Virginie Despentes, née le 13.06.1969, est une des auteures actuelles les plus connues en France. Sa carrière a commencé déjà en 1994, mais son grand succès est particulièrement dû à sa nouvelle trilogie Vernon Subutex, dont le premier tome est paru en 2015. Qui est donc cette auteure et pourquoi ces œuvres sont-elles si intéressantes ?
Virginie Despentes entre dans l’histoire littéraire en 1994 avec son premier roman intitulé vulgairement Baise-moi, paru initialement chez Florent Massot. Le roman illustre l’histoire brutale des deux Parisiennes désinhibées qui se retrouvent après quelques années difficiles et partent ensemble dans un tour de la France pour se venger des hommes qui leur avaient fait mal dans le passé. Comme l’on peut prévoir, la fin n’est pas heureuse.
Vengeance, violence, sexualité explicite, rébellion, punk – tous ces termes décrivent le style de Virginie Despentes dans les années ’90. Elle écrit surtout des romans fictifs, mais beaucoup d’éléments narratifs sont inspirés par des séquences de sa propre vie difficile. En dépit de son début littéraire turbulent, elle garde un style d’écriture très dure, mais qui change sans cesse, en écho aux conditions sociales actuelles des femmes. Ses romans Les Chiennes Savantes (1996), Les Jolies Choses (1998), Teen Spirit (2002), Trois étoiles (2002 avec Nora Hamdi), Bye Bye Blondie (2004), Apocalypse Bébé (2010) et finalement la trilogie Vernon Subutex (2015; 2017) sont souvent vus comme dérangeants par un grand nombre de critiques littéraires, mais peu à peu, le groupe de ses lectrices et lecteurs s’agrandit et le monde littéraire de renom commence à reconnaître son travail. Les œuvres Les Jolies Choses, Apocalypse Bébé et Vernon Subutex reçoivent ainsi plusieurs prix. La question de savoir si cette notoriété qui augmente est due à un changement de style ou à l’acceptance plus grande du public envers un monde fictif dur et violent reste une discussion très intéressante.
Dans ses livres, on retrouve des évènements inspirés de la vie réelle de l’auteure. Un des évènements marquants de sa jeunesse est le viol qu’elle a subi à l’âge de 17 ans. À part ces romans fictifs et ses nouvelles, elle a écrit deux essais dont un, King Kong Théorie (2006), révèle le rapport entre sa vie tumultueuse et sa théorie féministe. Elle est vue comme féministe radicale, mais elle-même ne s’est pas classée dans aucun courant spécifique. Ce qui peut être défini avec certitude est son appartenance à la troisième vague féministe, entre autres grâce à sa position pro-prostitution (cf. Despentes, King Kong Théorie, p. 83). Elle explique dans cet essai entre autres son hypothèse, reprise d’autres théories féministes égalitaires comme celle de Christine Delphy, qu’il n’y a pas de véritables différences entre les deux sexes biologiques, les « différences » ne demeurant alors que des prescriptions sociales.
Dans la plupart de ses oeuvres, l’auteure écrit ses romans d’un point de vue féminin, ce qui souligne la particularité de la trilogie Vernon Subutex : le personnage principal est un homme. Vernon Subutex, un disquaire parisien couronné de succès dans les années 1980, mais ayant fait en faillite et étant resté seul au moment de l’histoire, vit des aventures décrites de façon typique pour l’auteure. Les évènements sont pleins de suspense, les descriptions du monde où il vit cruelles, et les personnages une critique radicale de la société contemporaine. Par conséquent, cette nouvelle trilogie marque le début d’une nouvelle ère, mais exprime aussi les convictions que le public connaît déjà chez Virginie Despentes.