l’âge de huit ans, elle écrit son premier poème, La Mort et la Vie. Guidée par sa passion pour le théâtre et l’écriture, elle s’inscrit en 1984 au cours Jacques Lecoq après avoir obtenu une licence de sociologie et un diplôme d’études théâtrales à l’université de Nanterre. Au cours de son parcours professionnel, Reza travaille non seulement comme écrivaine, mais aussi comme comédienne, actrice de théâtre et de cinéma et comme scénariste et dramaturge.
2) Ses œuvres
Sa première pièce de théâtre Conversations après un enterrement lui vaut déjà le Molière du meilleur auteur en 1987. Au cours de sa carrière, elle écrit de nombreuses pièces de théâtre dont Art, publiée en 1994, est la plus connue et prestigieuse. Sa pièce Le Dieu du carnage (2006) a même été portée à l’écran en 2011. De plus, elle écrit plusieurs romans, comme par exemple Heureux les Heureux (2013) et Babylone (2016), pour lequel elle reçoit le Prix Renaudot 2016. Elle est auteure de nombreux autres récits, essais et scripts. Ses œuvres traitent principalement de thèmes autobiographiques. Elle est inspirée par ses propres expériences et observations des relations humaines quotidiennes. Ses œuvres contiennent des thèmes assez sérieux et graves, mais Reza les présente de manière très comique et ironique. Ses pièces de théâtre notamment sont dominées par le non-dit et un style elliptique, ce qui permet aux spectateurs/lecteurs et aux acteurs une grande liberté d’imagination et d’interprétation.
2.1 Réception
Peut-être est-ce cette façon de traiter de sujets profonds qui attire une variété de spectateurs et rend Yasmina Reza la dramaturge française contemporaine la plus jouée dans le monde. Ses œuvres sont traduites dans plus de trente langues et sa pièce de théâtre la plus connue, Art, était jouée dans cinquante-sept pays.
Née le 30 juin 1936 en Algérie et morte le 7 février à Paris en 2015, Assia Djebar fait partie des écrivaines francophones et maghrébines les plus renommées. Elle est non seulement écrivaine de romans, essais et nouvelles mais aussi cinéaste, dramaturge, professeure et historienne.
Assia Djebar, dont le vrai nom est Fatima-Zohra Imalayène naît à Cherchell en Algérie. Elle va à l’école française, d’abord en Algérie et plus tard au lycée à Paris. Très bonne élève, elle devient la première femme algérienne et la première musulmane à entrer à « l’École normale supérieure », une institution française prestigieuse. En 1955 elle y commence ses études d’histoire. Très marquée par la Guerre d’Algérie, elle décide de suivre les consignes de grève de l’Union générale des Étudiants musulmans algériens (UGEMA) et ne passe pas ses examens. Elle sera exclue de l’École. Malgré ou grâce à ces incidents elle écrit son premier roman « La Soif » en 1957 à l’âge de 20 ans, puis son deuxième « Les Impatients » l’année suivante. C’est alors qu’elle choisit le pseudonyme Assia Djebar. Assia signifie consolation, Djebar l’intransigeance.
2) Ses œuvres et ses langues
De nombreux ouvrages suivent, tels que « Les enfants du nouveau monde », « Femmes d’Alger dans leur appartement » ou « Le blanc d’Algérie ». Ses livres traitent à plusieurs reprises des tentatives d’émancipation des jeunes femmes arabes. Ils racontent des pensées et des désirs, de la réalité de la vie algérienne, ce que personne d’autre n’osait dire. Avec ses livres, Assia Djebar réussit à rompre le silence éternel des femmes arabes en les racontant et en insistant sur le désir de liberté.. En abordant ces thèmes Assia Djebar se distingue du regard des écrivains à son époque et devient un symbole de la nouvelle génération d’écrivains algériens. Pourtant, elle est aussi une femme controversée – si elle représente une auteure fabuleuse qui parle des minorités et de l’oppression, on lui reproche également de rejeter les traditions et ainsi ses origines. Dans ce contexte, il existe chez elle aussi un déchirement intérieur vis-à-vis de ses langues : sa langue maternelle, le berbère et le français. Le français est à la fois sa langue intellectuelle et la langue de « l’oppresseur colonialiste ». C’est d’ailleurs ce qu’on lui a toujours est reproché : d’être une écrivaine solidaire avec les femmes algériennes, mais en même temps d’être une femme privilégiée utilisant la langue du colonialiste. Néanmoins, Assia Djebar compte au nombre des pionnières féminines au Maghreb. En 2000 elle reçoit le « Prix de la paix des libraires allemands » et plusieurs nominations pour le prix Nobel de littérature. De plus, en 2005, Assia Djebar est élue à l’Académie française, une institution de littérature française de grande renommée.
Le rôle de la langue française dans la littérature maghrébine
La langue française a pris sa place en Algérie à partir de 1830, avec le début de la colonisation française. À partir de 1920, la littérature maghrébine a commencé à prendre de l’importance en Europe. Le thème principal y est la liberté, d’abord dans le contexte de la colonisation, puis, depuis l’indépendance acquise par la guerre d’Algérie (1954 – 1962), de plus en plus la liberté de l’individu. Le style d’écriture qui caractérise la littérature maghrébine est un réalisme traditionnel et minimaliste. Les écrivaines maghrébines, elles aussi, font entendre leurs voix par leurs écrits.